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Actualités - ANALYSES

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE - Coopération pionnière entre universités et municipalités - Des étudiants belges planchent sur le sauvetage - de l’environnement à Ehden

L’urbanisme sauvage demeure le plus grand obstacle face à l’aménagement du paysage au Liban. Tous ces immeubles qui ont poussé comme des champignons durant la guerre ont fait perdre à chaque cité et village son aspect particulier. Ehden n’a pas été exclu de cette «explosion urbaine». Station estivale très recherchée par les habitants du Liban-Nord, le petit village s’est transformé, en moins de deux décennies, en une petite ville touristique. Certes, cela lui a assuré de nouvelles ressources économiques, mais malheureusement, aux dépens de son patrimoine. Ehden a perdu une grande part de son aspect historique et de son authenticité. Ainsi, certains immeubles encerclent le vieux village et d’autres défigurent le paysage des montagnes tout autour. Pour limiter ces dégâts et trouver une solution à la situation, la municipalité de Zghorta-Ehden collabore activement depuis trois ans avec la faculté d’agronomie de Gembloux en Belgique. Les étudiants de troisième cycle de cette faculté consacrent leurs mémoires de diplôme à Ehden. Cette coordination a commencé en 1998, à la suite du séjour d’une jeune étudiante belge au Liban. Sophie Colette, futur ingénieur spécialiste en aménagement du territoire, est tombée amoureuse du pays des cèdres et a voulu préparer son mémoire sur l’agriculture dans la région. Cherchant alors de l’aide, elle envoie un courrier à Ghassan Tayoun, membre du conseil municipal de Zghorta, et lui présente son projet d’étude sur la société agraire à Ehden et dans les villages de la vallée de la Kozhaya. Ravi de cette initiative, ce dernier lui assure alors l’hébergement et le déplacement dans la zone étudiée au cours des trois mois et demi de travail sur le terrain. Après la soutenance de son mémoire et la grande réussite du travail, la collaboration entre la faculté des sciences de l’agronomie de la ville de Gembloux et la municipalité de Zghorta - Ehden devient plus active. Deux autres mémoires sont alors proposés, la commune de Gembloux assure le billet d’avion aux étudiants et la municipalité se charge de leur séjour au Liban. Ainsi, en l’an 2000, deux autres mémoires ont été achevés. Regards d’ailleurs Après l’étude de la société agraire, les étudiants se sont penchés sur les caractéristiques de la localité. Ainsi, le mémoire réalisé par Sébastien Rodesch s’intitule Ehden, patrimoine et aménagement et celui d’Emmanuelle Brunin, L’eau et la forêt de la réserve naturelle d’Ehden. «Toute étude du paysage d’Ehden n’incluant pas le patrimoine est considérée incomplète. Car le village s’est développé dans les alentours de la zone historique située en son centre. Malheureusement, cette zone est largement menacée par l’extension urbaine, l’absence des mesures de protection, le manque de restauration et de réhabilitation des anciennes maisons et demeures», affirme M Rodesch. Dans son mémoire, cet ingénieur a tenté de combler un vide, il a inventorié les maisons historiques et mis en évidence les zones importantes à sauvegarder. Quant à la réserve d’Ehden, c’est une ressource à multiples aspects pour le village. «En premier lieu, c’est une ressource scientifique puisque c’est un réservoir génétique. On peut y sélectionner les espèces de végétation et les replanter. C’est une ressource touristique aussi, vu le grand nombre des randonneurs pédestres. Et cette réserve est unique en son genre à cause de sa végétation en étages. De multiples espèces d’arbres poussent à différentes altitudes. Donc en traversant la réserve, on a toujours l’impression de se promener dans différentes forêts», note Mlle Brunin. La municipalité de Zghorta-Ehden a voulu rendre hommage au travail de ces étudiants et faire profiter les habitants de ces recherches. Elle a donc organisé une journée-débat à Ehden entre chercheurs et habitants et prévoit une exposition permanente des tableaux explicatifs, synthèse de leurs mémoires, dans les locaux de la municipalité. «Ces études ne