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JAPON - La Banque centrale jette un os à ronger aux politiciens du PLD - La BoJ baisse son taux d’escompte à 0,35 %
le 10 février 2001 à 00h00
En baissant de 0,15 % un taux d’escompte largement symbolique, la Banque du Japon a jeté hier un os à ronger aux politiciens du Parti libéral démocratique, mais elle refuse de céder à une pression hystérique en faveur d’un assouplissement de la politique monétaire, estimaient les économistes. À l’issue d’une réunion très attendue et précédée d’un tir de barrage des conservateurs au pouvoir à Tokyo, le conseil de la politique monétaire a adopté une série de mesures destinées à faire face à une éventuelle crise de liquidité d’ici à la fin de l’année fiscale, le 31 mars. Mais il a maintenu inchangé son principal taux directeur, celui de l’argent au jour le jour, fixé à 0,25 % depuis l’abandon en août dernier de la politique de taux d’intérêt zéro. Le gouverneur de la Banque du Japon, Masaru Hayami, a mis les points sur les i au cours d’une conférence de presse : «La décision n’a pas pour but d’assouplir la politique monétaire. Il s’agit d’assurer la stabilité des marchés financiers et de leur apporter un certain soulagement», a-t-il dit. Gelé depuis septembre 1995 au niveau de 0,5 %, le taux d’escompte ne joue pratiquement aucun rôle, et depuis très longtemps, dans le refinancement des institutions financières japonaises. Certes, la Banque du Japon a innové en annonçant pour le mois de mars la création d’une nouvelle facilité stand-by de type Lombard, qui devrait en théorie redonner une certaine utilité aux taux d’escompte. Ce nouveau guichet permettra aux institutions financières éligibles de se procurer de l’argent auprès de la Banque centrale au taux de 0,35 %. Mais ce dispositif, qui revient à plafonner l’évolution du taux au jour le jour, ne serait vraiment utile qu’en cas de crise financière et d’envolée des taux d’intérêt, observe Ryutaro Kono, le chef économiste de BNP Paribas à Tokyo. Pour M. Kono, économiste en chef de BNP Paribas à Tokyo, l’important est qu’il n’y a «aucun changement de la politique monétaire, pas de retour à la politique de taux d’intérêt zéro, pas d’assouplissement quantitatif». Il estime que la Banque du Japon a fait des concessions largement symboliques à une classe politique affolée par le retour du spectre de la récession et la chute de la Bourse. «Les hommes politiques voulaient quelque chose et il fallait que la banque leur donne quelque chose», explique M. Kono. Selon lui, les responsables du PLD au pouvoir «sont des hommes âgés qui pensent que la baisse du taux d’escompte équivaut à un assouplissement de la politique monétaire». À entendre les premières réactions des politiciens qui ont mené la charge contre la Banque du Japon, le stratagème pourrait fonctionner, au moins pour un temps. Selon Shizuka Kamei, porte-parole de la vieille garde conservatrice du PLD, la décision de la BoJ était «évidente». «Abandonner la politique de taux d’intérêt zéro était prématuré. On ne doit pas avoir honte de reconnaître une faute», a dit M. Kamei, qui préside le comité de recherche politique du PLD. Pour Richard Jeram, de ING-Barings, «la BoJ peut sans doute s’en tirer comme ça». «S’ils avaient présenté ces mesures comme un assouplissement de la politique monétaire, leur crédibilité aurait été détruite et Hayami aurait été mis sous pression pour démissionner», explique-t-il. Afin de justifier les mesures annoncées vendredi, le gouverneur a invoqué les risques qui pèsent sur les marchés financiers, au Japon et ailleurs. C’est pourquoi la BoJ s’est déclarée prête à fournir «d’amples liquidités» au marché d’ici à la fin mars et a annoncé une augmentation, pour des montants et à un rythme non précisé, de ses achats de titres gouvernementaux à court terme. Avec la menace d’une nouvelle plongée dans la récession, signalée par le recul de 0,6 % du PIB au troisième trimestre 2000 annoncée cette semaine, et une Bourse qui flirte avec ses plus bas niveaux depuis 1998, la santé du système financier nippon donne à nouveau de sérieuses inquiétudes. Mais Ryutaro Kono fait remarquer que la BoJ n’avait aucun besoin des mesures annoncées vendredi pour faire face à une crise de liquidité. Lors de la panique financière de l’automne 1997, elle avait injecté plus de 3 000 milliards de yens sur le marché en quelques heures.
En baissant de 0,15 % un taux d’escompte largement symbolique, la Banque du Japon a jeté hier un os à ronger aux politiciens du Parti libéral démocratique, mais elle refuse de céder à une pression hystérique en faveur d’un assouplissement de la politique monétaire, estimaient les économistes. À l’issue d’une réunion très attendue et précédée d’un tir de barrage des...
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