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Actualités - CHRONOLOGIES

AFFAIRE ELF - Le procès de Dumas renvoyé au 12 mars par la justice française - Alfred Sirven devant ses juges

Après plus de trois ans de cavale, l’ancien numéro deux du groupe pétrolier français Elf, Alfred Sirven, s’est retrouvé hier à Paris devant ses juges, aux côtés de l’ancien ministre socialiste Roland Dumas, qui comparaît pour corruption avec lui dans un des volets de la tentaculaire affaire Elf. Le tribunal a décidé de renvoyer ce procès, qui s’est ouvert il y a quinze jours, au 12 mars afin de permettre à Alfred Sirven, jusqu’alors jugé par défaut, de préparer sa défense. Il s’est également prononcé pour le maintien en détention provisoire de M. Sirven, arrêté vendredi à Manille et considéré comme l’homme clé de l’affaire Elf, dans le cadre de laquelle quelque trois milliards de francs (460 millions d’euros) auraient été détournés. Alfred Sirven, 74 ans, est arrivé au Palais de justice de Paris en costume-cravate marine, entouré de deux policiers. Il a immédiatement salué les six prévenus et embrassé Christine Deviers-Joncour, l’ancienne amie du ministre des Affaires étrangères Roland Dumas. Son entrée dans le tribunal a été saluée par de brefs applaudissements. «Je suis là pour répondre à la justice», a-t-il déclaré. À partir du 12 mars, trois nouvelles journées seront consacrées à l’interrogatoire du septuagénaire et à sa confrontation avec les autres prévenus, avant le réquisitoire du parquet le 19 mars et les plaidoiries de la défense. En attendant, Alfred Sirven a eu ses premiers échanges avec les autres prévenus. «Nous avons parlé de sa santé. Il m’a surtout parlé de son arrivée à Paris. Il m’a paru en bonne forme, vraiment en très bonne forme», a commenté André Tarallo, «Monsieur Afrique» d’Elf pendant trente ans. «Il a bonne mine. Physiquement, il a rajeuni de vingt ans», a déclaré l’homme d’affaires Gilbert Miara, lui aussi prévenu dans ce dossier. Depuis l’ouverture du procès, il y a quinze jours, avocats et prévenus – parmi lesquels se trouve également l’ancien PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent – avaient tenté d’imputer à Alfred Sirven l’essentiel des responsabilités dans les détournements commis au préjudice du groupe. Le retour en France de M. Sirven, extradé mardi d’Allemagne, où il avait été interpellé samedi, devrait modifier les stratégies des autres prévenus. Bien que leurs avocats se soient officiellement réjouis du retour de l’ex-numéro deux d’Elf, cette unanimité de façade dissimule mal la grande incertitude sur ses éventuelles révélations. Présenté par les autres prévenus comme le grand manipulateur, le commanditaire à qui nul ne résistait, Alfred Sirven a pu, entre autres, être désigné comme le réel donneur d’ordres de deux commissions de 14 et 45 millions de francs (2,13 et 6,86 millions d’euros) versées à Christine Deviers-Joncour. À l’issue de l’audience, ses avocats ont annoncé qu’ils déposeraient plainte pour «vol et recel de documents», notamment des photos et un répertoire téléphonique, aux domiciles de leur client. La justice française dispose d’une photocopie d’un répertoire téléphonique de M. Sirven, saisi par la police philippine au moment de l’arrestation de l’ancien numéro deux d’Elf, dans lequel figurent 200 noms de personnalités du monde politique, économique, policier et syndical. Selon le quotidien Le Parisien, qui a révélé l’existence de cet agenda, il contient les noms de personnalités politiques de droite et de gauche, comme les ancien ministres conservateurs Charles Pasqua et Gérard Longuet, ou l’ex-chef de cabinet du président socialiste François Mitterrand, Gilles Ménage. De son côté, la presse allemande a déploré le silence observé par Alfred Sirven devant la commission d’enquête parlementaire allemande sur les caisses noires de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). La commission et le parquet étaient intéressés par son témoignage sur la vente de la raffinerie est-allemande de Leuna à Elf, décidée en 1992 par le gouvernement du chrétien-démocrate Helmut Kohl.
Après plus de trois ans de cavale, l’ancien numéro deux du groupe pétrolier français Elf, Alfred Sirven, s’est retrouvé hier à Paris devant ses juges, aux côtés de l’ancien ministre socialiste Roland Dumas, qui comparaît pour corruption avec lui dans un des volets de la tentaculaire affaire Elf. Le tribunal a décidé de renvoyer ce procès, qui s’est ouvert il y a quinze jours,...