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L’ex-président a déjà survécu à 3 attaques cardiaques depuis 1999 - Suharto devrait définitivement échapper à la justice
le 06 février 2001 à 00h00
L’ex-président Suharto, 79 ans, devrait définitivement échapper à ses juges, pour raisons de santé, privant l’Indonésie d’un procès pour corruption que beaucoup espéraient exemplaire. La Cour suprême a décidé que Suharto, accusé d’avoir détourné 571 millions de dollars durant ses 32 ans au pouvoir, ne pourrait pas comparaître de nouveau s’il ne recouvrait pas la santé. Cet arrêt devrait, en pratique, rendre hautement improbable une reprise du procès, suspendu depuis l’année dernière. Une équipe médicale indépendante de 24 médecins avait décrit en septembre M. Suharto comme «malade», et incapable de comparaître. Les médecins avaient souligné que cet état était permanent. Les médecins avaient notamment expliqué que M. Suharto souffrait de séquelles neurologiques de trois attaques cardiaques depuis 1999, d’une hypertension pouvant mener à une nouvelle attaque et de diverses autres affections. Les avocats de M. Suharto avaient présenté leur client comme un homme largement diminué, ayant du mal à s’exprimer, perdant la mémoire, et étant incapable de répondre devant un tribunal. Les juges avaient alors abandonné les charges. Mais un mois après, la cour d’appel, saisie par l’accusation, avait ordonné la reprise du procès. «Nous renvoyons le dossier au bureau du procureur général et il attendra jusqu’à ce que M. Suharto soit en bonne santé», a déclaré lundi le directeur des affaires criminelles de la Cour suprême, M. Mugiharjo. «Quand (M. Suharto) sera en bonne santé, le dossier pourra revenir devant le tribunal», a-t-il ajouté. 571 millions de dollars L’ancien général, qui dirigea le pays d’une poigne de fer jusqu’en mai 1998 avant d’être contraint à la démission après des émeutes sanglantes et la perte du soutien de l’armée, vit désormais cloîtré dans sa luxueuse villa du centre de Djakarta. Il est veillé par ses médecins privés et son entourage, et passe ses journées à regarder des documentaires à la télévision, selon ses visiteurs. La semaine dernière, une nouvelle rumeur sur sa mort avait couru à Djakarta et agité les milieux boursiers, avant d’être démentie. M. Suharto était accusé d’avoir détourné 571 millions de dollars via des organisations caritatives au profit d’amis et de membres de sa famille. L’accusation avait expliqué que le total des sommes détournées était probablement plus important. Le magazine américain Time a estimé la fortune de Suharto et de ses six enfants à 15 milliards de dollars. L’arrêt du procès Suharto en septembre avait entraîné une violente manifestation estudiantine à Djakarta et une grande déception au sein des milieux réformistes. Le président Abdurrahman Wahid – qui avait promis de pardonner à M. Suharto si ce dernier était jugé et remboursait les sommes détournées – avait de son côté fustigé la décision des juges et les avis des médecins. La décision de la Cour suprême constitue un autre revers pour M. Wahid, au moment même où le président, sous la menace d’une procédure de destitution du Parlement pour son rôle dans deux scandales financiers, a promis d’accélérer les réformes et de mieux lutter contre la corruption. D’autant plus que le plus jeune fils de Suharto, Tommy, condamné à 18 mois de prison pour corruption, est toujours en fuite et nargue la police depuis plus de deux mois. Vendredi, l’ancien ministre et compagnon de golf de Suharto, Mohammed «Bob» Hasan, un symbole du clan des «copains» de Suharto pour nombre d’Indonésiens, a été condamné à deux ans de prison pour détournement de fonds.
L’ex-président Suharto, 79 ans, devrait définitivement échapper à ses juges, pour raisons de santé, privant l’Indonésie d’un procès pour corruption que beaucoup espéraient exemplaire. La Cour suprême a décidé que Suharto, accusé d’avoir détourné 571 millions de dollars durant ses 32 ans au pouvoir, ne pourrait pas comparaître de nouveau s’il ne recouvrait pas la santé....
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