Washington mène une politique étrangère « à la mode texane », estime Josselin(PHOTO)

Le ministre français de la Coopération Charles Josselin estime que les États-Unis mènent une politique étrangère «à la mode texane», dans une interview publiée hier par le quotidien Asharq al-Awsat. Commentant l’irritation américaine après des déclarations du ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, M. Josselin a affirmé qu’elle était due au fait que le chef de la diplomatie française avait «mis le doigt sur la plaie». Il a ajouté que le risque existait de voir Washington justifier «l’usage de tous les excès et l’usage de la force par son droit à exercer une légitime défense», après les attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis. «C’est une diplomatie à la mode texane. La France estime que c’est la logique du droit et non celle de la force qui doit régir les relations internationales», a dit M. Josselin. Les États-Unis ont exprimé vendredi leur irritation à l’ambassadeur de France à Washington après les déclarations de M. Védrine qui a critiqué le «simplisme» de la politique étrangère américaine. Un responsable du département d’État a indiqué que Washington «n’était pas content de ses commentaires». Le secrétaire d’État Colin Powell a soutenu que son homologue français «avait des vapeurs». «Nous comprenons la colère des États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre, mais les dirigeants américains se doivent de la maîtriser et ne pas la laisser guider» leur politique étrangère, a poursuivi M. Josselin. Selon lui, les États-Unis doivent renforcer leurs consultations avec leurs partenaires et ne pas chercher à isoler un certain nombre de pays, dans une allusion à la désignation par le président George W. Bush de l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord comme formant «l’axe du mal». M. Josselin a dans ce contexte mis en garde contre une action militaire américaine contre l’Irak. «Les contacts avec les dirigeants du Golfe ont montré qu’ils s’inquiétaient d’une déstabilisation de cette région», a-t-il dit. «Ces inquiétudes nous poussent à chercher des solutions autres que militaires en Irak», a-t-il dit, appelant Bagdad «à accepter le retour des inspecteurs (en désarmement) de l’Onu afin d’éviter une nouvelle guerre».