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Actualités - CHRONOLOGIES

Municipales partielles - Listes consensuelles dans la plupart des localités chiites de la bande frontalière - Les élections à Jezzine, dernier acte d’un retour à la normale

Pour la première fois depuis une quarantaine d’années (depuis 1963, plus précisément), des élections municipales auront lieu dimanche prochain dans les localités et villages de l’ancienne zone de sécurité évacuée par Israël en mai 2000. La volonté affichée du mouvement Amal et du Hezbollah de présenter des listes consensuelles dans la plupart des localités chiites a sensiblement atténué l’importance et l’intérêt de ce scrutin. Ce consensus paraît toutefois moins évident dans les villages chrétiens, plus précisément dans les agglomérations et les villages de Jezzine et de Marjeyoun. S’il est encore prématuré d’établir un quelconque pronostic pour les résultats dans les plus importantes localités de la région de Jezzine, il est par contre relativement aisé de dresser un schéma exhaustif de la situation sur le terrain. Une situation quelque peu complexe certes, mais qui est assez riche en leçons de politique locale. Première constatation : les incitations à l’entente, notamment de la part du ministère de l’Intérieur, en vue de la formation de listes consensuelles, le tout soutenu par des promesses d’aides financières pouvant atteindre, pour certaines agglomérations, plus de 70 millions de LL, ne semblent pas avoir été entendus par les habitants de la région. Ainsi Jezzine, le chef-lieu, doté d’un conseil municipal de 18 membres, a enregistré 48 candidatures. À Roum, pour 12 sièges il y a eu 28 candidatures, à Aramta, pour 12 sièges 26 candidatures. Pour les 15 sièges de Rihane 45 candidatures, pour les 15 de Kfarhouné 37 et pour les 15 de Bkassine 32. Le nombre de candidatures est si important qu’il n’y a pas lieu de prévoir, dans ces localités, des désistements susceptibles d’éviter des batailles électorales. Il est intéressant de noter dans ce cadre que l’option de listes consensuelles, prônée par Amal et le Hezbollah, n’a pas fait son chemin dans les villages de Jezzine à majorité chiite, tels que Aramta et Rihane. Amal et le Hezbollah, rappelle-t-on, avaient décidé, lors de phase préparatoire des élections municipales, de ne pas autoriser leurs adhérents à présider des listes électorales. Les observateurs ont très bien compris que les deux formations tentaient ainsi d’éviter tout risque de tension entre elles, déjà assez perceptible sur le terrain. Mais cela n’a pas suffi pour éviter les batailles qui s’annoncent assez rudes, pour les uns comme pour les autres, dans les villages chiites du caza de Jezzine. Deuxième constatation : traditionnellement les élections municipales étaient, à quelques détails près, le reflet du paysage législatif de la région. Cette fois-ci, ce n’est aucunement le cas : les députés n’ont plus le rôle qu’ils avaient par le passé, en raison de l’agrandissement de la circonscription électorale. À part M. Samir Azar, qui est le seul capable de perpétuer cette tradition, les deux autres députés, Georges Najm et Antoine Khoury, n’auront pas d’impact sur le déroulement du scrutin. Cette réalité rend tout pronostic difficile et même inutile. Les règles du jeu ne sont plus ce qu’elles étaient depuis presque 40 ans. Troisième constatation : les alliances dans les villages mixtes. Deux exemples, Roum et Kfarhouné : ces deux villages, à dominante grecque-catholique, ont tous deux une forte minorité chiite. La loi électorale ne précise pas une quelconque répartition des sièges au sein des conseils municipaux. Que feront les chefs de liste pour s’assurer les faveurs d’un électorat qui n’appartient pas à leur confession ? En toute logique, ils vont devoir faire des concessions qui leur permettraient de réussir. Mais gare, à ce moment-là, aux polémiques venimeuses. Quatrième constatation : ces municipales partielles vont constituer un test pour plus d’une partie. D’abord pour les habitants eux-mêmes. Ils vont devoir redécouvrir leurs villages éclatés tout au long des 25 années de guerre. Pour certaines localités, plus des trois quarts des inscrits sur les listes électorales ne vivent pas sur le territoire de la commune. Les gens vont, non seulement faire connaissance, mais aussi ils vont découvrir que l’attachement aux villages si bien chanté dans les «Mijana» et «Ataba», n’est plus ce qu’il était. Notre société a changé et il n’y a pas de raison que cela ne se répercute pas sur les élections municipales. Les abstentionnistes peuvent être nombreux. Mais force est de constater, d’un autre côté, que les traditions sont fortement ancrées dans les comportements des gens. On dirait que la guerre n’a pas réussi à effacer ce côté vindicatif présent un peu partout dans les villages, notamment en période électorale. Les attitudes d’aujourd’hui sont greffées sur celles d’hier. Ainsi, des obsèques auxquelles on n’aurait pas assisté il y a plus de trente ans continuent à peser lourd dans la balance des relations humaines et électorales. Et comme la chose est irréparable, car un mort ne peut pas être enterré une deuxième fois, on se retrouve avec une cabale très dure à dépasser. Mais là où les choses semblent devoir changer c’est dans le jeu des moukhtars. Traditionnellement élus pour la dignité de l’âge, les prétendants, cette fois, dans la région de Jezzine sont jeunes et inexpérimentés. Mais ils foncent. Eux sont enclins au changement beaucoup plus que les membres potentiels des conseils municipaux. C’est un phénomène qu’on ne peut ignorer. Pourquoi le changement est ici possible et pas ailleurs ? On ne saurait le dire, mais on ne peut que le constater, et le moukhtar moderne, dans le cas où il est élu, est un jeune diplômé, féru d’électronique, et qui gérera ses dossiers sur ordinateur. Le «tarbouche», on ne le verra plus ou presque. Mais la bataille reste très calme. Calembours et petits poèmes satiriques ont fait leur apparition. Cela est classique pour des municipales. Mais l’ambiance générale reste bon enfant.
Pour la première fois depuis une quarantaine d’années (depuis 1963, plus précisément), des élections municipales auront lieu dimanche prochain dans les localités et villages de l’ancienne zone de sécurité évacuée par Israël en mai 2000. La volonté affichée du mouvement Amal et du Hezbollah de présenter des listes consensuelles dans la plupart des localités chiites a...