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Actualités - CHRONOLOGIES

Bosnie - La mosquée de Ferhad Pacha bientôt rebâtie au cœur du territoire serbe

Deux pierres sont tout ce qui reste de l’ancienne grande mosquée de Banja Luka, mais aujourd’hui les musulmans de la capitale serbe bosniaque espèrent voir Ferhadija renaître dans sa splendeur du XVIe siècle. La nuit du 7 mai 1993, après des combats parmi les plus sanglants de la guerre de Bosnie (1992-95), un groupe de Serbes détruisaient à l’explosif ce qui était pour eux le symbole haï de l’islam. Huit ans plus tard, il n’y a rien pour attirer l’attention des passants là où se dressait la mosquée, un terrain vague du centre-ville, couvert d’herbe. Il ne subsiste aucune trace des murs, colonnes, dômes, coupole, fontaine, ni du mausolée de son constructeur, Ferhad Pacha. Cela fait huit ans que le dernier mufti a gravi les 128 marches de pierre du minaret de 41,5 mètres pour lancer l’appel à la prière. Il ne reste que la vieille habitation du mufti, où sont gardées précieusement les deux pierres. Cette maison est devenue le seul lieu de prière pour la petite communauté musulmane de Banja Luka, 5 500 personnes aujourd’hui, contre 60 000 en 1992. «Il y avait 16 mosquées à Banja Luka avant la guerre, aujourd’hui tout ce que nous avons c’est cette petite pièce», explique le mufti Edhem Camdzic. «La dernière fois que nous nous sommes réunis pour prier, nous étions tellement serrés qu’on se serait cru dans un camp de concentration», ajoute-t-il. Mais il y a une semaine, les autorités serbes bosniaques, cédant aux pressions internationales, ont finalement accordé le certificat d’urbanisme pour reconstruire la mosquée de Ferhad Pacha. Il ne manque plus que le permis de construire, promis pour avril, indique le mufti. «Je pense que le 7 mai, le jour où Ferhadija a été détruite en 1993, nous poserons la première pierre», espère-t-il. Le mufti refuse de dévoiler qui finance, et pour quelle somme, la reconstruction de Ferhadija, sujets de tant de contes et de légendes lorsqu’elle fut bâtie la première fois. On dit ainsi que Ferhad, premier Bosniaque à obtenir le titre de pacha sous l’occupation ottomane, décida un jour de construire à Banja Luka une mosquée plus belle que Sainte-Sophie à Istanbul. Pour cela, il fit venir de Dubrovnik et de Split les meilleurs maçons serbes. Il finança les travaux avec la rançon de 30 000 ducats d’or obtenue en échange du comte autrichien Wolf Engelhard von Ausperg qu’il avait enlevé. À l’achèvement des travaux en 1579, Ferhad Pacha fit emmurer les ouvriers dans le minaret, pour les empêcher de construire un autre monument aussi beau. Mais une nuit, raconte la légende, les maçons serbes se fabriquèrent des ailes et s’envolèrent vers la liberté du haut du minaret. Quatre siècles plus tard, il semble que les Serbes soient de nouveau appelés à coopérer. «Les autorités locales vont devoir restituer les pierres qu’elles ont déplacées, nous les avons trouvées, nous savons où elles sont, et nous exigerons qu’elles nous soient rendues», avertit le mufti. Il ne croit pas que les travaux donnent lieu à des actions hostiles de la population serbe : «Il n’y a aucune raison pour les gens de se venger (...) Toutes les mosquées doivent être reconstruites, parce que les croyants en ont besoin, et non pas par simple caprice». La reconstruction de Ferhadija, ajoute le mufti, va faire tomber des barrières psychologiques et autoriser celle de nombreuses églises catholiques et orthodoxes, et synagogues. «Tous ces lieux de piété jouent un rôle apaisant dans la population, ce sont des endroits où l’on parle de réconciliation, de vie en commun, de pardon, ajoute-t-il, et c’est ce dont nous avons le plus besoin ici en Bosnie».
Deux pierres sont tout ce qui reste de l’ancienne grande mosquée de Banja Luka, mais aujourd’hui les musulmans de la capitale serbe bosniaque espèrent voir Ferhadija renaître dans sa splendeur du XVIe siècle. La nuit du 7 mai 1993, après des combats parmi les plus sanglants de la guerre de Bosnie (1992-95), un groupe de Serbes détruisaient à l’explosif ce qui était pour eux le...