Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Ibrahim Saad, agent de l’amitié sans faille

Dans la vie, quand on a la chance de rencontrer de grands seigneurs, on s’attache à eux comme à une bouée de sauvetage, et pour toujours. Ibrahim Saad était un très grand seigneur, le plus humble, le plus dévoué, le plus généreux, le plus courageux. En 1935, ni Parc Astérix ni Eurodisney à l’horizon pour me distraire, ma mère ne trouvait rien de mieux que d’emmener l’enfant de cinq ans que j’étais, avec elle, lors de ses visites. Nous allions le plus souvent chez Sitt Afifé Saad, maman d’Ibrahim, de Fouad, d’Asma et de Pénélope. C’était à Bhamdoun, près de L’hôtel d’Égypte, une jolie maison construite sur une colline, à côté d’une vieille église tout en pierres, Knisset Beit Saad. Ibrahim, revenant en short blanc de sa partie de tennis, repeuplait la maison qui donnait l’impression de sommeiller sans lui. Je le connaissais déjà, il était l’ami de mon frère aîné. Aux cruels revers qu’il a eus à subir le long de son parcours, il a fait face avec une égale noblesse, un égal optimisme, une égale détermination pour remonter brillamment le courant, épaulé en cela par une femme admirable, très mesurée, très digne, très raffinée, une princesse-née, Alice Homsi. Et dire que je servais de chaperon à leurs randonnées en voiture à la période de leurs pré-fiançailles. J’avais alors douze ans, il en avait trente. J’avais droit à une glace qu’il ne manquait jamais de m’offrir. Son allure de sportif accompli, la sérénité qui se dégageait de son visage subjuguaient l’enfant douillet que j’étais et qui sortait rarement des jupes de sa mère. Envers toutes les catégories sociales, des plus humbles aux plus nantis, il avait la même attitude, la même déférence, le même respect. Il a toujours pratiqué un humanisme inné. L’engouement et l’admiration des premiers temps se sont mués, l’âge venant, en une amitié indéfectible. Il était devenu pour moi le champion, le grand frère, l’ami, le complice, le mentor. Il m’a toujours prodigué, avec une incommensurable générosité de cœur et une infinie bonté, des conseils avisés et, comble de modestie, il me donnait le sentiment de m’être redevable de l’avoir écouté. Ibrahim Saad était un très grand seigneur. Comment peut-on oublier un homme de cette trempe. Il restera vivant dans mon souvenir et dans mon cœur jusqu’à mon dernier souffle. Pierre MOUZANNAR
Dans la vie, quand on a la chance de rencontrer de grands seigneurs, on s’attache à eux comme à une bouée de sauvetage, et pour toujours. Ibrahim Saad était un très grand seigneur, le plus humble, le plus dévoué, le plus généreux, le plus courageux. En 1935, ni Parc Astérix ni Eurodisney à l’horizon pour me distraire, ma mère ne trouvait rien de mieux que d’emmener l’enfant de cinq ans que j’étais, avec elle, lors de ses visites. Nous allions le plus souvent chez Sitt Afifé Saad, maman d’Ibrahim, de Fouad, d’Asma et de Pénélope. C’était à Bhamdoun, près de L’hôtel d’Égypte, une jolie maison construite sur une colline, à côté d’une vieille église tout en pierres, Knisset Beit Saad. Ibrahim, revenant en short blanc de sa partie de tennis, repeuplait la maison qui donnait l’impression de...