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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - Le politologue J. Alterman - appelle à plus d’interactivité - entre Arabes et Américains

«Stabilité et changement : les États-Unis et le Moyen-Orient», tel a été le thème abordé par Jon Alterman dans une conférence organisée par l’ambassade US en collaboration avec le Club de presse libanais. M. Alterman est un spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut de paix américain et boursier du Conseil des affaires étrangères, un organe consultatif indépendant auprès de Washington. L’orateur a entamé la conférence en déclarant qu’il était troublé par l’incident de l’avion libanais abattu. À ce propos, il a précisé qu’il ne représentait pas le gouvernement et que son exposé portait sur la politique US à long terme plutôt que sur les réactions ponctuelles de l’Administration américaine. Il a d’abord évoqué les changements survenus dans les médias au Moyen-Orient grâce aux technologies récentes. «La scène médiatique est de plus en plus saturée par les nouveaux moyens de communication, des moyens qui permettent désormais aux organisations et même aux individus de se faire entendre bien plus qu’il y a 10 ans», a-t-il dit en soulignant qu’il ne parlait même pas des nouvelles technologies comme l’Internet mais plutôt des «technologies moyennes» comme le fac-similé, la radiocassette, la télévision satellitaire… tous les moyens qui facilitent l’échange de messages, des moyens bon marché qui ont été développés dans les années 70. «Cette communication ne se fait pas à l’initiative du pouvoir mais par la volonté des individus qui ont la liberté de choisir l’information à assimiler à partir d’une panoplie de sources différentes… ce n’est plus l’État qui pousse mais la population qui tire», a-t-il soutenu. En précisant que les médias libanais jouissent déjà d’une certaine liberté, il a affirmé qu’une «conséquence directe sur le monde arabe de cette dissémination des informations est que la censure est battue en brèche, ce qui constitue un changement de taille pour les pays de la région sans tradition libérale en matière de presse». La deuxième conséquence citée par M. Alterman est que l’information officielle est désormais soumise à une concurrence ardue dans ce «bruyant» paysage médiatique. Pour parvenir alors à transmettre leur message, les gouvernements arabes se doivent d’être plus attentifs aux besoins et aux aspirations de leurs populations. La conférence de Jon Alterman a pris une tournure nettement plus intéressante lorsqu’il a introduit le point de vue américain sur la presse arabe en posant la question de savoir si elle a quelque impact sur le processus de décision à Washington. «Bien que le gouvernement américain soit plus efficace que jamais dans la traduction et le tri de la presse arabe, il n’est toujours pas évident de dresser une liste exhaustive de toutes les informations échangées tant sur les télés que par le biais de la “littérature grise” tels que les tracts, ce qui rend extrêmement difficile la compréhension du monde arabe». Il a cité en exemple les multiples talk-shows dans le paysage audiovisuel libanais. Cette compréhension est d’autant plus confuse que «l’idée reçue à Washington est que les régimes arabes sont autoritaires et inamovibles et que l’hostilité de l’opinion publique arabe est une constante», a-t-il dit avant d’expliquer que «dans un tel contexte, l’Administration américaine préfère passer outre ce ressentiment anti-américain et investir dans d’étroites relations intergouvernementales avec les Arabes». L’autre point de vue, partagé par M. Alterman, et qui fait son chemin aussi à Washington, est que l’opinion publique arabe gagnera graduellement en importance auprès des États arabes menant à une promotion indirecte de la bonne gouvernance à travers les médias, même s’il ne s’agira toujours pas de régimes démocratiques en bonne et due forme. «Adopter une attitude arrogante et ignorer cette opinion publique alimentera le ressentiment anti-américain, ce qui encouragera à son tour l’hostilité envers les Arabes», estime-t-il en imputant aussi la responsabilité de cette hostilité à ces derniers. Loin de faire l’apologie de l’establishment américain, qu’il a qualifié de chaotique, le conférencier fait valoir en effet que le système US a l’avantage d’être ouvert à toutes sortes d’influences, «sinon on ne verserait pas des milliards de dollars annuellement dans le lobbying». Il incombe donc aux Arabes de participer à l’édification du Moyen-Orient en encourageant l’interaction entre les différents acteurs de la société et les décideurs américains car le vieux système de rapports exclusifs d’État à État est dépassé. «Vous devez aider des gens comme moi-même, qui défendent l’idée que, les Arabes ont en fait leur mot à dire concernant la politique US afin d’orienter cette dernière dans la bonne direction», a-t-il conclu avant d’enchaîner que «la seule alternative serait que les démagogues l’emportent en proposant des solutions simples à des problèmes complexes». En réponse à une question sur l’engagement américain pour la démocratie au Moyen-Orient, l’orateur a admis que l’Administration US mise à court terme sur du concret comme l’établissement d’une base militaire plutôt que sur un objectif nébuleux tel que l’instauration de la démocratie. Concernant le rôle US dans le processus de paix, il a souligné que les É-U ne peuvent plus intervenir que pour finaliser un accord déjà conclu. «Les É-U ne peuvent pas forcer la main aux Israéliens et aux Palestiniens ; les premiers doivent se rendre compte qu’il devront un jour mettre un terme à l’occupation et les seconds devront continuer à assurer que le conflit prendra fin avec la restitution des terres de 1967», a-t-il insisté en arguant que c’est l’opinion publique des deux bords qu’il faut convaincre pour résoudre le conflit. Ce nécessaire travail de persuasion de la part des Arabes est d’ailleurs une constante dans le discours de Jon Alterman qui a en revanche souligné, en citant le rapport Mitchell, s’attendre à plus de «neutralité active» de la part de Washington.
«Stabilité et changement : les États-Unis et le Moyen-Orient», tel a été le thème abordé par Jon Alterman dans une conférence organisée par l’ambassade US en collaboration avec le Club de presse libanais. M. Alterman est un spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut de paix américain et boursier du Conseil des affaires étrangères, un organe consultatif indépendant auprès de...