Actualités - CHRONOLOGIE
TPI - L’ex-président confronté pour la première fois à une victime du Kosovo Milosevic marque un point avec le rejet d’un témoin de l’accusation
le 21 février 2002 à 00h00
Slobodan Milosevic a marqué un point hier dans son procès devant le Tribunal pénal international (TPI) avec le rejet par les juges du deuxième témoin que souhaitait convoquer l’accusation. Les juges ont estimé que Kevin Curtis, un membre du bureau du procureur qui avait dirigé l’équipe d’enquêteurs du TPI au Kosovo, ne ferait que «répéter les accusations» du procureur Carla Del Ponte et de ses substituts, acceptant ainsi une des objections soulevées par M. Milosevic. M. Curtis devait en principe déposer hier pour résumer de manière générale les témoignages recueillis auprès de nombreuses victimes du conflit au Kosovo (1998-1999). Hier, M. Milosevic a également été confronté pour la première fois à une victime du Kosovo. Village brûlé, famille décimée, corps encore meurtri : la première des victimes du conflit au Kosovo venue témoigner au procès de Slobodan Milosevic a raconté son calvaire après l’entrée des forces serbes dans son village, le 25 mars 1999. Il est un peu plus de 13h30 GMT dans la salle du Tribunal pénal international (TPI), où Slobodan Milosevic comparaît depuis le 12 février pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Agim Zeqiri, un fermier de quarante-neuf ans au visage buriné, vient s’asseoir sur la chaise réservée aux témoins, à quelques mètres de l’ancien homme fort de Belgrade qui reste plongé dans ses documents. M. Zeqiri, un Albanais du Kosovo originaire du village de Celina (sud du Kosovo), regarde le banc de l’accusation, tournant le dos à l’ancien président. Il ne regardera pas M. Milosevic de toute l’audience, même quand celui-ci entamera un contre-interrogatoire serré. À peine lui lancera-t-il un bref regard une fois l’audience levée avant que M. Milosevic ne disparaisse entouré des gardiens de l’Onu. D’une voix calme, M. Zeqiri raconte l’entrée de l’armée et de la police serbes dans son village, au lendemain des premiers bombardements de l’Otan. «Ils ont commencé à brûler tous les alentours (...), nous avons fui avec ma famille et une famille de gitans», se rappelle-t-il. Très vite, les hommes décident de se séparer des femmes et des enfants pour leur faire courir moins de risques. Agim, resté seul avec un de ses voisins gitans, voit son compagnon tué d’une balle. Après avoir rejoint ses cousins, il finit par trouver refuge dans la montagne avec un groupe de 5 à 6 000 Albanais terrorisés. Mais les forces serbes les entourent bientôt et ils doivent se rendre. Les hommes, dont Agim, sont séparés des femmes et forcés de s’allonger au sol. Agim est violemment frappé à la tête par un des policiers serbes. Puis commence une longue marché forcée, sous la menace des armes des forces serbes. Agim et ses compagnons passent à travers des villages en flammes, sont forcés de lever les trois doigts, signe de victoire serbe. À un des arrêts, un jeune homme de son village est pris à part par un soldat qui lui coupe une oreille à la scie. Un peu plus loin, les hommes sont embarqués de force dans un camion qui les conduit à quelques kilomètres de la frontière albanaise. Une fois en Albanie, Agim sera longuement hospitalisé. «Ils (les policiers serbes) m’ont battu au foie et à la taille, ils ont fait de moi un invalide», souligne-t-il d’une voix calme. La famille d’Agim n’a pas eu, elle, la chance de survivre. Sur dix-huit personnes, âgées de 62 ans à un an, ne restent en vie que lui et le neveu de son oncle. Sa famille directe, sa femme, ses quatre filles et son fils ont été tués. Sur le banc des accusés, Slobodan Milosevic prend consciencieusement des notes pour son contre-interrogatoire, le visage impassible. L’ancien président, après avoir marqué un point hier avec le rejet par les juges d’un des témoins de l’accusation, paraît très déterminé. Dès qu’arrive son tour de parole, il presse de questions le témoin sur la présence de l’Armée de libération du Kosovo : ont-ils commencé à tirer lors de la prise du village ou est-ce l’armée ? «Non, ils n’ont pas tiré. C’est l’armée serbe qui a commencé», répond-il calmement. M. Milosevic, qui doit notamment répondre de l’expulsion de 800 000 Albanais du Kosovo et du meurtre d’au moins 900 d’entre eux, devrait continuer son contre-interrogatoire aujourd’hui.
Slobodan Milosevic a marqué un point hier dans son procès devant le Tribunal pénal international (TPI) avec le rejet par les juges du deuxième témoin que souhaitait convoquer l’accusation. Les juges ont estimé que Kevin Curtis, un membre du bureau du procureur qui avait dirigé l’équipe d’enquêteurs du TPI au Kosovo, ne ferait que «répéter les accusations» du procureur Carla Del...
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