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Actualités - BIOGRAPHIES

BD - Décès de Morris, dessinateur-créateur de Lucky Luke - Le « poor lonesome cow-boy » a perdu son père

Il était le dernier des monstres sacrés de l’école belge de la bande dessinée. Cinquante-trois ans après avoir donné naissance à Lucky Luke, Morris, de son vrai nom Maurice de Bévère, a rejoint en début de semaine sans crier gare ses complices de la «bande des quatre», Franquin, Jijé et Will. Morris est décédé à Bruxelles des suites d’une embolie pulmonaire consécutive à une mauvaise chute. «Il s’était cassé le col du fémur lors d’une chute la semaine dernière qui a nécessité une opération. C’est suite à cette opération qu’il a fait une embolie pulmonaire», a précisé une porte-parole de la maison d’édition Dargaud, à Bruxelles, qui l’avait vu «en pleine forme» il y a deux semaines à peine. Le «poor lonesome cow-boy far away from home», petite silhouette apparue pour la première fois dans l’almanach Spirou 1947, lui aura rapporté la fortune, générant chaque année un chiffre d’affaires de 40 millions de francs (plus de 5 millions de dollars) rien qu’avec les albums, 200 millions de francs avec les produits dérivés (dessins animés, jeux vidéo et objets divers). Dans les dernières années, Morris aimait à répéter : «Chaque matin, j’ouvre mon journal à la page nécrologique. Comme je vois que mon nom n’y est pas, je ne mets au boulot». Claude de Saint-Vincent, directeur général des éditions Dargaud, confirme : «Il est resté extraordinairement actif jusqu’à la fin. Après la parution de son dernier album, L’artiste peintre, en mars dernier, il avait déjà dessiné un album et demi d’avance». Morris a aussi travaillé à un dessin animé qui doit être diffusé à partir de septembre par France 3 en 52 épisodes. En projet également : un film long-métrage pour 2002 ou 2003, avec Djamel dans le rôle de Jo Dalton... «Il était modeste, très ouvert, très curieux», raconte encore son éditeur. Toujours inventif, il passait ses loisirs à construire des maquettes, transformant son appartement en «un vrai musée d’objets invraisemblables». 300 millions d’exemplaires Né le 1er décembre 1923 à Courtrai (Belgique), Maurice de Bévère, le baccalauréat en poche, se lance d’abord dans le dessin d’animation. En 1945, il bifurque vers l’illustration en rejoignant André Franquin et Will. Lucky Luke naît moins de deux ans plus tard, avec Arizona 1880 dans l’almanach Spirou 1947, vite suivi du premier album, La mine d’or de Dick Digger. En 1955, se forme le tandem Morris et Goscinny. Également scénariste d’Astérix, celui-ci élabore les scénarios de 36 albums tandis que Morris garde la maîtrise du dessin qui s’affine et gagne en subtilité. «Il était l’un des meilleurs dessinateurs de chevaux», estime Claude de Saint-Vincent. À la mort de Goscinny en 1977, il collabore avec plusieurs scénaristes (Vicq, Bob de Groot, Guy Vidal...) et affronte dans plusieurs procès les héritiers de Goscinny pour des histoires de droits d’auteur. En tout, d’abord chez Dupuis, ensuite chez Dargaud, paraîtront 87 albums, tirés en plus de 30 langues, à 300 millions d’exemplaires, autour du cow-boy le plus célèbre de l’Europe (France et Allemagne en tête), avec ses seconds rôles qui crèvent l’image : le cheval Jolly Jumper, le chien Rantanplan, la famille Dalton, et une multitude de personnages tirés du folklore de l’Ouest américain, tous plus typés les uns que les autres. Les États-Unis, où Morris a vécu sept ans de 1948 à 1955, sont en revanche peu réceptifs au traitement humoristique des grands mythes historiques de l’Ouest par le dessinateur belge. Le Japon, autre Mecque de la bande dessinée, reste également réservé. Mais on annonce une prochaine édition en chinois. Selon Claude de Saint-Vincent, qui est également directeur général de Lucky Comics, la filiale de Dargaud spécialement créée en 1999 pour gérer le «Lucky Luke Business», «Morris a toujours exprimé le souhait que son personnage lui survive. Il faut qu’il continue, c’est le meilleur moyen de faire connaître l’œuvre originale de Morris». Marié, sans enfants, Morris avait confié une partie de ses droits à Lucky Comics, affirme-t-il. Pour les millions de lecteurs du monde entier, le dessin le plus connu du héros est celui du cow-boy qui s’éloigne vers le soleil couchant de l’Ouest américain sur son cheval Jolly Jumper. Parlant sept ou huit langues, le dessinateur a vécu aux Etats-Unis de 1948 à 1954, où il a fait la rencontre du scénariste René Goscinny, avec qui il a collaboré jusqu’à sa mort en 1977. Au départ, le dessinateur avait été formé par les cours de dessin de Jean Image. Titulaire de nombreuses distinctions, Morris appréciait particulièrement la médaille que l’Organisation mondiale de la santé lui avait remise à Genève en 1988, pour avoir enlevé à Lucky Luke sa sempiternelle cigarette, remplacée par un brin d’herbe. Il a également reçu le 27 juin 1992 le grand prix spécial 20e anniversaire du Salon international de la bande dessinée d’Angoulême (France). Deux autres albums étaient en préparation, Bêtisier 6, et La légende de l’Ouest.
Il était le dernier des monstres sacrés de l’école belge de la bande dessinée. Cinquante-trois ans après avoir donné naissance à Lucky Luke, Morris, de son vrai nom Maurice de Bévère, a rejoint en début de semaine sans crier gare ses complices de la «bande des quatre», Franquin, Jijé et Will. Morris est décédé à Bruxelles des suites d’une embolie pulmonaire consécutive à...