sont pas des projets futuristes à réaliser mais une donnée de base pour une recherche plus approfondie ultérieurement, note Ghassan Tayoun, membre du conseil municipal. C’est en fait un ensemble de réflexions sur les problèmes les plus urgents vécus à Ehden, ce sont des propositions et des suggestions partant d’une estimation objective de notre patrimoine. Car, étant donné que ces étudiants ne sont pas originaires du village, ils n’ont pas de prise de position, d’attachement affectif ou de préférence pour certains aspects du patrimoine. D’ailleurs, c’est bien pour cette raison que nous avons choisi le titre de “Regards d’ailleurs” pour l’exposition», poursuit-il. Séminaire à Ehden L’exposition des résultats des recherches est le premier pas effectué par la localité d’Ehden dans le cadre de leur «promotion». La deuxième étape portera sur la présentation qu’effectuera le professeur Claude Feltz de l’Université agronomique de Gembloux au séminaire de l’Unesco à Saïda (fin mai) sur la collaboration franco-belge pour l’aménagement du territoire à Ehden. Cependant, l’essentiel de la coordination aura lieu à Ehden au cours du mois de septembre. «Un séminaire interuniversitaire international se déroulera dans le village du 16 au 28 septembre. La faculté d’agronomie de Gembloux y participera activement par la présence de ses étudiants en études supérieures. Les universités libanaises y seront également représentées ainsi que l’école d’architecture de Venise, explique M. Tayoun. «Le financement d’un tel projet est assuré en grande partie par le secrétariat d’État à la Coopération et au Développement de la coopération internationale, la ville de Gembloux et la municipalité de Zghorta-Ehden», poursuit-il. «Ce séminaire sera l’occasion pour nos étudiants en diplôme de travailler sur le terrain, explique le professeur Feltz. Ils seront accompagnés de cinq experts et d’un professeur adjoint. Leur collaboration avec leurs collègues libanais et italiens leur sera d’un grand bénéfice». Il est prévu que cinq de ces étudiants viennent au Liban de février à juin 2002 pour de nouveaux mémoires s’intéressant particulièrement à l’eau. L’approvisionnement du village, les écoulements à l’intérieur de la ville, l’épuration, le déversement…seront alors étudiés sous tous leurs aspects. Pour que cette expérience exceptionnelle ne se limite pas à Ehden mais englobe aussi les villages de la branche Kozhaya, l’exposition des résumés des mémoires fera le tour des locaux des municipalités dans ces différentes localités dont l’aménagement sera discuté dans les ateliers de travail du séminaire. Pour qu’un changement effectif ait lieu sur le terrain, il faut qu’il y ait une proposition «scientifique» d’aménagement du territoire ainsi qu’une sensibilisation des habitants. «Il faut créer des agences locales pour le développement durable de la région. Cela assurera alors la sauvegarde du patrimoine historique et naturel et protégera la ville de l’urbanisme sauvage. Un tel travail ne peut être effectué que par un expert en la matière ayant vécu au moins un an dans la localité, étudiant le flux des visiteurs au cours des différentes saisons», souligne M. Tayoun qui poursuit : «Les mémoires des étudiants, la collaboration de trois ans et le séminaire entraîneront sûrement des modifications réelles sur le terrain. L’objectif de toute la collaboration sera alors atteint».
L’urbanisme sauvage demeure le plus grand obstacle face à l’aménagement du paysage au Liban. Tous ces immeubles qui ont poussé comme des champignons durant la guerre ont fait perdre à chaque cité et village son aspect particulier. Ehden n’a pas été exclu de cette «explosion urbaine». Station estivale très recherchée par les habitants du Liban-Nord, le petit village s’est transformé, en moins de deux décennies, en une petite ville touristique. Certes, cela lui a assuré de nouvelles ressources économiques, mais malheureusement, aux dépens de son patrimoine. Ehden a perdu une grande part de son aspect historique et de son authenticité. Ainsi, certains immeubles encerclent le vieux village et d’autres défigurent le paysage des montagnes tout autour. Pour limiter ces dégâts et trouver une solution à la...