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OPINION - La renaissance ? Quand l’État admettra - qu’il a besoin du peuple...
Par GHANEM GEORGE, le 16 mars 2001 à 00h00
Comme la plupart des Libanais, j’ai été envahi l’autre jour par un sentiment de tranquillité et de soulagement en écoutant notre Premier ministre exposer son plan de redressement économique : pas de risque pour mon compte épargne en livres libanaises ni pour mon portefeuille en bons du Trésor, plus de soucis quant à ma capacité de rembourser mes crédits en dollars... Entre les réserves en devises de la Banque centrale, les crédits avantageux du sommet économique de Paris, le déclenchement de la privatisation (dont le mécanisme demeure mystérieux), la fermeture éclair des compagnies relevant de l’État qui n’arrive pas à se relever, le début d’une prise de conscience surprenante des forces armées qui souhaitent réduire leurs dépenses superflues dans le but de participer, faute de mieux, à la relance du pays…, l’an 2001 est assuré. La livre se maintiendra. Pas de dévaluation ni d’inflation. Je continuerai ma vie pépère, comme la plupart de mes concitoyens, sans risques et sans angoisses. Pour 2002, nous n’aurons qu’à patienter ; nos dirigeants bossent et réfléchissent pour nous. Ils élaboreront certainement d’autres projets ; ils organiseront d’autres sommets et trouveront encore quelques derniers grands créditeurs... Et puis il y aura probablement la paix. Comme disait quelqu’un (se souvient-on de cette phrase d’Amine Gemayel ?) «Donnez-nous la paix et prenez ce qui étonnera le monde». Honnêtement, j’espère que la paix tardera un peu car, chers concitoyens, nous serons les premiers à être surpris. Curieux – et paradoxal – ce sentiment d’être partagé entre soulagement et inquiétude. Le discours de notre Premier ministre m’a soulagé s’agissant de mon budget de 2001 mais pas rassuré sur l’avenir du pays, de mes enfants, de mes enfants dans ce pays. Comment expliquer ce sentiment de vide qui nous sépare des gens qui nous gouvernent ? Pourquoi cette absence d’enthousiasme, cette apathie et cette léthargie ? Qu’est-ce qui manquait au discours gouvernemental pour nous porter à nous impliquer dans le processus de redressement ? Est-ce ce discours politique figé dans lequel l’absence de tout projet politique reste flagrante : «Les Syriens sont là pour nous protéger de nos instincts tribaux. Le président et le Premier ministre sont sereins et sourient de l’angoisse du commun des mortels qui ne comprennent rien à l’économie ni aux finances. La résistance est formidable, surtout ne pas l’offusquer. Aoun est à Paris, qu’il y reste. Geagea est dans un sous-sol, ne pas l’en sortir». Nos gouvernants ont raison. Le peuple ne comprend rien à l’économie ni aux finances ; seul un projet politique rassembleur pourrait le motiver et l’impliquer dans le processus de reconstruction de ce pays, qu’il considère comme définitif, unique et souverain pour toutes ses communautés : «un Liban arabe par la culture et européen par l’économie» ou «un Liban arabe pour l’économie et européen pour la culture». Seul un projet politique rassembleur pourrait servir d’électrochoc pour nous réveiller tous de cette léthargie béate et nous impliquer dans cette réforme économique de dernière chance, si nécessaire et si importante qu’il nous faut mobiliser à son service toutes nos forces, notre créativité, notre compétitivité, notre savoir-faire. Utiliser notre ouverture européenne et notre appartenance arabe pour créer l’occasion, saisir l’instant, profiter de l’opportunité de l’ère de transformation globale, d’une mondialisation des marchés, d’une abolition des frontières, d’une dilution et d’un mixage de cultures et d’identités. Heureux temps que celui où le Liban se situait à l’avant-garde de ce bouillonnement de cultures... Chers dirigeants, avec la globalisation, toute séparation entre la politique et l’économie est devenue désuète. Les idées économiques sont influencées par chaque individu qui se veut acteur d’un jeu économique démocratisé et ouvert, où seules importent la confiance, la stabilité, la continuité et la transparence d’un système politique mobilisateur. Nous avons besoin d’un projet politique consensuel qui protégera chacun de nous, lui garantira la liberté de s’exprimer, lui préservera son identité culturelle, intellectuelle et physique, un projet qui ne démarrera pas en laissant en plan une partie opprimée, une autre étouffée, une troisième angoissée. C’est là notre dernière chance. Faites en sorte que nous soyions tous impliqués dans le processus. Nous n’avons pas besoin régulièrement d’être tranquillisés mais parfois secoués, réveillés, motivés pour être prêts à travailler et à faire des sacrifices, car nous avons le potentiel pour créer la réussite. Chers gouverneurs, quand vous vous déciderez à admettre que vous avez besoin du peuple et non pas l’inverse, alors le pays renaîtra.
Comme la plupart des Libanais, j’ai été envahi l’autre jour par un sentiment de tranquillité et de soulagement en écoutant notre Premier ministre exposer son plan de redressement économique : pas de risque pour mon compte épargne en livres libanaises ni pour mon portefeuille en bons du Trésor, plus de soucis quant à ma capacité de rembourser mes crédits en dollars... Entre les réserves en devises de la Banque centrale, les crédits avantageux du sommet économique de Paris, le déclenchement de la privatisation (dont le mécanisme demeure mystérieux), la fermeture éclair des compagnies relevant de l’État qui n’arrive pas à se relever, le début d’une prise de conscience surprenante des forces armées qui souhaitent réduire leurs dépenses superflues dans le but de participer, faute de mieux, à la relance du...
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