Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

HARMONIES DU SOIR - Symbole de la musique romantique Le piano, roi des instruments (PHOTOS)

La séance des «Harmonies du soir» du lundi dernier au CCF (toujours animée par Étienne Kupélian) était consacrée au roi des instruments : le piano. Au départ appelé pianoforte, cet instrument, qui domina rapidement la période romantique, fut rebaptisé par les compositeurs du XIXe siècle, tout simplement, piano. Le pianoforte est apparu au XVIIIe siècle. Ce siècle était celui des révolutions à tous les niveaux. Et la musique n’y échappa pas. Elle commença à se démocratiser. La classe bourgeoise, qui voulait elle-aussi goûter à ce privilège de la noblesse, fit sortir la musique et les musiciens des salons de châteaux où ils étaient confinés. Mais dans les grandes salles publiques où l’on commençait à en jouer, il fallait des instruments à la sonorité plus puissante. C’est ainsi que les facteurs de l’époque se mirent à developper certains instruments à clavier et à cordes, comme le clavecin, pour donner naissance, au fil des améliorations, à un nouvel instrument, qu’ils appelèrent pianoforte. Dérivé en quelque sorte du clavecin, le pianoforte était toutefois un instrument de percussion. «Extérieurement, le clavecin et le piano se ressemblaient, mais alors que le clavecin était à cordes pincées, le pianoforte était lui à cordes frappées», souligne Étienne Kupélian. La mécanique du pianoforte consistait en une série de marteaux de bois fixés dans la partie postérieure des touches, chacun d’entre eux correspondant à deux (et, plus tard grâce à Pleyel, à trois cordes) accordées à l’unisson. En appuyant sur la touche, le marteau vient frapper la corde. À chaque marteau correspond un étouffoir de feutre chargé, comme son nom l’indique, d’étouffer le son lorsque le marteau revient à sa place. L’influence des doigts Grâce à ce mécanisme, la production d’un son plus fort ou plus faible va dépendre du degré de puissance avec lequel l’interprète frappe les touches. «Avec ce nouvel instrument, très expressif, et au son plus volumineux que le clavecin, on pouvait, d’une part, introduire des nuances dans le jeu. Et on pouvait d’autre part entendre les graves, ce qui n’était pas le cas dans le clavecin». L’agilité, la longueur, la musculature des doigts de l’instrumentiste ont ici une influence primordiale. «S’ils frappent la touche doucement, on obtient un son pianissimo, s’ils frappent fort, on obtient un fortissimo. C’est d’ailleurs pourquoi on a appelé l’instrument pianoforte». «Avec ses deux cordes sur une même note (frappées en même temps par un même marteau), le pianoforte va donner un halo harmonique qui rend la note plus jolie, plus enveloppée, et le son plus rond, plus chaud, plus volumineux», poursuit Étienne Kupélian. «Cette richesse harmonique va rendre le son du pianoforte beau, brillant et non pas sec comme celui du clavecin. C’est pourquoi cet instrument, qui à lui seul vaut tout un orchestre, est devenu à partir de Mozart l’instrument de travail de tous les compositeurs», indique le conférencier. Sous le signe de Beethoven En tête des compositeurs qui se sont intéressés au pianoforte : Carl Philipp Emanuel Bach. Fils de Jean-Sébastien Bach, il fut l’un des premiers à découvrir cet instrument. «Il a écrit quelque 300 pièces pour clavier, dont 150 sonates. Et il a toujours voulu que ses compositions soient jouées sur pianoforte plutôt que sur clavecin». Joseph Haydn, Mozart et Beethoven ont eux tout de suite adopté le piano. Et plus tard, Schubert Mendelssohn, Schuman... Mais ce sont Mozart «qui adorait improviser en concert, et souvent il jouait plus que lui-même n’avait écrit dans ses partitions» et Beethoven «dont les 32 sonates pour piano restent la bible de tous les pianistes», qui ont vraiment donné ses lettres de noblesse au piano. Chacun de ces grands musiciens s’exprimait différemment, (clarté des phrases musicales chez Haydn ; verve mélodique et faîcheur chez Schubert ; côté tendre, rêveur, romanesque chez Schumann, etc.), mais tous souffrirent de complexes par rapport à Beethoven, à la virtuosité à nulle autre pareille. «Contrairement à la délicatesse du toucher chez Mozart, qui avec une note disait tout, Beethoven va développer au pianoforte une folle exubérance. Avec lui, ça va être des arpèges répétées, des jeux d’octaves, des doubles notes, des enchaînements rapides...». Une palette qui donne à ses œuvres une densité expressive incroyable. Z.Z. * Le piano sera également au programme de la prochaine séance, le lundi 25 février.
La séance des «Harmonies du soir» du lundi dernier au CCF (toujours animée par Étienne Kupélian) était consacrée au roi des instruments : le piano. Au départ appelé pianoforte, cet instrument, qui domina rapidement la période romantique, fut rebaptisé par les compositeurs du XIXe siècle, tout simplement, piano. Le pianoforte est apparu au XVIIIe siècle. Ce siècle était celui des révolutions à tous les niveaux. Et la musique n’y échappa pas. Elle commença à se démocratiser. La classe bourgeoise, qui voulait elle-aussi goûter à ce privilège de la noblesse, fit sortir la musique et les musiciens des salons de châteaux où ils étaient confinés. Mais dans les grandes salles publiques où l’on commençait à en jouer, il fallait des instruments à la sonorité plus puissante. C’est ainsi que les facteurs de...