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France - Dumas attend d’éventuelles révélations de l’ex-numéro 2 du groupe pétrolier - Accusé et témoin-clé de l’affaire Elf, Sirven prépare sa défense
le 10 février 2001 à 00h00
Une semaine après son arrestation, Alfred Sirven, l’homme-clé de l’affaire Elf, accusé de corruption et détournement de fonds, commence à préparer sa défense, alors que ses coprévenus, dont l’ex-ministre Roland Dumas, sont sur des charbons ardents quant à ses éventuelles révélations. Du fond de sa cellule à la prison parisienne de la Santé, l’ex-numéro deux du groupe pétrolier, arrêté aux Philippines au terme de près de quatre ans de cavale, dispose désormais d’un mois pour préparer sa défense, dans un procès qui s’est ouvert le mois dernier, en son absence. Il y fait déjà figure de principal accusé, ayant été largement chargé par ses six coaccusés. Inculpé dans le cadre de quatre scandales touchant à Elf et datant des années 1980-90, lorsque le groupe appartenait à l’État, M. Sirven est jugé actuellement pour une affaire d’abus de biens sociaux. Il est notamment accusé d’avoir embauché et payé 64,5 millions de francs (9,8 millions EUR) à Christine Deviers-Joncour, à l’époque maîtresse de M. Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, pour une mission de relations publiques au cadre mal défini. M. Dumas, 78 ans, est soupçonné, au pire, d’avoir favorisé l’embauche de sa maîtresse pour un emploi fictif, au mieux, d’avoir profité des largesses du groupe Elf au travers des cadeaux de sa maîtresse. Elf, agissant pour le compte de la société Thomson, aurait notamment tenté d’obtenir le feu vert de M. Dumas, sous la présidence du socialiste François Mitterrand, pour la vente par la France à Taïwan de six frégates, opération délicate en raison de l’opposition farouche de Pékin. Cette affaire ne relève toutefois pas du procès en cours. Parmi les sept coprévenus, figure également l’ancien patron du groupe Elf, Loïk Le Floch-Prigent, qui affirme avoir été trompé par son numéro deux et par Mme Deviers-Joncour. « Le plus pré-jugé de France » M. Sirven, 74 ans, qui par le passé s’est vanté d’en savoir assez sur les scandales politico-financiers «pour faire sauter 20 fois la République», aurait détourné près de 1,5 milliard de francs (230 millions d’euros) sur trois milliards (460 millions d’euros) disparus en opérations douteuses, éventuellement au profit de responsables politiques. La publication en fin de semaine par la presse française de son carnet de téléphone, comprenant quelque 200 noms de personnalités, a d’ailleurs provoqué un tollé, notamment au sein de la classe politique française, en émoi à l’idée d’être, de près ou de loin, associée à celui qu’un quotidien qualifiait vendredi de «présumé innocent le plus pré-jugé de France». Suite à cette affaire, M. Sirven a porté plainte pour atteintes à l’intimité de sa vie privée. Après son interpellation à Manille, où il avait avalé la puce de son téléphone portable pour en briser la mémoire et éviter que la police ne remonte la piste de ses appels, M. Sirven, embarqué à bord d’un appareil de la Lufthansa, avait été brièvement incarcéré en Allemagne. La justice allemande et une commission parlementaire souhaitaient l’entendre sur de possibles contributions occultes d’Elf aux caisses du Parti chrétien-démocrate de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl. Mais M. Sirven, qui ne fait l’objet d’aucune inculpation en Allemagne, s’était refusé à témoigner. Sa longue cavale aura suscité toutefois bien des questions en France, notamment sur d’éventuelles complicités dont il aurait pu bénéficier.
Une semaine après son arrestation, Alfred Sirven, l’homme-clé de l’affaire Elf, accusé de corruption et détournement de fonds, commence à préparer sa défense, alors que ses coprévenus, dont l’ex-ministre Roland Dumas, sont sur des charbons ardents quant à ses éventuelles révélations. Du fond de sa cellule à la prison parisienne de la Santé, l’ex-numéro deux du groupe pétrolier, arrêté aux Philippines au terme de près de quatre ans de cavale, dispose désormais d’un mois pour préparer sa défense, dans un procès qui s’est ouvert le mois dernier, en son absence. Il y fait déjà figure de principal accusé, ayant été largement chargé par ses six coaccusés. Inculpé dans le cadre de quatre scandales touchant à Elf et datant des années 1980-90, lorsque le groupe appartenait à l’État, M. Sirven est...