Actualités - CHRONOLOGIE
L’« initiative » de paix de Abdallah séduit presque tous azimuts
le 21 février 2002 à 00h00
Plusieurs pays arabes, dont l’Égypte, se sont félicités hier de l’offre de paix officieusement lancée cette semaine par le prince héritier saoudien Abdallah, de même que, dans une mesure moindre, les États-Unis et Israël, qui y décèlent quand même un signe «positif». Le prince a dit envisager un appel à «un retrait complet de tous les territoires occupés, dont Jérusalem, conformément aux résolutions de l’Onu, en échange d’une normalisation complète des relations» entre Israël et le monde arabe, qu’il espère «mobiliser» tout entier derrière cette offre. Abdallah, qui règne de facto sur l’influente pétromonarchie wahhabite en raison de la santé précaire de son frère, le roi Fahd, a confié au New York Times avoir renoncé à lancer cet appel lors du sommet arabe de Beyrouth, le mois prochain, en raison de l’escalade militaire israélienne dans les territoires occupés. Mais, prié de dire s’il reviendrait sur sa décision en cas de cessez-le-feu avant le sommet, il a répondu : «Laissez-moi simplement vous dire que le discours est rédigé et qu’il est toujours dans mon tiroir». Ce projet a été aussitôt présenté par les Palestiniens comme «l’offre la plus importante faite par le monde arabe depuis des décennies». Ils ont affirmé qu’elle marquait «une évolution très sensible, qui devrait être prise en compte très sérieusement par les États-Unis et Israël». Le porte-parole du gouvernement israélien d’Ariel Sharon a déclaré que celui-ci «se féliciterait» que Ryad «l’approche directement, au lieu de chercher à marquer des points auprès des États-Unis». Ceux-ci ont estimé que l’initiative de Ryad était positive «si l’Arabie est désireuse de tendre la main à Israël pour parler de paix et de normalisation des relations», mais ils jugent «négociable» la contrepartie impliquant le retrait total des territoires occupés depuis 1967. Au Caire, le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Maher s’est, lui aussi, félicité de la proposition de Ryad, tout en la replaçant dans le cadre d’efforts de longue haleine du royaume. «Le problème fondamental au Proche-Orient c’est l’occupation illégale de territoires arabes. Leur évacuation signifiera la fin du problème», a-t-il souligné. Son prédécesseur et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, lui a fait écho : «Avec l’établissement d’un vrai État palestinien, le retrait israélien du territoire syrien et de ce qui reste de territoires libanais occupés (la zone des fermes de Chébaa), le problème entre les Arabes et Israël sera réglé». Les Émirats arabes unis et Bahreïn, partenaire de l’Arabie au sein du Conseil de coopération du Golfe, ont également approuvé les propositions du prince Abdallah, estimant qu’elles confirmaient le sérieux des Arabes dans leur recherche de la paix. L’offre saoudienne avait déjà été mardi favorablement accueillie par Paris. «En Israël, Shimon Peres ne dit pas autre chose. Ses idées visent également à dépasser l’approche strictement sécuritaire et à restaurer un horizon politique», a estimé le Quai d’Orsay, critiquant implicitement la position de Sharon et de son allié américain. Peres a qualifié la proposition saoudienne «d’intéressante et positive». «L’Arabie saoudite a jeté la balle dans le camp d’Israël et des États-Unis», a estimé Mohammed Soubeih, ambassadeur de Palestine auprès de la Ligue arabe. «Si vous voulez vraiment la paix, comme vous le dites, ne faites plus pression sur les Arabes, commencez à démarcher vos amis». Le «ballon d’essai» d’Abdallah, selon les propres termes d’un responsable saoudien, a bien pour objet de faire bouger les États-Unis, confirme-t-on à Ryad. «C’est une proposition de paix concrète des Arabes à un moment où il n’y en a pas d’autre. Elle affirme clairement ce que nous voulons et ce que nous donnerons en échange». Selon un diplomate américain, les États-Unis n’ont pas voulu reprendre à leur compte l’appel à un retrait de la totalité des territoires occupés, mais «ils savent très bien que les Arabes ne pactiseront pas à moins». «L’Arabie saoudite le leur a rappelé», est-il convenu.
Plusieurs pays arabes, dont l’Égypte, se sont félicités hier de l’offre de paix officieusement lancée cette semaine par le prince héritier saoudien Abdallah, de même que, dans une mesure moindre, les États-Unis et Israël, qui y décèlent quand même un signe «positif». Le prince a dit envisager un appel à «un retrait complet de tous les territoires occupés, dont Jérusalem, conformément aux résolutions de l’Onu, en échange d’une normalisation complète des relations» entre Israël et le monde arabe, qu’il espère «mobiliser» tout entier derrière cette offre. Abdallah, qui règne de facto sur l’influente pétromonarchie wahhabite en raison de la santé précaire de son frère, le roi Fahd, a confié au New York Times avoir renoncé à lancer cet appel lors du sommet arabe de Beyrouth, le mois prochain, en...