Faisant suite à son cortège de mots où la poésie est omniprésente,Vénus Khoury-Ghata aborde la nouvelle avec un souffle «superviellien». Proche de la narration de Jules Supervielle, même plus débridée et délurée, cette écriture relève d’une narration où dominent le plaisir d’écrire et de conter. Nouvelles courtes, étranges, secrètes où humour et images surréalistes se côtoient. «Zarifé la folle et trois autres nouvelles, le nouvel instituteur, la deuxième mort et le chevalier et la veuve» (éditions François Janaud-illustration, pour la couverture Vladimir Velickovic-73 pages), est un petit ouvrage (au format réduit) où l’art de conter suit les fantaisies de l’imaginaire et d’une inspiration vagabonde qui va jusqu’à Bécharré (sans être jamais nommée, cela va de soi !). Inspiration née de cette région gébranienne qui a marqué l’enfance de l’auteur et où «les chèvres mangent les rédactions françaises de la classe du certificat d’études et où les élèves ont l’ouïe aussi fine qu’un chas d’aiguilles». Phrases musicales, images scintillantes, humour à rebrousse poil, voilà un monde aux confins de celui de Sylvie Germain sans son ampleur ou sa dimension et profondeur. Univers énigmatique qui, tout en nous renvoyant vaguement à nos montagnes, demeure sans nul doute un amusant exercice de style. Extrait «C’est à cause d’une nouvelle étoile apparue entre la Grande Ourse et la Petite Ourse que les chèvres d’un village du Nord mangèrent les rédactions françaises de la classe du certificat d’études. Trop occupée à regarder le point lumineux qu’elle voyait pour la première fois, la maîtresse d’école ne les vit pas pénétrer dans sa classe, dévorer le travail de ses élèves puis repartir par la fenêtre le ventre plein de mots».