Actualités - OPINION
Finances - Quand la dollarisation vient au secours de la dette publique Le paradoxe de l’économie libanaise
Par DE HAUTEVILLE Gérard, le 26 janvier 2002 à 00h00
Depuis la naissance du Liban, de nombreux observateurs étrangers n’ont pu classifier le pays, au plan économique. Plus récemment, depuis six années environ, les dirigeants du FMI nous ont avertis d’une catastrophe financière et d’une dévaluation de la livre libanaise. Pour autant, rien n’y fait. Malgré des pics dangereux, toutes les échéances de la dette publique ont été honorées. La dette n’est donc pas un problème ; c’est la gestion des intérêts de cet engagement (le service de la dette) qui est à minorer ; afin de laisser respirer l’économie du Liban. Cette économie qui s’est comportée, paradoxalement, plutôt bien en 2001. En effet, tous les indicateurs ont démontré une rupture avec la récession et même un retour de la croissance. D’ailleurs, les économistes libanais les plus inquiets, pour la gestion de la dette, ont prévu une année 2002 encore meilleure. Dans ces conditions, selon les spécialistes, si le service de la dette est assuré, encore cette année, le miracle économique libanais aura encore opéré ! Rappelez-vous, nous sommes en été 2001, les hôtels, les restaurants et les centres balnéaires sont pleins. Mais une crise politique va assombrir le ciel du Liban et bientôt une crise de confiance sur la livre libanaise va poindre. Les taux d’intérêt importants venant pénaliser la circulation de la monnaie nationale, cette crise va s’ajouter à la forte dollarisation du pays. Fin 2001, l’économie libanaise est dollarisée à plus de 76 %. Le « sauvetage » grâce à la dollarisation Cela implique donc que la plupart des mouvements et des transactions ont été opérés en dollars. Les banques commerciales libanaises ont donc regorgé de liquidités en devises étrangères. C’est précisément ce facteur qui a permis aux même banques de souscrire aux bons du Trésor en euros ou en dollars. Aujourd’hui, les banquiers interrogés par L’Orient-Le Jour ont confirmé que ces liquidités étaient encore importantes et permettraient de faire face à de nouvelles souscriptions de 2 à 3 milliards de dollars, durant l’année 2002. C’est donc la transformation des volumes d’épargne ( environ 30 milliards, au Liban, en 2001), partiellement, de la livre libanaise en dollars qui a «sauvé» la gestion de la dette publique, par la souscription à de nouveaux bons du Trésor en monnaies étrangères. Les taux étant moins importants en euro ou en dollar, le service de la dette s’en est trouvé diminué. Par contre, les swaps d’une partie de la dette ont été possibles, grâce au concours des banques libanaises. Ainsi, la dette, même dite externe, du Liban est en fait interne, par la nature des souscripteurs que sont les banques de la place. Dans ces conditions, qui pourrait, de l’extérieur, intervenir dans la gestion de nos finances ? Qui pourrait imposer une dévaluation si ce n’est le gouvernement libanais ? Si la dette reste interne, point de tutelle et donc, point de risque de faillite (confer Argentine/FMI). Par ailleurs, même dans le cadre d’un Paris II bienveillant, qui voudrait, aujourd’hui, de la dette libanaise ? Si ce n’est pour un ou deux milliards de dollars… mais pas assez pour faire basculer la gestion de l’endettement public vers l’extérieur, le vrai, celui des institutions internationales. Le retour de la croissance en 2001 Si les différents économistes interrogés font varier le taux de croissance en 2001, de 0,5 % à 3 %, tous s’accordent à reconnaître que l’économie libanaise s’est mieux portée, l’année dernière. La récession des années 1999 et 2000 est loin. Malgré la «non-paix», le Liban progresse, plus lentement, mais sûrement vers un nouvel essor économique qu’il faut distinguer, dans une certaine mesure, du plan des finances publiques. Ce retour à la croissance a été constaté, sur les douze mois de 2001, Par rapport à 2000, par une augmentation de la demande (+7 %), une hausse de 14 % des importations et une élévation du PIB de 1,5 (FMI) à 3 % (BDL). Cette progression du PIB est, en partie, constituée d’une variation de plus de 20 % des exportations qui représente environ 1 % de croissance du PIB. Il faut noter que sur la même période, le nombre des industries nouvellement créées a progressé de plus de 36 %. Selon les spécialistes, dans la mesure où la TVA est normalement mise en place en 2002, l’inflation viendra grossir cette croissance de 4 à 5 points. L’essor économique du Liban pour 2002 serait alors de près de 8 % (15 % seraient souhaitables). Le paradoxe de l’économie libanaise est donc établi. D’une part, le secteur privé, les citoyens libanais, sont au rendez-vous du développement, malgré, d’autre part, un secteur public difficilement gouvernable, inerte et «gaspi»… mais, jusqu’où ? Gérard DE HAUTEVILLE
Depuis la naissance du Liban, de nombreux observateurs étrangers n’ont pu classifier le pays, au plan économique. Plus récemment, depuis six années environ, les dirigeants du FMI nous ont avertis d’une catastrophe financière et d’une dévaluation de la livre libanaise. Pour autant, rien n’y fait. Malgré des pics dangereux, toutes les échéances de la dette publique ont été honorées. La dette n’est donc pas un problème ; c’est la gestion des intérêts de cet engagement (le service de la dette) qui est à minorer ; afin de laisser respirer l’économie du Liban. Cette économie qui s’est comportée, paradoxalement, plutôt bien en 2001. En effet, tous les indicateurs ont démontré une rupture avec la récession et même un retour de la croissance. D’ailleurs, les économistes libanais les plus inquiets, pour...
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