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Abdallah II et Mohammed VI s’accordaient à dire - que l’ex-Premier ministre était allé « très loin trop vite » - Barak a « brûlé ses vaisseaux » - en voulant précipiter un accord de paix
le 10 février 2001 à 00h00
La voie suivie par le Premier ministre israélien sortant Ehud Barak pour mettre fin au conflit avec les Palestiniens était la bonne, mais en voulant aller trop vite, il a «brûlé ses vaisseaux», a estimé un diplomate israélien. Cette opinion est partagée par certains dirigeants arabes, notamment le roi du Maroc Mohammed VI, a indiqué ce diplomate proche du dossier, sous couvert d’anonymat. Rabat, a-t-il rappelé, a été au centre des premiers contacts israélo-arabes qui ont débouché sur la signature du traité de paix israélo-égyptien de 1979. Parallèlement, le roi du Maroc préside le comité al-Qods (Jérusalem) de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) qui a pour mission d’œuvrer à «la libération» de Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël depuis 1967. La scène, dit-il, se passe le 28 août au palais d’Agadir (sud-ouest) où le roi Mohammed VI reçoit le ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben Ami, dépêché par M. Barak auprès du souverain chérifien pour l’informer du sommet de Camp David, en juillet. La question de Jérusalem-Est a fait achopper ces négociations, mais M. Barak y a violé un tabou de l’État juif, celui de l’indivisibilité de la ville, appelée, selon lui, à devenir la capitale de deux États, Israël et le futur État palestinien. Carte à l’appui Au cours de la rencontre, une carte a été déployée devant le roi. Une carte détaillée de l’esplanade des Mosquées, d’Omar et al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, sur le site du temple juif détruit par les Romains en l’an 70, pour cerner la problématique du lieu. Le sentiment général du monarque est que M. Barak va trop vite, a souligné ce diplomate. De Rabat, où le président palestinien Yasser Arafat est également arrivé dans le cadre d’une tournée internationale après Camp David, viendra le même écho, à l’issue d’un entretien de ce dernier avec le roi Abdallah II de Jordanie, alors également présent au Maroc. M. Arafat a indiqué au souverain hachémite que les négociateurs israéliens auraient demandé la possibilité de conserver un lieu de prière sur l’Esplanade, à Jérusalem-Est, sur laquelle les Palestiniens réclament la souveraineté. À cette époque, en Israël comme dans les pays arabes, on avait conscience que M. Barak était déjà allé très loin dans les concessions envisagées pour résoudre le conflit, mais personne ne savait encore qu’il envisageait un compromis sur ce lieu saint pour le judaïsme comme pour l’islam, a indiqué ce diplomate. Côté jordanien, on s’est inquiété également de l’éventualité d’un contrôle palestinien de la vallée du Jourdain, frontalière du royaume hachémite, où les Palestiniens constituent une partie importante de la population, M. Barak ayant également évoqué un possible compromis sur ce secteur de la Cisjordanie, dans l’optique d’un règlement définitif. La visite controversée du chef de la droite nationaliste israélienne Ariel Sharon fin septembre, sur l’Esplanade, déclenche le soulèvement palestinien. «Pris dans l’engrenage de la violence, M. Barak tentera de brûler encore plus vite les étapes pour parvenir à un accord, et c’est alors que surgira la question du droit au retour des Palestiniens, que les Israéliens appréhendent comme une menace d’implosion de leur pays», explique ce diplomate. «Ehud Barak a certes brûlé ses vaisseaux, mais Yasser Arafat a achevé de le saborder en demeurant inébranlable sur ses positions», conclut-il. Le 6 février, M. Sharon laminait M. Barak à l’élection au poste de Premier ministre.
La voie suivie par le Premier ministre israélien sortant Ehud Barak pour mettre fin au conflit avec les Palestiniens était la bonne, mais en voulant aller trop vite, il a «brûlé ses vaisseaux», a estimé un diplomate israélien. Cette opinion est partagée par certains dirigeants arabes, notamment le roi du Maroc Mohammed VI, a indiqué ce diplomate proche du dossier, sous couvert...
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