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Actualités - CHRONOLOGIES

Indonésie - Manifestations de soutien au président pour le sixième jour consécutif - Violences à Java : le « jeu dangereux » de Wahid

Menacé de destitution, le président indonésien Abdurrahman Wahid a choisi «un jeu dangereux» en mobilisant depuis six jours ses partisans dans l’est de Java, estimaient jeudi des diplomates. Sur le front politique, M. Wahid a gagné dans le même temps un répit avec la décision de l’armée et des deux principaux partis de ne pas suivre les appels à une destitution immédiate. Cette situation ouvre toutefois la voie à une période de «grande instabilité», selon des diplomates, alors que la procédure normale de destitution peut durer jusqu’à quatre mois. Elle alimente aussi les risques de dérapages violents, voire d’un embrasement à Java, l’île la plus peuplée (plus de 65 millions d’habitants) et le centre politique de l’immense archipel. Les partisans de M. Wahid manifestent par milliers depuis six jours dans l’est de Java, place forte de la Nahdatul Ulama (NU), première organisation musulmane du pays avec ses 40 millions de membres revendiqués, et dont M. Wahid a été président pendant 15 ans. Le siège du Golkar, le parti de l’ex-président Suharto, a été incendié mercredi à Surabaya et 23 personnes blessées jeudi non loin, à Lamongan. M. Wahid doit se rendre aujourd’hui dans cette région, officiellement pour «appeler au calme», mais son attitude est ambiguë. S’il a demandé ses partisans à ne pas utiliser la violence, il n’a pas donné l’ordre – réclamé par ses adversaires – de ne plus manifester. Il a même estimé que cette situation était «le prix à payer» pour la poursuite selon lui du processus démocratique né de la chute de Suharto en mai 1998. «Wahid joue sa dernière carte, le “peuple” – en fait la NU –, contre le Parlement. C’est un avertissement pour faire peur aux députés. Il veut apparaître comme le seul à pouvoir mobiliser, et le seul à pouvoir ensuite montrer qu’il maîtrise la situation en calmant ses troupes», estime un diplomate. Un autre diplomate s’inquiète des risques de dérapage, alors que la NU a multiplié les déclarations sur les risques d’un «bain de sang» et d’une «guerre civile» en cas de destitution. Des diplomates s’inquiètent d’un risque de déplacement des troubles vers le centre de Java – où la NU est moins en position de force – et à Jakarta, où les partis islamistes et le chef de l’Assemblée législative du peuple (MPR), Amien Rais, ancien responsable de la Muhammadia, l’autre organisation de masse musulmane, ont été à la pointe du combat pour la destitution de M. Wahid. Mais pour l’heure, la violence a été contenue à Java-Est. Les manifestants n’ont attaqué que le Golkar, «qui n’a pas les moyens de répliquer dans les rues face à la NU», souligne un diplomate. Autre facteur déterminant pour l’avenir de M. Wahid : l’attitude de l’armée, qui dispose de 38 des 500 sièges du Parlement. Si les militaires ont voté les conclusions du rapport mettant en cause M. Wahid dans deux scandales financiers jeudi dernier, il ont ensuite joué la modération en affichant leur «loyauté» au président «constitutionnellement élu» et en refusant de suivre les appels à une destitution rapide. «L’armée est aujourd’hui sur une ligne extrêmement légaliste. Son souci numéro un, c’est l’unité du pays», explique un spécialiste des questions militaires. Pour un diplomate, le chef de l’État, très affaibli politiquement, pourrait désormais être tenté en contrepartie d’offrir plus de gages aux militaires, en leur donnant «carte blanche» en décrétant l’état d’urgence dans les provinces séparatistes d’Aceh et d’Irian Jaya comme ils le réclament.
Menacé de destitution, le président indonésien Abdurrahman Wahid a choisi «un jeu dangereux» en mobilisant depuis six jours ses partisans dans l’est de Java, estimaient jeudi des diplomates. Sur le front politique, M. Wahid a gagné dans le même temps un répit avec la décision de l’armée et des deux principaux partis de ne pas suivre les appels à une destitution immédiate. Cette...