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Industrie - La crise persiste et de nouvelles mesures vont être prises - Les cimenteries vont-elles licencier - les trois quarts de leur personnel ?
Par DE HAUTEVILLE Gérard, le 14 mars 2001 à 00h00
Au Liban quatre principales cimenteries se partagent le marché de la reconstruction. Après avoir produit plus de quatre millions de tonnes de ciment en 1995, ces industries libanaises ont subi la persistance de la crise économique. Aujourd’hui, les états-majors de ces grandes entreprises doivent consolider la gestion de leurs unités. Ces capitaines d’industries doivent amortir des investissements qui, au total, représentent quelque 400 millions de dollars, au moment où la production est assurée à hauteur de 60 % de la capacité des usines. Pour leur part, les actionnaires s’estiment en droit de réclamer des licenciements massifs qui permettraient d’aligner la productivité sur des normes occidentales. La semaine dernière, la Société des Ciments libanais a choisi d’entamer une vague de 160 licenciements, afin de réduire les effectifs à moins de 400 employés. Qu’en sera-t-il pour les autres firmes ? Les actionnaires de Société des Ciments Libanais, Sibline ou encore de la Cimenterie Nationale et plus récemment ceux de la Cimenterie du Moyen-Orient ont investi, au total, quelque 400 millions de dollars dans un outil de production moderne et créateur de nouveaux emplois. Outre la rénovation nécessaire après la guerre, il s’est agi pour ces entreprises de pouvoir faire face à une demande qui avait triplé en quelques mois, à partir de 1991. C’est alors que les patrons de ces industries ont décidé de doubler leur capacité de production, pariant sur un avenir prometteur au Liban et une paix à venir… Malheureusement, le processus de paix a été retardé et peut-être avec lui, l’embellie attendue de l’économie nationale. Ainsi, les deux millions de tonnes de ciment de 1992, sont devenus 4 millions en 1995, pour régresser de 25 % sur les quatre dernières années et stagner aux environs de 3 millions de tonnes. L’unique façon pour ces industriels d’amortir leurs nouvelles installations était, pourtant, de produire. «Les stocks se sont d’abord accumulés, avant la réduction de notre production», nous a confié M. Nicolas Nahas, directeur de Sibline. La Société des Ciments Libanais, appartenant partiellement à HolderBank (groupe multinational) a dû faire face à une véritable restructuration financière, mais a conservé, grâce à sa nouvelle usine, une fabrication qualitative tout à fait conforme aux normes internationales. Pour sa part, la Cimenterie Nationale, a bénéficié de crédits issus de la Banque mondiale ; les investissements ont donc été réalisés en adéquation avec les règles du respect de l’environnement (filtres, isolation phonique, etc.). Mais, pour ces cimenteries, le prix de la guerre (et peut-être surtout celui de la paix) est là. Comme ailleurs, les aléas de cette période trouble ont eu pour conséquence une surcharge d’employés, trop souvent recrutés sur d’autres critères que ceux des compétences. Maintenant que les cimenteries libanaises sont ultra modernes, nombre de postes ne sont plus nécessaires et la plupart des employés ont été conservés par souci d’équilibre social des régions où sont implantées ces usines. Mais aujourd’hui, les limites de la non-productivité sont dépassées, la seule issue résidant dans l’exportation. Le marché est donc celui de la globalisation ce qui rend la situation encore plus redoutable. D’autres solutions que les licenciements brutaux Tout a été revu ! L’amélioration des qualités de ciment d’abord, puis, la productivité des employés, l’installation de lignes supplémentaires de production, l’organisation des différents départements, l’informatisation, la production de l’énergie électrique que l’État fournit deux fois plus cher et de façon sporadique et enfin, l’adaptation aux normes écologiques des installations. Mais, le marché intérieur reste passablement saturé. Les livraisons de ciment ne représentent que 60 % de ce que pourraient brûler les fours. Plus dynamique, l’équipe de la Cimenterie Nationale a exploité les possibilités d’un marché développé vers l’extérieur. Toutefois, les problèmes que pose l’exportation de ciment à travers le monde sont nombreux. En effet, quelque cinq multinationales se partagent les échanges mondiaux et les prix pratiqués sont bien inférieurs à ceux du marché intérieur et les restrictions portuaires sont nombreuses, même si la demande mondiale est croissante. M. Pierre Doumet, président de la Cimenterie Nationale explique que «sur ce marché qui représente, dès 1999, plus de 25 % des ventes de la Cimenterie Nationale, nous nous sommes imposé, comme une cimenterie indépendante, flexible et pouvant produire et livrer des qualités de haute technologie, mais les coûts restent élevés et la rentabilité faible». S’agissant du marché régional, M. Doumet est attentif à l’évolution de la région, mais rappelle le système complexe d’appel d’offres en Syrie, la surproduction de la Jordanie et l’embargo sur l’Irak. Alors, la seule solution, pour l’ensemble des cimenteries, à l’exception de la dernière arrivée sur le marché (CMO), réside dans une restructuration importante des équipes. Globalement, là où 600 personnes sont employées, cent cinquante seraient nécessaires. À partir de cette constatation, les politiques divergent selon que les actionnaires sont des familles libanaises ou des multinationales. Ainsi, pour Pierre Doumet, bien d’autres solutions peuvent éviter un licenciement brutal, comme l’abaissement de l’âge de la retraite ou une réduction du nombre d’heures de travail. Autant de mesures qui devraient être efficaces, mais dont le coût doit être supporté par l’entreprise.
Au Liban quatre principales cimenteries se partagent le marché de la reconstruction. Après avoir produit plus de quatre millions de tonnes de ciment en 1995, ces industries libanaises ont subi la persistance de la crise économique. Aujourd’hui, les états-majors de ces grandes entreprises doivent consolider la gestion de leurs unités. Ces capitaines d’industries doivent amortir des investissements qui, au total, représentent quelque 400 millions de dollars, au moment où la production est assurée à hauteur de 60 % de la capacité des usines. Pour leur part, les actionnaires s’estiment en droit de réclamer des licenciements massifs qui permettraient d’aligner la productivité sur des normes occidentales. La semaine dernière, la Société des Ciments libanais a choisi d’entamer une vague de 160 licenciements, afin de...