Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Les comités de parents d’élèves se mobilisent - L’achat du livre usagé, - une pratique qui évolue

Nombreux sont les parents d’élèves à avoir pris la décision d’acheter des livres usagés en cette année de crise. Des parents issus de toutes les couches de la société, poussés par la difficulté commune qu’ils rencontrent à boucler un budget mensuel limité, mais aussi par l’énormité des dépenses auxquelles ils ont à faire face durant la rentrée scolaire. Et pourtant, cette pratique se heurte à une réticence de la part de quelques parents, car l’achat du livre scolaire usagé ne fait pas encore partie des mœurs d’une certaine classe de la société libanaise. C’est la première fois que Karim, commerçant de la classe moyenne, achète des livres usagés à ses garçons qui sont tous deux en classe de 6e dans différents établissements privés de Beyrouth. Des livres qu’il a payés moitié prix dans une grande librairie de Aïn el-Remmaneh, après y avoir vendu les anciens manuels de ses enfants. «Nous avons eu la chance de nous procurer des manuels en très bon état, mais n’avons pas pu trouver tous les livres usagés dont nos enfants avaient besoin, malgré les multiples trajets que nous avons effectués à la librairie», regrette-t-il. Et pourtant, explique ce père de famille, à part les livres d’exercices sur lesquels l’enfant écrit ainsi que les ouvrages nouvellement édités que nous avons achetés neufs, «nous nous sommes pris à temps et sommes allés à la librairie dès que les listes de livres nous ont été remises, soit deux semaines avant la rentrée scolaire». Karim n’a complété les titres manquants par des livres neufs qu’après s’être assuré qu’il ne trouverait pas les titres dans le rayon des usagés. Au total, les deux listes ne lui auront coûté que 300 000 LL. Et même si ce commerçant déclare avoir les moyens d’acheter des livres neufs à ses enfants, il suit la tendance, cette année, comme tout son entourage, aisé ou pas. Un entourage qui, comme lui, a fait la queue au rayon des livres usagés pour économiser, en cette période de crise. Du train où vont les choses, Karim ressent la nécessité de restreindre ses frais, alors qu’il y a tout juste quelques années, il ne regardait pas à la dépense en période de rentrée scolaire. Mais ses enfants grandissent et leurs demandes augmentent, même si elles se veulent raisonnables, de même que la quantité de livres requis par leurs établissements scolaires. Karim espère tout simplement tenir le coup, car s’il se débrouille encore, pour le moment, il sait pertinemment bien que la situation se dégrade un peu plus chaque année. Ils vivent des moments difficiles Mona et son mari travaillent tous deux dans le secteur de la publicité, un secteur fortement touché par la crise, comme d’ailleurs de nombreux secteurs du pays. La rentrée de leurs deux garçons, scolarisés en quatrième et sixième dans une grande institution religieuse de la proche banlieue de Beyrouth, s’est déroulée cette année sous le signe de l’austérité. Une austérité pratiquée à tous les niveaux, aux niveaux des fournitures, des habits et même des manuels scolaires. Surtout des manuels scolaires. En effet, pour la première fois, Mona a acheté à ses enfants des livres scolaires usagés, qu’elle s’est procurés au collège les jours de la foire aux livres. Une foire organisée par la direction du collège pour permettre aux élèves en difficulté de vendre et d’acheter leurs manuels scolaires à moitié prix. Certes, il a fallu acheter quelques livres neufs, notamment les cahiers d’exercices ou de travaux pratiques, les manuels nouvellement édités, ainsi que les livres de bibliothèque. Mais la dépense totale n’a finalement pas dépassé les 250 dollars, le plus jeune ayant hérité de quelques livres de son frère aîné. Et Mona d’avouer que si ce choix l’a enthousiasmée, son fils aîné, lui, n’a pas vraiment apprécié le fait d’étudier dans des livres anciens. «Mais on n’avait pas le choix, dit-elle, quelque peu gênée, et il a accepté le fait, dès qu’il a réalisé que la plupart de ses camarades de classe avaient, eux aussi, des livres de seconde main». Quant aux fournitures et autres dépenses, Mona les a limitées au strict nécessaire. «J’ai refusé de leur acheter de nouveaux cartables, les anciens faisant parfaitement l’affaire. Mais ils avaient tellement envie de ces nouveaux sacs à dos, qu’ils les ont achetés de leur propre argent de poche», avoue-t-elle. Et d’ajouter que si elle a lésiné à la dépense pour le superflu, c’est parce qu’elle a donné la priorité à l’habillement, ses enfants ayant besoin de jeans, ainsi que de vêtements et chaussures de sport. Au terme d’un tour d’horizon sur la situation financière de son ménage, Mona est consciente qu’elle pourrait un jour ne plus avoir les moyens de payer les écolages de ses enfants, car «nous passons par des moments très durs», dit-elle. Elle envisage même la possibilité de les inscrire dans un établissement scolaire moins cher, dont les tarifs ne grèveraient pas son budget. Les comités de parents s’activent T. fait partie du comité des parents d’élèves d’un établissement réputé de Beyrouth, où ses quatre enfants poursuivent leurs études. Cette année, pour apporter un soutien aux parents d’élèves, fortement touchés par la crise économique et dont près de 30 % n’auraient pas payé les écolages, selon ses propos, le comité des parents a organisé et supervisé une vente de livres usagés dans l’enceinte même du collège. Une première dans cet établissement huppé de la capitale. «Cette vente a eu beaucoup de succès dans le secondaire où la demande de livres usagés a été supérieure à l’offre, remarque T., alors que, dans le primaire, l’affluence a été plutôt décevante». «Nous avions pourtant envoyé des circulaires à tous les parents d’élèves. Mais notre initiative n’a pas eu le succès escompté», déplore-t-elle. Quant aux raisons du manque d’enthousiasme des parents et des enfants à l’achat du livre usagé, elles sont probablement multiples, explique T., qui a elle-même acheté des livres usagés à ses enfants. Et de souligner que le comité des parents d’élèves aurait peut-être dû mieux étudier la chose et organiser la vente des livres les jours d’enregistrement, tout en supposant que certains élèves avaient probablement honte d’acheter des livres usagés. Car, dit-elle, «si cette pratique représente une économie non négligeable pour les parents, elle ne fait pas encore partie des mœurs libanaises. Et pourtant, conclut-elle, les gens, toutes classes confondues, sont de plus en plus sévèrement touchés par la crise».
Nombreux sont les parents d’élèves à avoir pris la décision d’acheter des livres usagés en cette année de crise. Des parents issus de toutes les couches de la société, poussés par la difficulté commune qu’ils rencontrent à boucler un budget mensuel limité, mais aussi par l’énormité des dépenses auxquelles ils ont à faire face durant la rentrée scolaire. Et pourtant, cette pratique se heurte à une réticence de la part de quelques parents, car l’achat du livre scolaire usagé ne fait pas encore partie des mœurs d’une certaine classe de la société libanaise. C’est la première fois que Karim, commerçant de la classe moyenne, achète des livres usagés à ses garçons qui sont tous deux en classe de 6e dans différents établissements privés de Beyrouth. Des livres qu’il a payés moitié prix dans une...