Les prochaines élections à la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth (CCIB) qui auront lieu le samedi 5 mai sont importantes. Elles verront d’ailleurs plusieurs personnes s’affronter pour la place de membres du conseil d’administration. En tout 16 personnes seront élues : 4 sunnites, 4 chiites, 4 maronites, 3 orthodoxes et 1 arménien. Le conseil d’administration compte en tout 24 membres, les 8 autres seront nommés par le ministère de l’Économie quelque temps après l’élection du 5 mai. L’enjeu est de taille puisque la Chambre de commerce et d’industrie est tout de même le plus grand organisme privé qui opère au Liban : 16 000 inscrits environ dont 4 034 votants (pour ceux qui ont réglé leurs cotisations). À titre comparatif, les autres organismes, Associations des commerçants ou Association des industriels, comptent chacun à peu près 500 inscrits dont 200 membres actifs. Toute exportation passe obligatoirement par la CCIB qui tend à influer sur l’environnement juridico-économique dans lequel opèrent les entreprises libanaises. Deux faits impriment un caractère particulier aux prochaines élections : une femme, Wajiha Moussawi (chiite), se présente aux élections et vise une des cinq places réservées à sa confession ; Adnan Kassar, l’actuel président de la Chambre, brigue son cinquième mandat consécutif (quatre fois président de la Chambre, M. Kassar s’est trouvé pendant 20 ans à la tête de la CCIB). M. Kassar annoncera aujourd’hui au siège central de la Fransabank – banque qu’il dirige – la composition de sa liste consensuelle et le programme de travail qu’il soutient. Robert Debbas et Mohammed Lamaa, actuels vice-présidents de la Chambre, feront certainement partie de la liste que M. Kassar défend. Des candidats chrétiens redoutent de voir l’expérience des élections des médecins rééditée et s’inquiètent d’un éventuel désintérêt des électeurs chrétien. Pour eux, au-delà des dissensions confessionnelles, il est question d’assurer une véritable représentation du paysage des entreprises libanaises au sein de la Chambre. D’une manière très diplomatique, Roy Badaro qui se présente sur une liste indépendante sous le thème «Libre choix des entreprises», affirme soutenir «une liste consensuelle qui puisse représenter le plus le paysage des entreprises libanaises. Une liste, dira-t-il, qui puisse permettre à ces entreprises de défendre leurs intérêts non seulement dans les grandes lignes, mais aussi dans les détails». Il mise sur le fait que les chrétiens représentent 53 % de l’électorat total et peuvent théoriquement faire changer le paysage de ces élections dont l’issue semble déjà décidée. Reste à voir si de telles velléités démocratiques peuvent faire le poids contre de vieilles habitudes d’ententes puisque les candidats en lice ont été dernièrement informés de la possibilité de votes par procuration. Certains s’inquiètent des pressions politiques qui peuvent en résulter. À l’image du pays, les tensions confessionnelles ne sont pas absentes de telles élections. Lundi dernier, la Chambre de commerce et d’industrie par l’intermédiaire de son vice-président Robert Debbas a jugé nécessaire de publier un communiqué faisant état de son refus de «commenter les rumeurs de tiraillements confessionnels au sein de la Chambre à la veille des élections».