LIVRES - Le général Soumrany immortalise le patrimoine chrétien - Un panorama historique fascinant des monastères et couvents libanais

Au cercle des officiers – Kaslik, le général René I. Soumrany signera demain soir son ouvrage intitulé Au Liban un patrimoine en péril. Un album qui déploie, sur 400 pages, une carte précise de 191 monastères et couvents sélectionnés en raison de leur «intérêt historique, religieux, architectural». Plus de trois ans de recherches dans les bibliothèques parisiennes et dans les centres de documentation de quelque 22 abbayes appartenant aux pères jésuites et aux pères carmes en France, pour réunir les données et les renseignements se rapportant au patrimoine chrétien du Liban. Et en guise de préface, une lettre du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Boutros Sfeir, qui souhaite à cet ouvrage «tout le succès qu’il mérite». L’étude déroule le panorama de l’héritage chrétien, appartenances et rites confondus. Elle est ponctuée de 820 clichés illustrant l’architecture, les cloîtres, les clochers, les manuscrits, les icônes, les fresques et les ornements ecclésiastiques des monastères et des couvents. Dans un galop narratif, l’auteur brasse les images et les idées pour témoigner d’un pays où la tradition monastique est profondément implantée. Les sanctuaires répertoriés à l’intérieur de chaque caza déclinent leur légende, leur saint patron, leur appartenance ou subordination, la date de leur fondation et leurs activités. Les récits, surfant sur un historique succinct des événements marquants, tels les conciles et les rencontres importantes, deviennent une sorte de guide. D’autres monastères et couvents pouvant offrir un intérêt pour les chercheurs et les statisticiens font l’objet d’une liste dans l’annexe n°1. Toutefois, beaucoup d’autres «ont disparu… détruits par les guerres intestines et les actes de vandalisme», écrit le général Soumrany. Dans une introduction virulente, il dénonce «la haine confessionnelle… qui a parfois réduit des lieux de culte chrétien en amas de pierres, en ruines éventrées… Ces lieux saints meurtris témoigneront encore longtemps de la folie des hommes, de leur haine, de leur lâcheté et de leur jalousie, de leur déséquilibre mental, de leur complexe d’infériorité vis-à-vis des chrétiens et leur pauvreté d’esprit… En vain on inventera des excuses à ces agissements maladroits et schizophrènes». Cependant, il y a eu d’autres destructions mais, cette fois, suite à des désastres naturels dont, par exemple, le glissement de terrain survenu en 1929 dans la région de Aqoura, démolissant plusieurs «deirs». D’autres encore sont «transformés en locaux d’exploitation agricole, ou entrepôts de tout genre». Par ailleurs, l’auteur brosse un tableau de l’histoire des religions et des croyances avant J-C ; de l’avènement de la chrétienté ; de l’entrée en scène de l’islam et des découvertes, en 1947, des manuscrits de Qumran, près de la rive ouest de la mer Morte. Abordant ensuite l’histoire des communautés chrétiennes d’Orient, le général Soumrany fait un compte rendu de leur naissance, de leur évolution et de leur situation actuelle. Il dresse la liste des 50 patriarches qui se sont succédé depuis 1110 à la tête de communauté maronite. Il établit le décompte de l’Église grecque-catholique, communément appelée l’Église melkite, qui regroupe 400 000 fidèles restés au Moyen-Orient, dont quelque 250 000 au Liban. Au menu également, le monachisme ; les moines et les moniales (généralement des cloîtrés), leurs rites et leurs ordres ; la notion du «désert» dans la conception chrétienne. En conteur passionné, le général René Soumrany traverse les monts et les vallées, pour restituer un pan de l’ambiance et de l’histoire monacale au Liban. Mais aussi, et surtout, il souligne la nécessité de préserver un héritage qui fait partie intégrante du patrimoine national dont on ne connaît que trop la fragilité . Ce premier volume sera suivi d’un deuxième traitant des vestiges islamiques et des mosquées au pays des Cèdres. Sa parution est prévue en juin 2002.