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Actualités - REPORTAGE

Accord d’association - La crise financière peut-elle être évitée en 2002 ? Le Liban doit vivre au niveau de ses revenus

Bien que l’année 2002 ait débuté sur une note d’enthousiasme, avec la conclusion de l’accord d’association entre l’Union européenne et le Liban, l’enjeu pour cette année n’est-il pas surtout d’éviter une crise financière ouverte ? Selon les rapports de la Banque mondiale, tous les voyants économiques sont au rouge. Si le lancement de la TVA était remis en cause par le Conseil constitutionnel, la dernière chance d’une réforme structurelle handicaperait certainement et lourdement tous les efforts du gouvernement. La seule solution : un coup d’arrêt drastique des dépenses, tant de l’État que des ménages, autrement dit vivre au niveau de ses revenus. Selon plusieurs observateurs, le fameux accord d’association avec l’Union européenne est sans conteste essentiel au plan de la sécurité du Liban. Par contre, cette convention n’est peut-être pas très favorable pour les recettes de l’État libanais et pour l’essor des PME nationales. Ce qui devait être un facteur de relance, une ouverture économique, serait-il donc devenu, par trop de concessions, uniquement, un bouclier sécuritaire ? Interrogé par L’Orient-Le Jour, l’économiste Abdallah Attieh a confirmé le pas politique important que représente cet accord. Toutefois, il a émis quelques réserves sur les conséquences des termes de l’accord. En effet, peut-être aurait-il été souhaitable de composer les négociations avec l’UE, avec les termes de l’union douanière syro-libanaise. Il faut, en effet, rappeler que l’accord qui prévoit l’abaissement des barrières douanières entre les deux pays arrive à son terme, contre dix ans avec l’Union européenne ; ceci peut aussi nuire aux rentrées fiscales. L’accord Liban-UE : une perte de 300 millions de dollars par an ? Par ailleurs, selon les experts, les termes du protocole risquent de participer aux pertes du Liban pour plus de 300 millions de dollars par an. D’une part, en raison des conséquences sur les recettes des droits de douane qui devraient chuter d’environ 150 millions de dollars, et d’autre part, du fait du manque de compétitivité des productions libanaises, les exportations devraient être plus entamées qu’encouragées ; ceci pourrait faire perdre quelque 150 autres millions sur le PIB. Dans cet esprit, les PMI libanaises, les industriels, seraient les plus touchés. Mais pour le gouvernement, le pari a été pris sur une nouvelle dynamique des importations que devrait suggérer, malgré tout, l’accord avec l’UE. Les pertes éventuelles, occasionnées par la convention, seraient compensées par de nouvelles ouvertures pour les PME libanaises, en Europe. Par ailleurs, les aides financières prévues dans le plan Meda II pourraient aussi participer à un allègement des pertes. Toutefois, au plan intérieur, tous les experts sont d’accord ; la question urgente n’est plus la relance, mais d’éviter que la crise financière, jusque-là larvée, se transforme en une crise ouverte. Toujours selon les mêmes spécialistes, seules des mesures drastiques pourraient empêcher une telle crise financière. Depuis de longues années, les Libanais ont attendu que leur pays soit scellé durablement à l’Europe. Le contexte sécuritaire régional et la question de l’union douanière syro-libanaise ont rendu difficiles les négociations à propos de l’agriculture ou encore de l’industrie. Toutefois, durant toutes ces années, des accords bilatéraux avec les principaux partenaires européens du Liban ont été aménagés, souvent en faveur du Liban. Mais cette fois, tous ces accords ont été remis en cause à la lumière de l’accord d’association avec l’UE. Outre les questions touchant chaque secteur, l’enjeu de cet accord tenait, au plan économique, dans l’esquisse d’une solution au déséquilibre de la balance courante du Liban, accentuée par une consommation qui va au-delà des revenus des Libanais. Le Liban importe, en effet, dix fois le montant de ses exportations… Pourtant, la conséquence du déficit de la balance commerciale et de l’hypertrophie du budget de l’État tient dans la taille de l’endettement public et privé qui est, depuis plusieurs années, disproportionné par rapport au PIB du Liban, c’est-à-dire en comparaison de ses revenus. Si hier, il était question de dégraisser la dette grâce aux privatisations, cette question est-elle toujours logiquement envisageable ? La privatisation du téléphone, unique joyau de l’ensemble des secteurs privatisables, serait-elle réellement profitable à l’État, dans l’environnement actuel et avec le statut du téléphone mobile en suspens ? Malgré une manne d’environ 2 milliards de dollars, l’État n’aurait-il pas, maintenant, intérêt à conserver cet outil et ses rentes ? En fait, le véritable mal réside dans le déséquilibre entre l’ensemble des dépenses du Liban et sa capacité à produire ou même simplement à générer des revenus. Une baisse des dépenses de l’État et un frein sérieux aux importations et donc à la consommation serait le seul purgatoire efficace. La relance économique serait alors assurée, non par un nouvel élan de la consommation, mais une consolidation des outils de production et un plein emploi. Cette amélioration serait assurée par des investissements encouragés plus vivement par l’État. Dans ces conditions, la réunion Paris II, des grands argentiers planétaires, sera le prochain paramètre de la santé économique de notre pays. Cette réunion qui devrait se tenir prochainement sera-t-elle l’ultime colmatage d’une brèche béante ou le moratoire d’un Liban qui, coûte que coûte, a décidé de vivre au-dessus de ses moyens ? Des mesures qui y seront signifiées dépendra largement l’avenir économique du Liban en 2002. Dans l’attente, sauver le dossier sécuritaire était déjà une étape importante : c’est chose faite avec l’accord Liban-UE. Gérard DE HAUTEVILLE
Bien que l’année 2002 ait débuté sur une note d’enthousiasme, avec la conclusion de l’accord d’association entre l’Union européenne et le Liban, l’enjeu pour cette année n’est-il pas surtout d’éviter une crise financière ouverte ? Selon les rapports de la Banque mondiale, tous les voyants économiques sont au rouge. Si le lancement de la TVA était remis en cause par le Conseil constitutionnel, la dernière chance d’une réforme structurelle handicaperait certainement et lourdement tous les efforts du gouvernement. La seule solution : un coup d’arrêt drastique des dépenses, tant de l’État que des ménages, autrement dit vivre au niveau de ses revenus. Selon plusieurs observateurs, le fameux accord d’association avec l’Union européenne est sans conteste essentiel au plan de la sécurité du Liban. Par...