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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats expose son programme - Chédid : « La défense des libertés et des droits de l’homme, notre cheval de bataille »

Le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, Raymond Chédid, est confronté dès les premiers jours de son mandat à une nouvelle crise et à de nouvelles atteintes aux libertés publiques et individuelles. L’incident qui s’est produit dans la nuit de mardi à mercredi dernier dans le campus des sciences et technologies de l’Université Saint-Joseph (USJ-Esib) où des agents de l’ordre ont fait irruption, déchirant des photos, des affiches et même des drapeaux libanais, a été une nouvelle occasion pour le bâtonnier Chédid de réaffirmer l’engagement du barreau à défendre les libertés individuelles et publiques et les droits de l’homme. Me Chédid a affirmé à L’Orient-Le-Jour que «le barreau de Beyrouth est directement concerné par ces évènements». «Notre mission est de veiller au respect de la Constitution, des droits et des libertés, et d’œuvrer pour l’établissement de l’État de droit et des institutions», a-t-il ajouté. Rappelons que les étudiants avaient choisi de célébrer à leur façon la fête de l’Indépendance. Ils avaient accroché des photos se rapportant au tabassage dont avaient été victimes des étudiants devant le Palais de justice au début du mois d’août et brandissaient des banderoles réclamant l’application de la résolution 520 du Conseil de sécurité de l’Onu concernant le retrait de toutes les forces étrangères du territoire libanais. «Le conseil de l’Ordre a tenu une réunion extraordinaire vendredi à l’issue de laquelle nous avons dénoncé l’atteinte aux libertés individuelles et principalement à la liberté d’expression», a indiqué Me Chédid en précisant que le conseil devrait tenir une réunion aujourd’hui pour suivre les développements de cette affaire. «La position du barreau a depuis longtemps été définie. Nous faisons de la défense des libertés et des droits de l’homme notre principal cheval de bataille», a-t-il déclaré. «Notre engagement dans ce sens est clair. Nos positions sont fermes et nous n’acceptons aucun compromis lorsqu’il s’agit de la défense des libertés», a précisé le nouveau bâtonnier qui a assuré qu’il veillerait durant les deux années qu’il passera à la tête de l’Ordre à la protection et à la sauvegarde des droits des citoyens. Me Chédid a indiqué qu’il allait examiner les dossiers de MM. Toufic Hindi, Selman Samaha, Élie Keyrouz, Habib Younès et Antoine Bassil. Il a précisé qu’«au moment de leur arrestation, j’étais encore candidat au poste de bâtonnier. Je n’ai pas été chargé de leur défense et je n’ai pas été informé des détails de ces affaires. Les seules informations que je détiens sont celles publiées par les médias». «Le conseil de l’Ordre avait pris à ce moment-là une série de décisions que j’approuve et je veillerai à leur application», a-t-il ajouté. «En tant qu’avocat, je considère que tous les accusés sont innocents jusqu’à leur condamnation». «Le barreau œuvrera pour tirer cette affaire au clair, quelque soit l’appartenance politique de ces personnes», a-t-il assuré. Sur le plan national, le bâtonnier Chédid a affirmé qu’il ne représentait aucun parti politique. «Je tends la main vers le pouvoir et vers l’opposition. Si l’intention est bonne, nous pouvons établir des liens entre ces deux fractions», a-t-il indiqué en espérant que «le fossé qui existe entre le pouvoir d’un côté, l’opposition et la grande majorité de la population de l’autre, soit réduit». Concernant la situation du barreau et le nombre croissant d’avocats, Me Chédid considère que le Liban ne peut contenir 13 facultés de droit. Il a également dénoncé l’octroi de licence à un si grand nombre de facultés en estimant qu’aucun contrôle sur les programmes d’études ou sur la compétence des enseignants n’est effectué par l’État. Il a déploré le manque d’orientation professionnelle notamment au niveau scolaire et a estimé que «l’État est responsable de cette carence». Concernant la profession d’avocat, le bâtonnier a indiqué que les étudiants ayant obtenu leur baccalauréat devaient, pour être admis dans une faculté de droit, réussir un concours organisé au niveau du pays. «Ce concours doit notamment être basé sur la culture générale et la maîtrise de deux langues (le français et l’anglais), au moins mis à part l’arabe». Le nouveau bâtonnier se félicite de l’appui des jeunes avocats dont il a bénéficié le jour des élections. Il précise qu’une grande partie de son programme électoral leur est consacrée. Me Chédid a indiqué qu’il allait œuvrer pour la mise en place d’une mutuelle pour les jeunes avocats stagiaires qui, durant les trois années de leur stage, affrontent de nombreuses difficultés financières. «Des cycles d’orientation seront organisés au barreau pour permettre aux jeunes de se familiariser avec les droits étrangers, et leur évolution et les doter ainsi d’un bagage juridique et intellectuel leur permettant de faire face à la concurrence des avocats étrangers», a-t-il ajouté. Me Chédid a également précisé qu’«une centrale informatique juridique devait être édifiée au siège de l’Ordre». Et d’ajouter que «toutes les études d’avocat seront liées à cette centrale afin de donner à tous une chance égale et de leur permettre d’être à jour». Me Chédid a également exprimé son désir d’organiser les élections des membres du conseil de l’Ordre en marge de celle du bâtonnier afin de permettre la représentation de toutes les communautés au conseil. «Cette année, les quatre candidats au poste de bâtonnier ont été élus au premier tour alors que les huit candidats au conseil ont échoué», a-t-il précisé. Me Chédid a également souhaité que les candidats au bâtonnat soient élus au moins une fois au conseil de l’Ordre. «Le mandat du bâtonnier devrait être prolongé d’une année pour lui permettre d’exécuter l’ensemble de son programme. Mais un tel amendement ne m’affecterait pas. S’il était voté, il ne devrait entrer en vigueur qu’à la fin de mon mandat», a assuré Me Chédid.
Le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, Raymond Chédid, est confronté dès les premiers jours de son mandat à une nouvelle crise et à de nouvelles atteintes aux libertés publiques et individuelles. L’incident qui s’est produit dans la nuit de mardi à mercredi dernier dans le campus des sciences et technologies de l’Université Saint-Joseph (USJ-Esib) où des agents de l’ordre ont fait irruption, déchirant des photos, des affiches et même des drapeaux libanais, a été une nouvelle occasion pour le bâtonnier Chédid de réaffirmer l’engagement du barreau à défendre les libertés individuelles et publiques et les droits de l’homme. Me Chédid a affirmé à L’Orient-Le-Jour que «le barreau de Beyrouth est directement concerné par ces évènements». «Notre mission est de veiller au respect de...