Alfred Sirven, l’homme-clé de l’affaire Elf, a été arrêté vendredi à Manille, d’où il a été expulsé vers la France, au terme d’une chasse à l’homme qui a duré trois ans. L’ancien haut responsable du groupe pétrolier français Elf-Aquitaine, recherché par les justices française et suisse, a été arrêté dans la localité résidentielle de Tagaytay au sud de la capitale philippine. L’ancien directeur des «affaires générales» du groupe Elf, âgé de 74 ans et en fuite depuis 1997, a clamé son innocence et dénoncé un «coup monté politique» alors qu’il était conduit dans les services du ministère philippin. «C’est un coup monté politique», a-t-il dit aux journalistes qui l’attendaient au ministère de la Justice. «Je n’ai pas d’argent aux Philippines, toutes les histoires concernant des comptes bancaires secrets sont bidon, juste une invention des journalistes français. Je n’ai jamais commis de délit», a-t-il affirmé, s’exprimant en anglais. L’ancien numéro deux d’Elf a été expulsé vers Paris hier soir sur un vol d’Air France, accompagné de deux policiers français, présents aux Philippines depuis le mois d’octobre dernier, selon le ministre de la Justice Hernando Perez. Alfred Sirven a embarqué à bord d’un avion spécial affrété par le gouvernement français. Menotté Alfred Sirven a été arrêté alors qu’à Paris se déroule le procès de l’ancien ministre français des Affaires étrangères Roland Dumas, impliqué dans l’affaire Elf, et dans lequel l’ancien numéro deux du groupe pétrolier est jugé par contumace. À la suite de cette arrestation, ce procès sera suspendu lundi en attendant que le tribunal de Paris soit informé de la venue d’Alfred Sirven. Interrogé sur le fait de savoir s’il accepterait de témoigner, M. Sirven a secoué la tête en répondant : «Non, je suis un vieux soldat», avant de protester lorsque les menottes lui ont été passées. Le tribunal devrait décider lundi s’il renvoie la totalité du procès à une date ultérieure afin de le reprendre depuis le début en présence de M. Sirven, ou s’il ne fait que suspendre le cours du procès en attendant que l’ex-numéro 2 d’Elf soit conduit à l’audience, où il pourrait présenter sa défense avant la clôture des débats. Alfred Sirven a été arrêté vendredi à la suite d’une indication de la police de Hong Kong. Son arrestation a eu lieu peu de temps après celle de son chauffeur philippin, Roberto Arasa, à l’aéroport de Manille où il arrivait en provenance de Hong Kong. Alfred Sirven a déclaré aux policiers philippins qui l’ont interpellé qu’il «s’attendait à être arrêté un jour ou l’autre», a-t-on indiqué de source policière française à Paris. L’ancien numéro 2 d’Elf a ajouté qu’il pensait que son arrestation était «inéluctable» et qu’il avait «songé à plusieurs reprises à se rendre», mais qu’il ne l’avait «finalement pas fait». Soupçonné d’avoir détourné des millions de dollars, Alfred Sirven est l’objet de quatre mandats d’arrêt internationaux dans le cadre de la tentaculaire affaire Elf.