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Festival de Baalbeck - Rencontre avec la pianiste Danielle Laval, qui accompagnera demain samedi les « Salzburg Chamber Soloists » - Douceur d’un cœur de fer
Par G.D, le 10 août 2001 à 00h00
Il suffit de regarder Danielle Laval sourire pour comprendre, en évoquant avec elle sa carrière, l’amour immense qu’elle voue au piano. Un sujet sur lequel elle est intarissable : «J’ai commencé à jouer, à l’oreille, à l’âge de trois ans et demi, raconte-t-elle. Depuis, je n’ai pas arrêté. Cet instrument est mon ami». En près de 35 ans de carrière, discrète et très efficace, Danielle Laval confie n’avoir jamais ressenti d’abattement ou de doute : «Mes six heures de répétition quotidienne, je les fais avec le même bonheur», confie-t-elle. Un acharnement serein que remarquent très vite Arthur Rubinstein et Georges Cziffra. Ce dernier l’encourage, dès sa sortie du Conservatoire de Paris, à entrer en contact avec la maison de production EMI : «À 21 ans, j’enregistrais des études de piano, dont celles de Lazar-Lévy, puis un an plus tard, le Concerto de Roussel avec l’orchestre de Paris». De nombreux disques suivront, le plus souvent inédits : Clementi, Hummel et surtout les grands compositeurs pour le cinéma, comme Nino Rota (professeur de Ricardo Muti et auteur de la musique de La Strada de Fellini), Miklòs Rósza (auteur de celle, entre autres, de Ben-Hur), Bernard Herrmann (compositeur pour Citizen Kane d’Orson Welles) ou Michel Legrand, qui a arrangé pour elle la version d’Été 42. Walid Akl, l’ami libanais Beaucoup de studio donc, et très tôt de surcroît : Danielle Laval se démarque d’emblée du reste des pianistes. «Le studio reste pour moi une de mes plus grandes joies, poursuit-elle. Je joue pour quelques techniciens et dans la plus grande intimité personnelle». Mais l’émotion qu’elle trouve face à un public est tout aussi grande : «Je n’apprécie pas spécialement les petits comités, mais les salles de plus de 200 personnes me stimulent». La pianiste est déjà venue à Beyrouth, où elle s’est produite, en novembre 1999, à l’Assembly Hall, pour un hommage à Walid Akl. «C’était un grand ami depuis notre rencontre en 1985», se souvient-elle avec émotion. «Outre le plaisir que je prenais à jouer avec lui à quatre mains, il reste pour moi l’homme le plus drôle que j’ai jamais rencontré». Elle se réjouit à l’avance de jouer dans le temple de Bacchus, qu’elle a visité pendant son séjour : «Je préfère donner peu de concerts et choisir des endroits uniques, pour profiter de tout». Des enregistrements rares, des concerts à découverte, Danielle Laval n’aime pas marcher dans les pas de ses pairs. Mais elle avoue une faiblesse pour Mozart et Rachmaninov : «La musique russe m’émeut beaucoup, poursuit-elle, sans doute que mes origines bulgares y sont pour quelque chose». Grandes émotions La grande technicienne qu’elle est ne peut pas s’empêcher de pleurer d’émotion en jouant le second mouvement du Concerto n°2 de Rachmaninov, même sur scène. «Je passe rapidement du rire aux larmes», dit-elle. Mais une sensibilité jugulée par une ténacité de fer peut tout se permettre, dès qu’elle se plie à deux règles immuables : la rigueur et la santé. «Je suis une matinale, devant son piano à huit heures», ajoute-t-elle. «Je marche beaucoup, je n’aime pas beaucoup le sport à outrance, qui fatigue le cœur». Une stakhanoviste passionnée, qui s’offre «une semaine par an, et quelques dimanches après-midi, de vacances» avant de retourner à ses partitions. Une grande dame de la musique, de cœur et de fer tout à la fois, qui ne se repose pas sur ses lauriers d’enfant prodige et appréciant avant toute chose chez ses collègues (le nom de Clara Haskil fuse en premier) le «legato», ce toucher particulier des notes qui fait toute la différence. En compagnie des «Salzburg Chamber Soloists», elle interprétera demain à 20 heures, dans le temple de Bacchus, des pages de Mozart et de Haydn. Pour les amateurs, un concert sans aucune mauvaise surprise, bien au contraire.
Il suffit de regarder Danielle Laval sourire pour comprendre, en évoquant avec elle sa carrière, l’amour immense qu’elle voue au piano. Un sujet sur lequel elle est intarissable : «J’ai commencé à jouer, à l’oreille, à l’âge de trois ans et demi, raconte-t-elle. Depuis, je n’ai pas arrêté. Cet instrument est mon ami». En près de 35 ans de carrière, discrète et très efficace, Danielle Laval confie n’avoir jamais ressenti d’abattement ou de doute : «Mes six heures de répétition quotidienne, je les fais avec le même bonheur», confie-t-elle. Un acharnement serein que remarquent très vite Arthur Rubinstein et Georges Cziffra. Ce dernier l’encourage, dès sa sortie du Conservatoire de Paris, à entrer en contact avec la maison de production EMI : «À 21 ans, j’enregistrais des études de piano, dont...
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