Actualités - CHRONOLOGIE
Le président US en Chine trente ans après la rencontre historique Mao-Nixon
le 19 février 2002 à 00h00
Le président américain George W. Bush arrivera cette semaine à Pékin trente ans jour pour jour après la rencontre historique entre son prédécesseur Richard Nixon et Mao Tsé-toung, qui devait ouvrir la voie à des relations motivées par la stratégie militaire et les intérêts économiques. Les intérêts de la Chine, isolée dans le camp communiste depuis sa rupture avec l’Union soviétique au début des années 60, coïncident en 1972 avec ceux des États-Unis, qui cherchent à obtenir une attitude plus conciliante de Pékin vis-à-vis du Vietnam. Malgré le discours anti-impérialiste de la révolution culturelle et l’anticommunisme affiché par les Américains, les relations se développent rapidement. «Durant les années 70 et 80, les États-Unis ont forgé un réseau de liens avec la société chinoise bien plus étendu qu’avec aucun autre pays communiste», écrit James Mann dans un livre consacré aux relations sino-américaines intitulé About Face. La politique d’ouverture et de réforme poursuivie par la Chine depuis 1979 donne un coup d’accélérateur aux liens entre les deux pays, tout comme, la même année, l’établissement de relations diplomatiques et une visite aux États-Unis du principal dirigeant chinois de l’époque, Deng Xiaoping. Par trois communiqués conjoints, les États-Unis s’engagent successivement en 1972 à reconnaître le principe de la Chine unique, en 1978 à n’entretenir plus que des relations non officielles avec Taïwan et en 1984 à limiter les ventes d’armes à l’île nationaliste. Durant les années 1980, la politique américaine vis-à-vis de la Chine reste entre les mains d’un «nombre très restreint de personnes» qui craignent que l’opinion publique américaine ne prenne conscience de la nature du régime chinois, selon M. Mann. Mais dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, lorsque le mouvement démocratique de la place Tiananmen est écrasé dans le sang, le monde entier découvre que les dirigeants communistes chinois, contrairement à ceux de l’Europe de l’Est, veulent conserver leur monopole du pouvoir à tout prix. Washington met alors fin pour un temps à la coopération entre les deux pays sur le plan militaire et sur celui de l’énergie nucléaire, ainsi qu’aux échanges de visites entre les deux armées. «Avec la fin de la guerre froide, l’objectif antisoviétique qui avait réuni les deux pays a disparu», estime Roderick MacFaquhar, historien à l’université de Harvard aux États-Unis. «Pour George Bush père et pour Bill Clinton, le commerce a été la base d’une nouvelle relation amicale entre les deux pays», poursuit l’universitaire. Malgré l’opposition du Congrès américain, Bush père, qui fut chargé d’affaires américain à Pékin dans les années 70, accorde en 1991 pour un an à la Chine un statut de partenaire commercial normal. L’Administration démocrate de Bill Clinton poursuivra la normalisation et rencontrera en 1993 le président chinois Jiang Zemin en marge d’un sommet des pays de l’Asie et du Pacifique. Dès l’année suivante, Clinton proclame qu’il ne liera plus le renouvellement de la clause commerciale à d’éventuels progrès accomplis par la Chine en matière de droits de l’homme. La question des ventes américaines à Taïwan et, en février 1996, les menaces militaires chinoises contre Taïwan, suivies de l’arrivée de deux porte-avions américains à proximité du Détroit de Taïwan, n’empêcheront pas Jiang Zemin d’être reçu aux États-Unis en 1997 ni Bill Clinton de se rendre à Pékin l’année suivante. Mais tout en intensifiant ses liens avec les États-Unis, la Chine développe sa rhétorique nationaliste contre l’«hégémonisme américain», qui provoquera des poussées de fièvre antiaméricaine à l’occasion du bombardement par l’Otan de l’ambassade de Chine à Belgrade en mai 1999 ou de l’atterrissage forcé d’un avion espion américain en avril 2001 dans le sud de la Chine.
Le président américain George W. Bush arrivera cette semaine à Pékin trente ans jour pour jour après la rencontre historique entre son prédécesseur Richard Nixon et Mao Tsé-toung, qui devait ouvrir la voie à des relations motivées par la stratégie militaire et les intérêts économiques. Les intérêts de la Chine, isolée dans le camp communiste depuis sa rupture avec l’Union soviétique au début des années 60, coïncident en 1972 avec ceux des États-Unis, qui cherchent à obtenir une attitude plus conciliante de Pékin vis-à-vis du Vietnam. Malgré le discours anti-impérialiste de la révolution culturelle et l’anticommunisme affiché par les Américains, les relations se développent rapidement. «Durant les années 70 et 80, les États-Unis ont forgé un réseau de liens avec la société chinoise bien plus...