Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINIONS

Point de vue - Le devoir de s’asseoir

Cet aphorisme vient d’un conseil formulé de façon pittoresque dans l’Évangile : «Quel est le roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, qui ne s’assied pas d’abord pour délibérer s’il peut, avec dix mille hommes, faire face à un ennemi qui vient l’attaquer avec vingt mille ?» (Luc XIV, 31). Or, le Liban officiel n’a pas l’habitude de commencer d’abord par s’asseoir. Il n’en a pas le temps. Il est le plus souvent en déplacement soit pour répondre à des invitations, soit pour participer à des commémorations, soit pour négocier un quelconque accord à l’efficacité douteuse tant que notre glissement sur la pente du ravin n’a pas été stoppé drastiquement. Quant à délibérer, on se demande si le Liban responsable se paye ce luxe, du moins pour les questions vitales auxquelles est suspendu notre destin : 1- Ses conseillers-jurisconsultes, censés être sur la brèche 24h/24, lui ont-ils signalé l’incompatibilité (l’incohérence) qu’il y a, d’une part, à se réclamer du fameux armistice conclu avec l’ennemi – armistice dont l’effondrement précipiterait pour nous la catastrophe – et, d’autre part, saisissant l’aubaine d’une tribune internationale, de se lancer simultanément dans une proclamation belliciste et comminatoire contre ce même ennemi (voir L’Orient-Le Jour du 29/5 p.2) ? 2- Réalise-t-il, ce Liban officiel, qu’un pays «de quelques arpents», 10 452 km carrés, n’a d’autre recours sur terre que la communauté internationale, savoir l’Onu, pour défendre son entité et lui rendre justice dans ses revendications vitales ? Dès lors, n’est-il pas malséant, et surtout dommageable, d’entrer en conflit avec cette autorité, conflit pouvant aller jusqu’au bras de fer ? Et même si cette autorité condescend à rediscuter, avec courtoisie et longanimité, les rengaines soulevées à chaque rencontre, ne pouvons-nous pas craindre que, poussée à bout, elle ne finisse par appliquer strictement les textes et retirer le tapis de sous notre château de cartes ? Conclusion : – que le Liban officiel applique donc le conseil de l’Évangile et se mette à délibérer sur les questions vitales ; – que, suivant l’exemple célèbre de Candide, «il cultive son jardin» commençant par le jardin du Sud qu’on espérait voir ressusciter dès la libération, mais qui n’a fait, depuis un an, que s’enfoncer dans le marasme, l’incertitude et l’insécurité, avec un taux d’exode jamais atteint ; – que ce Liban se mette enfin à pratiquer un minimum de transparence, condition indispensable pour qu’il puisse récupérer un début de confiance chez le peuple, lequel est gagné par un noir scepticisme pour son avenir.
Cet aphorisme vient d’un conseil formulé de façon pittoresque dans l’Évangile : «Quel est le roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, qui ne s’assied pas d’abord pour délibérer s’il peut, avec dix mille hommes, faire face à un ennemi qui vient l’attaquer avec vingt mille ?» (Luc XIV, 31). Or, le Liban officiel n’a pas l’habitude de commencer d’abord par s’asseoir. Il n’en a pas le temps. Il est le plus souvent en déplacement soit pour répondre à des invitations, soit pour participer à des commémorations, soit pour négocier un quelconque accord à l’efficacité douteuse tant que notre glissement sur la pente du ravin n’a pas été stoppé drastiquement. Quant à délibérer, on se demande si le Liban responsable se paye ce luxe, du moins pour les questions vitales auxquelles est suspendu...