Actualités - CHRONOLOGIE
TPI - Kostunica apporte son soutien à l’ancien président yougoslave Milosevic se présente comme le « vainqueur moral » de son procès
le 19 février 2002 à 00h00
Slobodan Milosevic a affirmé lundi à La Haye qu’il se considérait d’ores et déjà comme le «vainqueur moral» de son procès alors que l’accusation faisait venir son premier témoin à charge dans le dossier Kosovo. «La vérité est de mon côté et c’est pour ça que je me sens supérieur ici, c’est pour ça que je me sens le vainqueur moral» de ce procès, a déclaré l’ancien président yougoslave en concluant sa déclaration liminaire devant le Tribunal pénal international (TPI). À Belgrade, le président yougoslave Vojislav Kostunica, qui n’a jamais dissimulé son peu de sympathie pour le TPI, a apporté un soutien indirect à M. Milosevic en dénonçant «l’hypocrisie» qui a marqué le début du procès. «Je ne peux pas m’empêcher de penser que, dans les premières étapes judiciaires (du procès) contre Milosevic, il n’y a pas beaucoup de droit, mais qu’il y a beaucoup d’histoire, superficielle, abrégée, manipulée, qu’il y a de la politisation, de l’hypocrisie et d’étranges illogismes», a déclaré M. Kostunica. Au troisième et dernier jour de la présentation générale de sa défense, M. Milosevic a évoqué longuement les accusations qui pèsent sur lui pour sa responsabilité durant les guerres de Bosnie (1992-1995) et de Croatie (1991-1995). Sur la Bosnie, il a réaffirmé que Belgrade, loin d’attiser la guerre, a toujours «inlassablement» œuvré en faveur de la paix, en tentant de contrôler les Serbes de Bosnie et leurs chefs politique et militaire, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, et en les contraignant à accepter les accords de paix de Dayton (1995). Il souligne que ses partenaires de Pale, la «capitale» de la république serbe autoproclamée de Bosnie, se sont révélés particulièrement indociles. «En ce qui concerne mes soi-disant ordres à la Republika Srpska, seule une personne ne connaissant pas le degré de vanité des politiciens serbes, leur intolérance face à toute ingérence extérieure, peut inventer ce genre de théorie», a noté M. Milosevic. Un « plan terre brûlée » Évoquant les massacres de Srebrenica, où plus de 6 500 musulmans ont été exécutés par les forces serbes bosniaques après la prise de la ville en juillet 1995, il a affirmé en avoir été informé par Carl Bildt, envoyé de l’Union européenne en Bosnie. Il a ensuite appelé Radovan Karadzic «qui m’a juré qu’il ne savait rien» de cette affaire, a poursuivi M. Milosevic. Revenant sur les origines de la guerre en Croatie, il en a imputé la responsabilité à la politique belliciste de l’ancien président croate Franjo Tudjman, qui voulait expulser les Serbes de Krajina (est de la Croatie), et à la reconnaissance «prématurée» par l’Union européenne de l’indépendance croate. L’indépendance de la Croatie, ainsi que celle de la Slovénie, avaient été reconnues par l’UE le 15 janvier 1992 alors que la première phase de la guerre en Croatie était achevée. Une grimace de colère déforme son visage quand il évoque les massacres commis par les Croates oustachis contre les Serbes durant la Seconde Guerre mondiale. Dans l’après-midi, l’accusation a fait venir à la barre le premier des quelque 300 témoins à charge qu’elle prévoit de convoquer durant le procès. Mahmut Bakalli, ancien membre de la présidence de la Ligue des communistes sous Tito, a retracé la genèse du conflit du Kosovo depuis l’abrogation du statut d’autonomie de cette province par M. Milosevic en 1991 jusqu’au déchaînement de la répression contre les Kosovars albanais en 1998. Il a fait notamment état d’une rencontre avec le chef de la sécurité d’État au Kosovo, David Gajic, qui lui parle pour la première fois, en 1997, d’un «plan terre brûlée» prévoyant, dès cette époque, la destruction de 700 villages albanais du Kosovo. M. Bakalli fera l’objet aujourd’hui d’un contre-interrogatoire mené par M. Milosevic.
Slobodan Milosevic a affirmé lundi à La Haye qu’il se considérait d’ores et déjà comme le «vainqueur moral» de son procès alors que l’accusation faisait venir son premier témoin à charge dans le dossier Kosovo. «La vérité est de mon côté et c’est pour ça que je me sens supérieur ici, c’est pour ça que je me sens le vainqueur moral» de ce procès, a déclaré l’ancien président yougoslave en concluant sa déclaration liminaire devant le Tribunal pénal international (TPI). À Belgrade, le président yougoslave Vojislav Kostunica, qui n’a jamais dissimulé son peu de sympathie pour le TPI, a apporté un soutien indirect à M. Milosevic en dénonçant «l’hypocrisie» qui a marqué le début du procès. «Je ne peux pas m’empêcher de penser que, dans les premières étapes judiciaires (du procès)...