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Actualités - CHRONOLOGIES

Société - Après l’Arabie séoudite et Qatar, le jeu d’aventures japonais interdit à Dubaï - Les Pokémon sèment la zizanie en Jordanie

Les autorités religieuses de Dubaï ont interdit le jeu d’aventure pour enfants Pokémon, suivant l’exemple de l’Arabie séoudite et d’un mufti de Qatar, alors qu’en Jordanie la polémique sème la zizanie. Les dirigeants de la communauté islamique de Jordanie se sont déclarés déterminés à les «attraper toutes», ces cartes de Pokémon que les jeunes adorent collectionner, à l’instar du slogan de ce jeu très populaire. La diffusion de ce jeu a par ailleurs valu quelques soucis à la communauté chrétienne à Amman, alors que des Jordaniens y voient un complot israélien. Le père Emmanuel Estephan Banna, de la communauté chrétienne syriaque-orthodoxe, a ainsi reçu il y a quelques jours des messages anonymes : ils «affirment que le mot Pokémon et les noms des personnages de ce jeu sont juifs avec des racines syriaques et sont insultants pour l’islam», a déclaré le prêtre. «Ils disent que Pokémon veut dire : “Je suis juif” et que Pikachu (le héros des Pokémon) est une description offensante d’Allah (Dieu). Il est clair que tout cela vise à créer des problèmes entre chrétiens et musulmans», a-t-il estimé. Les plus hautes autorités religieuses de l’Église syriaque à Jérusalem ont rejeté ces allégations et le père Emmanuel a publié un communiqué dans la presse locale, niant tout lien entre sa communauté et les Pokémon. La langue syriaque appartient à la famille de l’araméen, un parler sémitiques du IXe siècle av. J-C utilisé dans la liturgie de plusieurs Églises orientales. L’attaché culturel japonais à Amman Koji Tahara affirme avoir reçu récemment plusieurs coups de fil de gens lui demandant de prononcer le mot «juif» en japonais. «C’est “youdayajin”, ce qui n’est vraiment pas proche de Pokémon», a-t-il souligné. «Pokémon est une abréviation de “pocket monsters” (monstres de poche en anglais). Au Japon, il est commun d’utiliser le terme “poke” qui décrit ce qui est petit. Ainsi, “Pokekom” signifie ordinateur de poche», a précisé M. Tahara. Le diplomate japonais a affirmé respecter la fatwa séoudienne, «mais si elle est fondée sur des faits qui ne sont pas clairs, alors je m’interroge». «Nous sommes soucieux des répercussions de ce jeu sur nos enfants», a de son côté déclaré le mufti de Jordanie Saïd Hijjawi, plus haute autorité religieuse islamique du royaume. «Nous ne l’avons pas interdit, mais nous sommes inquiets», a-t-il ajouté. Abdel Latif Arabiyat, du Front de l’action islamique (FAI), estime que le décret séoudien «doit être appliqué par tous les musulmans où qu’ils soient», tout en admettant qu’il ne connaît pas les Pokémon. Dans sa fatwa, le mufti d’Arabie séoudite avait recommandé à «tous les musulmans de se méfier de ce jeu et d’empêcher leur enfants d’y jouer afin de préserver leur religion et leurs manières». L’ancien député islamiste jordanien, cheikh Abdel Moneim Abou Zant, a pour sa part attribué à Israël la fièvre des Pokémon. «Cette fièvre des Pokémon est un complot juif qui vise à forcer nos enfants à oublier leur foi et à les distraire de leurs ambitions notamment scientifiques», a affirmé cheikh Abou Zant. «Ce jeu est une offense à Dieu et doit être prohibé», a-t-il dit. Dans une fatwa (décret religieux), le département des waqfs (biens religieux) et des affaires islamiques de Dubaï, l’un des sept membres de la fédération des Émirats, a interdit les Pokémon qu’il a notamment assimilés «à un jeu d’argent» et dont il a dénoncé les «effets néfastes sur le comportement des enfants», a précisé le quotidien al-Khaleej. Une décision au niveau de la fédération des Émirats est toujours à l’étude par un comité d’ulémas, a cependant ajouté le journal. Dans les pays du Golfe, une fatwa rendue publique le 25 mars par le mufti d’Arabie séoudite, cheikh Abdel Aziz ben Abdallah al-Cheikh, la plus haute autorité religieuse dans le royaume, avait recommandé l’interdiction du jeu, assimilé à un jeu d’argent, prohibé par l’islam, et à de la propagande juive. Cette fatwa a été rapidement suivie d’effet, les autorités séoudiennes ayant décidé de saisir et de détruire les jeux Pokémon dans le pays. Elle a été ensuite suivie à Qatar où un mufti, cheikh Youssef Qardaoui, très influent dans le monde islamique, a banni le jeu dans une fatwa publiée le 3 avril. Dans sa fatwa, le mufti d’Arabie affirme que les Pokémon, vendus par dizaines de millions d’exemplaires depuis leur lancement en 1996 au Japon, «s’apparentent à un jeu d’argent en raison de la compétition, qui implique parfois le paiement de sommes d’argent, entre les collectionneurs des cartes». Il soutient en outre que la conception des personnages du jeu est fondée sur la théorie darwinienne de l’évolution des espèces par la sélection naturelle, rejetée par l’islam. Selon lui, la plupart des cartes du jeu «comportent des étoiles à six branches, symbole du sionisme international et de l’État d’Israël», ainsi que «des croix sous différentes formes».
Les autorités religieuses de Dubaï ont interdit le jeu d’aventure pour enfants Pokémon, suivant l’exemple de l’Arabie séoudite et d’un mufti de Qatar, alors qu’en Jordanie la polémique sème la zizanie. Les dirigeants de la communauté islamique de Jordanie se sont déclarés déterminés à les «attraper toutes», ces cartes de Pokémon que les jeunes adorent collectionner, à...