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CONFÉRENCE - Les « Mardis » de la galerie Nalbandian May Richani raconte l’« histoire des bijoux anciens » (PHOTOS)

Salle comble pour les désormais célèbres «Mardis» de la galerie Nalbandian (Sodeco), à l’occasion de la conférence donnée par May Richani, bijoutière et ancienne présidente de l’association des Amis du musée de l’AUB, sur l’histoire des bijoux anciens. Le bijou, «cette œuvre d’art, détentrice de mystère et créée par et pour l’homme», serait né il y a 28 000 ans. «Il est habité par trois forces fondatrices», explique la conférencière. «Les réalités extérieure, intérieure, et la création plastique en tant que telle». En prenant l’exemple d’un collier fabriqué avec de l’ivoire montré grâce à une diapositive, elle montre que «la réalité extérieure est la nature, qui fournit le matériau, et la réalité intérieure, qui est la symbolique de l’objet, à savoir un moyen de communication, un langage à part entière». Bijoux et immortalité «Dès l’époque sumérienne, poursuit May Richani, le bijou se lie avec l’immortalité, avec l’épopée de Gligamesh qui, en souvenir de son compagnon mort, lui érige une statue au corps en lapis-lazuli et à la tête en or, le tout recouvert de parures en pierres semi-précieuses». L’Égypte et son immense production de bijoux funéraires a été ensuite largement évoquée : «Ce pays a été l’un des premiers à employer l’or, le gage symbolique du retour du soleil, mais aussi ce dont a été faite la peau des divinités». À partir de hiéroglyphes anciens, la conférencière montre les différentes étapes du travail de l’or dans les ateliers égyptiens : la fonte tout d’abord, puis le limage, le martelage, le sertissage, la soudure et le polissage, et les techniques comme la feuille d’or, le repoussé, le fil d’or et la granulation. «La tombe de Toutankhamon, découverte intacte en 1922, a montré la richesse extraordinaire des bijoux et autres amulettes qui accompagnent le pharaon dans son voyage vers l’éternité, mais aussi de nombreuses amulettes en pierres semi-précieuses», poursuit-elle. Tête de barbu et couronne de Philippe de Macédoine L’époque phénicienne apporte avec elle le développement et la diffusion, dans le bassin méditerranéen, de la pâte de verre, très utilisée et bien représentée par la tête de barbu (le Phénicien) et son «œil bleu». Mais le commerce de l’or reste très présent comme le prouve la livraison d’Ahiram au roi Salomon : 18 000 tonnes d’or livrées pour la construction du fameux temple. «Quant aux bijoux grecs de la période classique, ajoute May Richani, ils sont confectionnés à partir d’or travaillé, sans ajout de pierre. Une grande prédilection allait aux motifs en forme de croissant, de disque et de pyramide, tandis que la couronne en feuilles d’or tressées et les masques étaient réservés aux rois. C’est grâce à sa couronne que Philippe de Macédoine a été identifié dans son tombeau». Retour à l’opulence et poids des amulettes L’Empire romain, par mesure de restriction budgétaire quelque temps avant la guerre contre Hannibal, avait imposé la loi Opia, qui interdisait d’être en possession de plus d’une demi-once par personne, les nobles exceptés, qui avaient droit à une bague supplémentaire. Lorsque la guerre a rempli de nouveau les caisses en trophées, les femmes ont levé la contrainte, et les bijoux luxueux ont refait leur apparition. «L’époque byzantine a magnifié les bijoux du rite chrétien, qui défendait d’emporter des biens matériels dans l’au-delà, ajoute la conférencière. La créativité se portait sur la Croix et les objets du culte». Quant au bijou islamique, «le principal motif de l’or travaillé est l’arabesque, abstraction par excellence, tandis que le bijou sacré qu’est le chapelet, élaboré en boules, est l’ultime raffinement de cet objet très respecté». May Richani évoque également l’importance du chapelet bouddhiste et des amulettes diverses représentant le scarabée égyptien, le poisson et la Khamsa ou «main de Fatma». «Le XXe siècle est l’ère de la production de masse», conclut-elle, en ajoutant que «le bijou perd peu à peu sa personnalité et que l’or lui-même passe du tombeau d’un pharaon au temple de Fort Knox, pour devenir une mesure de valeur et une garantie de pouvoir».
Salle comble pour les désormais célèbres «Mardis» de la galerie Nalbandian (Sodeco), à l’occasion de la conférence donnée par May Richani, bijoutière et ancienne présidente de l’association des Amis du musée de l’AUB, sur l’histoire des bijoux anciens. Le bijou, «cette œuvre d’art, détentrice de mystère et créée par et pour l’homme», serait né il y a 28 000 ans. «Il est habité par trois forces fondatrices», explique la conférencière. «Les réalités extérieure, intérieure, et la création plastique en tant que telle». En prenant l’exemple d’un collier fabriqué avec de l’ivoire montré grâce à une diapositive, elle montre que «la réalité extérieure est la nature, qui fournit le matériau, et la réalité intérieure, qui est la symbolique de l’objet, à savoir un moyen de...