Actualités - CHRONOLOGIE
Chirac met en garde contre « une situation de guerre », Védrine souhaite un changement de la politique israélienne
le 25 février 2002 à 00h00
Le président français Jacques Chirac a estimé samedi que la situation au Proche-Orient est «proche d’une situation de guerre» et a appelé à la restauration d’une «perspective politique», a rapporté la porte-parole de la présidence Catherine Colonna. Le chef d’État français a fait ces commentaires au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue chinois Jiang Zemin, qui lui a indiqué avoir évoqué la situation au Proche-Orient avec le président américain George W. Bush lors de sa récente visite en Chine et suivre cette question «très attentivement». Comme il l’avait fait vendredi avec le président égyptien Hosni Moubarak, M. Chirac «n’a pas caché son extrême inquiétude». «Il considère que la situation actuelle est très dangereuse, proche d’une situation de guerre», a indiqué Catherine Colonna. Il s’est dit «inquiet qu’elle ne devienne véritablement incontrôlable avec tout ce que cela comporterait de risques et de souffrances». «On ne peut pas se résoudre à cette situation», a-t-il souligné, faisant valoir que «les deux peuples israélien et palestinien ont déjà été trop éprouvés». «Il n’y a pas de solution par la force. Tout doit être fait pour que l’on retrouve au Proche-Orient une perspective politique», a insisté M. Chirac. Le ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine a également souhaité un changement de politique en Israël qui permette de sortir du cercle vicieux de la violence entre l’État hébreu et les Palestiniens. Il a également, de nouveau, dénoncé les accusations du Premier ministre Ariel Sharon sur une éventuelle montée de l’antisémitisme en France, dans un entretien publié hier par le quotidien Le Parisien. «La stratégie d’Ariel Sharon consistant à traiter le problème par la répression conduit à une impasse», a-t-il constaté. Tout en soutenant le droit légitime d’Israël à lutter contre le terrorisme, le ministre a souhaité que M. Sharon se laisse «convaincre de cesser de poser des préalables impossibles à l’ouverture de négociations politiques». Il a toutefois estimé qu’après des mois de violences qui ont fait près de 1 300 tués, en grande majorité des Palestiniens, des signes d’espoir apparaissaient dans la société israélienne. «Au sein de la société israélienne, des interrogations se font jour dans les milieux politiques, dans le camp de la paix, jusque dans l’armée elle-même», a-t-il constaté. «Peut-être déboucheront-elles sur un changement de politique. Nous l’encourageons très vivement», a-t-il conclu. Cette prise de position intervient à la veille de l’arrivée à Paris du ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres, membre travailliste du gouvernement de coalition dominé par la droite. M. Peres aura demain à Paris des entretiens avec le président Jacques Chirac, le Premier ministre Lionel Jospin et M. Védrine. M. Peres défend un projet de sortie de crise qui prévoit comme point de départ la reconnaissance d’un État palestinien sur les zones actuellement contrôlées par l’Autorité palestinienne. Ce projet est soutenu par la France mais n’a pas l’aval de M. Sharon. M. Védrine a par ailleurs récusé les mises en cause de M. Sharon qui a assuré que la France était traversée par une vague d’antisémitisme et que les 700 000 Français de confession juive n’y étaient plus en sécurité. «La France n’est pas antisémite», a répété le ministre français des Affaires étrangères. Il a suggéré que M. Sharon était inspiré par des considérations de politique intérieure lorsqu’il a porté ces accusations et a annoncé que l’État hébreu était prêt à accueillir les juifs de France qui souhaiteraient émigrer. «Cette sortie s’explique par la politique israélienne de relance de l’immigration», a estimé M. Védrine. Le ministre a par ailleurs estimé qu’il fallait rester «déterminé et vigilant» face au terrorisme, mais que «le “simplisme” consisterait à réduire tous les problèmes du monde uniquement à la lutte contre le terrorisme». Il a souligné qu’à ses yeux la tension actuelle entre alliés occidentaux n’était pas limitée aux rapports entre la France et les États-Unis mais s’étendaient à d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne et la Grande-Bretagne. «Ce n’est pas un débat franco-américain, mais euro-américain», a assuré le ministre. «Les problèmes du monde nous concernent tous, pas seulement les États-Unis», a-t-il ajouté, prônant «un partenariat» entre Washington et le reste du monde pour les régler.
Le président français Jacques Chirac a estimé samedi que la situation au Proche-Orient est «proche d’une situation de guerre» et a appelé à la restauration d’une «perspective politique», a rapporté la porte-parole de la présidence Catherine Colonna. Le chef d’État français a fait ces commentaires au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue chinois Jiang Zemin, qui lui a indiqué avoir évoqué la situation au Proche-Orient avec le président américain George W. Bush lors de sa récente visite en Chine et suivre cette question «très attentivement». Comme il l’avait fait vendredi avec le président égyptien Hosni Moubarak, M. Chirac «n’a pas caché son extrême inquiétude». «Il considère que la situation actuelle est très dangereuse, proche d’une situation de guerre», a indiqué...