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Paris offre une aide à la formation liée aux besoins des universités - Le travail en France est loin d’être une sinécure
Par EL HAYEK JOUMANA, le 07 novembre 2001 à 00h00
La position officielle de la France, face au départ des infirmières libanaises, se situe à deux niveaux. Si le consulat général a déjà délivré une cinquantaine de visas de travail aux blouses blanches libanaises depuis l’année 2000, l’ambassade de France met en place, avec les universités locales, notamment l’USJ et l’UL, des programmes de coopération visant à assurer aux étudiantes en sciences infirmières des formations spécialisées. Formations qui leur donneraient un meilleur bagage pour travailler localement, en unités de soins spécialisés. MM. Michel Pipelier et Joël Lascaux, respectivement consul général à Beyrouth et attaché de coopération à l’ambassade, expliquent la position de la France. Une position qui oscille entre la volonté de pallier le manque d’infirmières en France et celle d’encourager les étudiantes libanaises à travailler dans leur pays. Le champ d’action du consulat général de France, explique Michel Pipelier, est lié à l’arrêté de 1984 du ministère des Affaires sociales. Cet arrêté permet aux ressortissants libanais et à ceux de l’ancienne Indochine de travailler en France, dans n’importe quel domaine, à la seule condition d’y avoir un emploi, alors que les ressortissants d’autres pays non européens ne peuvent obtenir de travail en France que dans les domaines où il y a pénurie de main-d’œuvre. «C’est la raison pour laquelle nous délivrons plus facilement des visas aux infirmières libanaises qu’à celles d’autres pays ne faisant pas partie de l’Union européenne. Ces visas sont délivrés en deux mois et demi, reprend le consul général de France, à la condition que le projet professionnel soit cohérent, autrement dit que ces infirmières aient un contrat de travail légal et conforme au règlement du travail et à la convention collective en France». Aucun visa n’est refusé sans raison valable M. Pipelier explique, à ce propos, que dans les cas de visas longue durée, incluant les visas liés à une activité professionnelle, mais aussi les visas d’étudiants et ceux de regroupement familial, tout refus de visa doit obligatoirement être justifié. «Je comprends le problème que vivent les hôpitaux libanais, et je sais ce que cet exode représente humainement pour le Liban, note le consul général, mais je n’ai pas la possibilité de refuser de délivrer un visa, sans raison valable». Et si le consulat général n’a délivré que 13 visas de travail, de manière ponctuelle, aux infirmières libanaises en 2000, il a déjà accepté 36 dossiers en 2001. Des dossiers qui sont souvent présentés par groupes de 15, et qui laissent présager des départs organisés, en masse. Aujourd’hui, les demandes continuent d’affluer des cliniques privées françaises, qui chargent des intermédiaires du recrutement et des formalités. «Nous avons été récemment contactés par une personne qui recrutait des infirmières pour 150 cliniques françaises, et qui se renseignait sur la démarche à suivre», remarque le vice-consul, Françoise Puig-Inza. Certes, conclut Michel Pipelier, les conditions de recrutement sont attractives aux yeux des infirmières libanaises, car les salaires proposés sont nettement supérieurs à ceux qu’elles reçoivent dans les hôpitaux libanais. Mais, une fois sur place, nombreuses sont celles qui déchanteront, car les salaires proposés par les cliniques privées ne permettent pas de vivre correctement en France. Les infirmières libanaises sont de top niveau Par ailleurs, Joël Lascaux, attaché de coopération à l’ambassade de France au Liban, parle de la politique de soutien de la France à la formation des infirmières libanaises, dans le cadre des projets européens d’aide universitaire. À l’instar des projets italiens et suédois, consistant l’un dans une assistance technique à la formation continue et l’autre dans la mise en place d’un projet sur le statut personnel de l’infirmière, la France apporte une coopération au niveau de la formation, à l’Université libanaise et à l’Université Saint-Joseph. «Nous apportons notre soutien en fonction des demandes des doyens de chacune des deux universités, explique M. Lascaux. Car notre souci est d’aider le Liban à renforcer sa formation et non pas à favoriser les départs des jeunes vers l’étranger. D’ailleurs, reprend-il, les infirmières libanaises sont sollicitées par la France car elles sont trilingues et parfaitement bien formées. Mais, ajoute-t-il, je pense que l’on devrait interpréter ces départs comme une formation complémentaire dont bénéficieront les infirmières libanaises en France. Car je suis certain que nombreuses sont celles qui retourneront au Liban et feront bénéficier leur entourage de leur expérience». Aux yeux de MM. Pipelier et Lascaux, le retour au bercail des infirmières libanaises, au bout de quelques années, est plus que probable. Certaines attendront probablement d’être naturalisées, d’autres ne tiendront peut-être pas le coup. Car, même en France, selon leurs dires, la profession d’infirmière n’est pas valorisée, surtout dans le secteur privé où les infirmières ont des salaires de 20 % plus bas que ceux de leurs consœurs du public, où la pénurie d’infirmières entraîne une surcharge de travail pour le restant de l’équipe, et où le passage aux 35 heures en janvier 2002 ne fera qu’aggraver le problème.
La position officielle de la France, face au départ des infirmières libanaises, se situe à deux niveaux. Si le consulat général a déjà délivré une cinquantaine de visas de travail aux blouses blanches libanaises depuis l’année 2000, l’ambassade de France met en place, avec les universités locales, notamment l’USJ et l’UL, des programmes de coopération visant à assurer aux étudiantes en sciences infirmières des formations spécialisées. Formations qui leur donneraient un meilleur bagage pour travailler localement, en unités de soins spécialisés. MM. Michel Pipelier et Joël Lascaux, respectivement consul général à Beyrouth et attaché de coopération à l’ambassade, expliquent la position de la France. Une position qui oscille entre la volonté de pallier le manque d’infirmières en France et celle...
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