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Actualités - CHRONOLOGIES

Municipales partielles - La coalition Amal-Hezbollah impose ses règles du jeu dans les localités chiites - La bataille bat son plein dans les villages chrétiens

À 24 heures des élections municipales partielles qui se dérouleront demain dimanche dans les localités et villages de l’ancienne zone occupée, évacuée par Israël en mai 2000, les contours de la bataille se sont précisés de façon presque définitive : dans les villages chiites, une entente conduite par le Hezbollah et le mouvement Amal ; et des batailles en série dans les localités chrétiennes. Ce schéma global n’est évidemment pas uniforme. Dans certains villages chiites, les anciens du Parti communiste et leurs alliés islamo-progressistes (ex-Mouvement national) sont contraints, pour tenter de briser l’étau Amal-Hezbollah, de s’allier aux anciens des familles féodales, comme ce fut le cas lors des précédentes élections législatives. Le succès de cette troisième voie, qui tente de faire face au rouleau compresseur des deux principales formations chiites, est, à l’évidence, aléatoire. Cet axe Amal-Hezbollah a prouvé son efficacité, mais il n’en reste pas moins qu’un haut responsable du Hezbollah a affirmé sur ce plan à L’Orient-Le Jour que «ce sera la dernière fois que cela se passera ainsi». Dans les villages chrétiens, des listes consensuelles ont pu être formées dans certains cas sans pour autant avoir été imposées. Sur le plan chrétien, la région de Jezzine reste le point de mire de ces élections car non seulement elle sera le théâtre de nombreuses batailles, mais elle constituera aussi un observatoire idéal pour juger de l’efficacité de l’entente interchiite dans les villages mixtes de la région. Panorama Dans le caza de Jezzine, seuls cinq villages, sur les 41 concernés par ces partielles, ont réussi à s’entendre sur une liste consensuelle. Il s’agit de Wadi Jezzine, Bteddine al-Lekche, Snaya, Loueizi et Maknounié. Sur l’ensemble des localités de ce caza, 26 devront élire des conseils municipaux aux côtés de leurs moukhtars et les 15 autres n’ont droit, vu le nombre de leurs habitants, qu’à des moukhtars. Sur l’ensemble des candidats qui se sont présentés il n’y a eu que 52 désistements. Il serait hasardeux d’avancer des pronostics concernant la région de Jezzine. En effet, les enjeux, qui vont d’une simple préparation aux prochaines législatives jusqu’au maintien d’un certain statu quo ante, ne facilitent nullement les spéculations. Il est, par contre, possible de brosser un schéma rapide et succinct de l’état des lieux dans les différentes localités, sans pour autant oublier les retournements de situation de dernière minute, comme c’est souvent le cas dans les municipales. Dans la localité de Jezzine, le député Samir Azar reste l’acteur principal. Mais on ne peut ignorer le rôle que pourront jouer les anciens députés et ministres Edmond Rizk et Sleiman Kanaan, l’ancien ambassadeur du Liban à Washington, Simon Karam, et d’autres personnalités appartenant, entre autres, aux familles Serhal et Asmar qui auront certainement leur mot à dire. Dans le chef-lieu du caza, tout se passe dans le calme. Le panachage sera sans doute roi, de sorte qu’aucun pronostic n’est possible concernant le futur président du conseil municipal, d’autant que les enjeux restent, somme toute, d’ordre strictement local. Un peu plus loin, à Kfarhouné, la situation ne manque pas d’un certain intérêt. Dans ce village mixte, les chrétiens ont droit à 8 représentants et les chiites à 7. Ces derniers, sous l’impulsion de leurs partis respectifs, Amal et le Hezbollah, ont choisi leurs candidats et la bataille se limitera au camp chrétien, qui aura à choisir entre une liste soutenue par Issam Haddad, ancien officier de l’armée, candidat grec-catholique aux dernières législatives, et une autre présidée par Mme Najat Hindi, la seule femme à prétendre au titre de présidente d’un conseil municipal dans ces partielles. À Aychieh, encore plus au sud, deux listes s’affrontent : la première conduite par Saad Hneïné et la seconde par Marcel Aoun. Interrogé, le premier s’est plaint des interventions du Hezbollah, ce que l’un des responsables de la formation intégriste a démenti, affirmant que son parti a pris la décision de «ne pas intervenir dans les villages chrétiens». À Roum, on prend le même et on recommence. Girgi Haddad, plus communément connu sous le nom de «Abou-Ajaj», entrepreneur de son métier, avait été élu président du conseil municipal à 33 ans, en 1963. Il n’a pas hésité cette fois à briguer un second mandat, 38 ans plus tard. Il est confronté à une liste menée par Me Maroun Haddad, qui a réussi à convaincre le candidat chiite au siège de moukhtar de se joindre à sa liste. Ainsi, Roum, censée élire deux moukhtars, l’un chrétien et l’autre chiite, risque de se retrouver avec deux moukhtars chrétiens, car le jeu électoral pourrait avantager les deux candidats chrétiens même s’ils se présentent sur deux listes différentes. À Bkassine, Kaytouli, Homsié, Sfaray, pour ne citer que ces localités, les enjeux ne dépassent pas le simple cadre local. Le cas de Marjeyoun Dans le caza de Hasbaya-Marjeyoun, les enjeux sont légèrement identiques mais les calculs sont différents. Dans les villages chrétiens, notamment à Marjeyoun et Kleia, la bataille s’inscrit dans la perspective des prochaines législatives, et dans les villages druzes, c’est la