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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONGRÈS - Plus de 400 spécialistes aux réunions de la Société de neurochirurgie francophone - La médecine et le français dans l’histoire

Les travaux du 51e congrès de la Société de neurochirurgie de langue française seront inaugurés ce matin, à 9 heures, à l’hôtel Phoenicia Inter-Continental. Ils se poursuivront jusqu’au samedi 19 mai. Placé sous l’égide du ministre de la Culture Ghassan Salamé, ce congrès est organisé en collaboration avec la Société libanaise de neurochirurgie. Il s’inscrit dans le cadre des activités organisées à l’occasion du IXe sommet de la francophonie qui se tiendra à Beyrouth en octobre prochain. Ce congrès regroupe plus de quatre cents spécialistes de quinze pays francophones, à savoir le Liban, la France, la Belgique, la Suisse, le Canada, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Égypte, l’Italie, le Luxemboourg, la Roumanie, l’Australie, le Mexique et la Syrie. À l’ordre du jour du congrès, des tables rondes sur la neurochirurgie fonctionnelle et les alternatives chirurgicales du rachis cervical dégénératif, un rapport sur la radiochirurgie des malformations artérioveineuses cérébrales ainsi qu’un symposium sur l’endoscopie neurochirurgicale. Les organisateurs ont également prévu des communications libres, d’une durée de cinq minutes chacune. Elles seront données au cours des journées de jeudi et de vendredi. Qu’est-ce qui réunit aujourd’hui à Beyrouth des hommes de science, des hommes de loi et des lettrés ? C’est tout simplement la science, prise dans son sens à la fois le plus étendu et le plus ciblé pour ce qui touche à l’homme, véhiculée par une langue qu’on appelle le français. Ces deux grandes données universelles que sont la science de l’homme et le français sont nées à une même charnière de l’histoire, sans laquelle cette réunion n’aurait plus eu lieu, et qu’on appelle, communément, «la Renaissance» en français, «The Renaissance» en anglais, «an-Nahda» en arabe littéraire et dialectal. Durant deux siècles environ, l’histoire, au lieu de marcher, s’est mis à courir puis à voler. On situe cette période de l’histoire entre le XVe et le XVIe siècle. C’est autour de ces deux siècles environ que l’Europe, dans un élan qui continue à intriguer les historiens, a réalisé des bonds dans les sciences théoriques et exactes – dont la médecine naturellement – qui n’avaient pas de précédents dans l’histoire. Au commencement, le livre En 1543, paraissent deux ouvrages essentiels pour l’histoire de la science, appliquée au cosmos comme au corps humain, le traité de Copernic, un Polonais affirmant que la Terre n’est pas immobile mais qu’elle tourne sur elle-même et autour du Soleil, et un ouvrage de Versale, un Flamand, qui jetait les bases de l’anatomie moderne. N’est-il pas écrit dans un verset du Coran sur la Vierge Marie : «Ô Jean, tiens le livre avec force». Quel rapport, dira-t-on, entre la science du Cosmos par Copernic, la science du corps humain par Versale, et le français ? Une lente gestation de l’esprit humain avait donné naissance à une nouvelle ère de l’humanité. Quatre ans seulement avant la publication de ces deux ouvrages qui marquèrent l’histoire scientifique de l’homme, le roi François Ier, par l’Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, substituait à la langue latine le français dans les actes notariés. La langue française passait du rang d’un idiome, d’un dialecte, d’un patois au statut de langue nationale des Français. Ainsi, la porte était grande ouverte à l’entrée du droit et de la médecine au français. Plaider en latin, enseigner le droit en latin devenaient une aberration, du moment que les actes notariés devaient être rédigés en français. La médecine devait suivre plus tardivement – à ce que l’on sait d’après Molière – mais les barrières étaient bel et bien tombées. Pourquoi ces deux ouvrages, suivis par tant d’autres en médecine et en science de l’univers, virent-ils le jour en 1543 précisément ? Un ministre français de l’Éducation expliquant la Renaissance Claude Allègre, ministre de l’Éducation au franc-parler notoire, soutient plusieurs théories sur le devenir et l’histoire de l’homme dans un ouvrage qui ne manque pas de saveur intitulé Dieu face à la science. Il interprète le développement de toutes les disciplines à partir du XIVe siècle – il prêche pour sa paroisse – comme une résultante de la naissance des universités : Oxford, Bologne, Montpellier, Cambridge, Prague, Vienne, Cracovie, Budapest, etc., allant de 1303, à Avignon, à 1391, à Ferrare. Ces universités visaient la plupart du