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Actualités - CHRONOLOGIES

HISTOIRE - L’escadrille du Normandie-Niemen, c’était en 1942 - La saga des airs, de la Békaa à Lipietsk

«Longue vie à nos anciens», ont lancé à l’unisson les pilotes de chasse français et russes de l’escadrille Normandie-Niemen, en levant leur verre de vodka à la santé des cinq anciens de l’escadrille, qui achevaient cette semaine une visite en Russie. Bon pied bon œil, ces vétérans de la Deuxième Guerre mondiale ont suivi le mouvement et vidé cul sec le petit verre, avant de lancer un autre toast... à leur propre santé. Dans le mess des officiers de la base russe de Lipietsk, ce geste a ramené Gérard Weill, 77 ans, plus d’un demi-siècle en arrière, quand il a atterri non loin de là, au plus fort du conflit entre Alliés et nazis. C’était l’automne 1942, mais déjà l’hiver russe à Ivanovo (sud de Moscou). «Nous arrivions du Liban où s’est formé le régiment Normandie-Niemen, sur ordre de De Gaulle», se souvient l’ancien combattant engagé à 17 ans et demi. «Le général voulait que les troupes françaises se battent sur tous les fronts pour prouver que la France libre existait», ajoute-t-il. Pour ce jeune homme expulsé de Djibouti avec sa mère vers Beyrouth par la France de Vichy, c’était aussi l’aventure. Il rêvait d’être pilote, il sera mécanicien. Après une courte formation dans la plaine de la Bekaa et un défilé devant le chef de la France libre, il rejoint par le train Téhéran, d’où un DC-3 affrété par l’armée soviétique le dépose avec ses camarades à Ivanovo. «C’était dur à tout point de vue, à cause du froid et du manque de nourriture», se souvient-il. Et la langue russe ? «On avait appris l’essentiel pour se battre : je t’aime, tu es belle», répond-il le plus sérieusement du monde, l’œil pétillant de malice. Liens d’amitié Le Normandie-Niemen doit son nom à l’une des provinces françaises les plus touchées par la guerre et à la région du fleuve allemand où le régiment s’illustrera, avec plusieurs centaines de sorties et 273 victoires homologuées contre l’aviation ennemie. Soixante ans plus tard, cette saga se perpétue dans les mémoires des unités russe et française qui ont hérité du célèbre nom. «C’est une tradition très forte dans notre escadron», a indiqué le lieutenant-colonel Cyril Claver, qui commande le régiment Normandie-Niemen, à Colmar (est de la France). Quatre Mirage F1 de cette unité se sont posés le 22 juin sur la base russe de Lipietsk, escortés par autant de chasseurs russes Su-27. Une visite de courtoisie, la seconde après celle du régiment russe du même nom en France, en 1997. Pour le général de brigade Pierre-Henri Mathe, qui menait cette délégation, Normandie-Niemen «cristallise la communauté culturelle et intellectuelle entre nos deux pays, malgré les soubresauts de l’histoire». Sur les réservoirs de carburant des appareils français, on a peint pour l’occasion une étoile rouge soviétique, en l’honneur de cette communauté d’armes qui rassembla à l’époque la France et l’URSS. Les Soviétiques la préservèrent des aléas de l’histoire à leur manière, en basant leur régiment Normandie-Niemen à bonne distance de l’ennemi de la guerre froide, près de Vladivostok, en Extrême-Orient. «Après une longue pause, nous avons repris les liens d’amitié entre aviateurs russes et français», a remarqué le général russe Nikolaï Antochkine, ex-commandant de l’aviation de combat russe. Après trois jours sur la base de Lipietsk, où s’entraîne le gratin des pilotes russes, puis une journée sur celle d’Ivanovo, la délégation de vétérans et de militaires français est passée mardi par Moscou avant de repartir pour la France. «Aujourd’hui nous avons à construire ensemble un monde multipolaire et une Europe forte», a déclaré l’ambassadeur de France en Russie Claude Blanchemaison, en ajoutant que «rien ne se fera en Europe sans une relation forte entre la Russie et la France».
«Longue vie à nos anciens», ont lancé à l’unisson les pilotes de chasse français et russes de l’escadrille Normandie-Niemen, en levant leur verre de vodka à la santé des cinq anciens de l’escadrille, qui achevaient cette semaine une visite en Russie. Bon pied bon œil, ces vétérans de la Deuxième Guerre mondiale ont suivi le mouvement et vidé cul sec le petit verre, avant de...