traditionnelle opposition Jomblatt-Arslan qui est toujours omniprésente. À Kleia, plusieurs listes plus ou moins complètes sont en lice. Une première liste avec 15 candidats, présidée par Hanna Khoury, a été annoncée. Les membres affirment être au-dessus de tous les partis et n’avoir pour seule motivation que les problèmes auxquels sont confrontés les habitants. La seconde liste, formée de 13 candidats, est présidée par Hanna Daher. La troisième, qui ne compte que 8 candidats, est conduite par Joseph Salamé. Les observateurs sont étonnés de voir que malgré tous les malheurs qui ont frappé ce village, la population fait montre encore d’assez d’énergie pour aligner toutes ces listes, sans compter les candidats indépendants qui peuvent jouer les trouble-fête. À Marjeyoun, par contre, les habitants n’auront à choisir qu’entre deux listes, dont une est menée par notre confrère Edmond Chedid. Toutes les deux affichent leur volonté de rester en dehors des clivages partisans. Sur ces deux villages, ainsi que sur l’ensemble des villages chrétiens de ce caza, planent l’ombre du député et ancien ministre Assaad Hardane et celle du directeur de la Caisse des déplacés, Chadi Massaad. À Deir Mimas, les communistes et le PSNS se sont entendus sur une liste consensuelle. Pour marquer son refus, le père de Souha Béchara, la jeune fille qui a passé plusieurs années dans les geôles de l’ALS pour avoir tenté de tuer Antoine Lahd, a décidé de briser ce consensus et de se présenter comme candidat indépendant, ce qui va obliger le village à aller aux urnes. Des démarches ont été entreprises afin de pousser M. Béchara à retirer sa candidature. À Rachaya, une liste d’entente a été annoncée à partir de la résidence du député Hardane, chose qui ne doit étonner personne lorsqu’on sait que le député et ancien ministre PSNS est natif de cette localité. À Hasbaya même, une coalition du parti de Talal Arslan, du député Anouar el-Khalil et du PSNS croise le fer avec une liste proche de M. Walid Joumblatt. Dans les autres villages du Arkoub, deux listes sont en lice à Chebaa. Il en est de même à Kfarhamam ainsi qu’à Kawkaba (caza de Hasbaya). Dans ce village maronite, dont le conseil municipal compte neuf sièges, la liste menée par l’homme d’affaires Antoun Khoury semble avoir le vent en poupe car les principales familles du village y sont représentées. En ce qui concerne l’agglomération de Khiam, la plus importante localité de la région avec 14 000 habitants, 18 membres au conseil municipal et 24 bureaux de vote, une importante tranche de la population entend refuser le diktat qui semble les étouffer. Une liste sera formée de candidats opposés à l’entente Amal-Hezbollah. Dans les principaux villages chrétiens du caza de Bint-Jbeil, à savoir Rmeich, Debl, Aïn Ebel, c’est ce dernier qui retient essentiellement l’attention : l’un des chefs de liste est Imad Khoury, fils d’un haut fonctionnaire à la présidence de la Chambre. Il ne lui faut pas plus pour mobiliser une importante partie des électeurs. Il est confronté à une liste menée essentiellement par des représentants des familles Barakat et Diab, qualifiées par certains de «familles traditionnelles». Dans le caza de Tyr, Alma el-Chaab et Nakoura semblent s’orienter vers des listes d’entente patronnées par les deux formations chiites. Plus jamais comme avant Sur les circonstances de cette bataille municipale au niveau des localités chiites, un haut responsable du Hezbollah, Abou-Moustapha, en charge de ce dossier, a indiqué à L’Orient-Le Jour que «l’entente entre les deux grandes formations chiites était impérative». Il souligne à ce propos que «les tentatives pour ramener les plus récalcitrants à la raison va se poursuivre jusqu’à la dernière minute». «Et si les cadres moyens n’arrivent pas à trancher, pour une raison quelconque, le dossier ira jusqu’au “sayyed” et jusqu’à “Oustaz Nabih”, qui certainement trouveront une réponse à la situation, si inextricable soit-elle». Mais le responsable du Hezbollah a tenu aussi à préciser que «plus jamais les élections municipales ne seront ce qu’elles sont aujourd’hui». «Ces élections ne sont pas ce que nous souhaitons, précise-t-il. Pour nous, les affaires des villages doivent être dissociées des questions politiques. Sur ce plan, notre pensée politique a évolué. Les municipales sont une affaire de développement et ceux qui sont sur place doivent prendre leur destin en main. Il ne faut plus qu’il y ait des ententes non conformes aux volontés de ceux qui sont sur le terrain et c’est un principe sur lequel nous allons travailler pour préparer les prochaines municipales», poursuit le responsable du Hezbollah, qui affirme en outre que son parti a décidé de ne pas intervenir dans les localités chrétiennes. «Le camp chrétien a suffisamment de problèmes avec les soubresauts qui le secouent actuellement, précise-t-il. Des interventions de notre part le perturberaient davantage, chose que nous ne souhaitons aucunement, et c’est pour cela que nous nous abstenons de la moindre intervention», a-t-il dit en conclusion.
À 24 heures des élections municipales partielles qui se dérouleront demain dimanche dans les localités et villages de l’ancienne zone occupée, évacuée par Israël en mai 2000, les contours de la bataille se sont précisés de façon presque définitive : dans les villages chiites, une entente conduite par le Hezbollah et le mouvement Amal ; et des batailles en série dans les localités...