temps à l’étude des textes de la Bible mais irradiaient invinciblement sur les autres domaines du savoir comme par un feu sacré ; ces universités servirent de véhicule à une pensée qui ne demandait qu’à s’épanouir ou qui s’était déjà épanouie. Quelqu’un avait servi de fécondateur à l’Europe qui dormait dans une léthargie que certains auteurs font remonter à la chute de l’empire romain en Europe. Il y avait eu, certes, les croisades, grandes aventures sociales, militaires et commerciales ; il y avait eu l’expansion des villes italiennes grâce au commerce ; mais les grandes chevauchées de l’art et de la science n’avaient pas suivi. Le traditionalisme tenait la dragée haute à toute démarche de la pensée qui ne se pliait pas aux canons du domaine sacré. Le relais andalou Ce sont les musulmans d’Espagne qui seront les fécondateurs de la révolution scientifique et philosophique de l’Europe médiévale chrétienne. Il y a matière à une profonde réflexion sur le destin de la pensée humaine, ses avatars et ses paradoxes : les enfants du Coran ont appris aux fils de la Bible et de l’Évangile à interpréter les textes sacrés dans un sens pragmatique et évolutif à la fois. La traduction de l’œuvre d’Aristote, imprégnée par l’idée maîtresse de l’observation, est ainsi réalisé par Averroès et Avicenne qui la transmettent à l’Occident ; il en va de même des théories grecs sur les atomes, l’observation des astres et les mathématiques que les musulmans auraient apprises aux Indes durant leur conquête de ce pays au XIe siècle. Certains historiens attribuent à la fréquentation de l’Université musulmane de Salerne au XIe siècle, près de Naples, la naissance de l’Université de Montpellier en 1295. L’université de médecine à Salerne conférait, déjà, à ses disciples le titre de docteur et de maître en médecine. La langue française et la médecine Quand un Européen parlait médecine avant le XVe siècle, il parlait latin. À partir de la fin du XVe siècle, on parla français en France grâce à François Ier, allemand en Allemagne grâce à Martin, anglais en Angleterre grâce à Shakespeare et pour d’autres raisons. Du Xe au XIVe siècle, on parla français en Angleterre, puis soudain on cessa de le parler, alors même que toutes les élites et les cours européennes parlaient français, du roi de Prusse Frédéric II à Catherine II de Russie. La guerre de cent ans avait mis un point final à l’usage du patois français en Angleterre. L’histoire de la langue française est évidemment liée à l’histoire de la France, mais elle lui est aussi corollaire : elle a une vie autonome comme l’eut le latin quand il essaima avec l’empire romain et comme l’anglais l’a toujours été avec tellement d’évidence : on parle couramment anglais à Washington, mais on le parle aussi à Islamabad. On parle français à Dakar, à Québec et évidemment à Beyrouth aussi. Durant deux siècles, les élites et les cours européennes parlèrent français avec Voltaire et Rousseau, puis ce furent les peuples qui le parlèrent avec les idéaux de la révolution qui se répandaient. On parla français à Varsovie et à Bucarest et ces habitudes, bonnes ou mauvaises, sont restées. Aujourd’hui, pour entrer dans la modernité, il y a quatre ou cinq clefs, qu’on l’admette de bon cœur ou non, et l’une de ces clefs, c’est ce patois européen qu’on appelle le français. Mais ce patois a aimé le monde et le monde l’a aimé. Le monde a aimé Stendhal et Mérimée, Maupassant et Flaubert, Zola, Bergson, Proust et le Sartre de Saint-Germain-des-Prés. Puis, à chaque coin de rue dans le tiers-monde, un petit soldat perdu veut se faire passer pour un Charles de Gaulle. Et on s’étonne, avec tout cela, qu’à la fin du siècle dernier, en 1884 exactement, la langue de Vaugelas et le charabia du Dr Jean Martin Charcot se soient rencontrés à la Salpêtrière pour ne plus jamais se séparer.
Les travaux du 51e congrès de la Société de neurochirurgie de langue française seront inaugurés ce matin, à 9 heures, à l’hôtel Phoenicia Inter-Continental. Ils se poursuivront jusqu’au samedi 19 mai. Placé sous l’égide du ministre de la Culture Ghassan Salamé, ce congrès est organisé en collaboration avec la Société libanaise de neurochirurgie. Il s’inscrit dans le cadre des activités organisées à l’occasion du IXe sommet de la francophonie qui se tiendra à Beyrouth en octobre prochain. Ce congrès regroupe plus de quatre cents spécialistes de quinze pays francophones, à savoir le Liban, la France, la Belgique, la Suisse, le Canada, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Égypte, l’Italie, le Luxemboourg, la Roumanie, l’Australie, le Mexique et la Syrie. À l’ordre du jour du congrès, des tables...