Ellen MacArthur sur Kingfisher, deuxième du Vendée Globe à 78 milles de Michel Desjoyeaux sur PRB, a annoncé hier que son bateau avait heurté mardi soir un objet dur immergé, probablement un container. La navigatrice a entendu un bruit de craquement du carbone et a pu constater que la dérive bâbord était cassée et le safran (gouvernail) bâbord endommagé. La jeune navigatrice anglaise a attendu d’avoir réparé les dégâts avant de rendre l’incident officiel. «Je naviguais au près (vent de face) dans l’alizé de 20 nœuds, tout allait bien quand, soudain, j’ai entendu un grand bruit. Le bateau s’est arrêté, je venais de rentrer en collision avec quelque chose de dur», a raconté la benjamine de ce tour du monde en solitaire sans escale ni assistance. «Je n’ai rien vu derrière, sauf la moitié de ma dérive cassée qui flottait, et un bout de 30 cm de mon safran. La première émotion passée, j’ai eu peur de couler. J’ai vérifié toute la structure, mais rien n’avait bougé et le bateau ne prenait pas l’eau. J’ai passé beaucoup de temps à sortir la dérive cassée de son puits. J’ai pu ensuite la remplacer par l’autre dérive», a poursuivi Ellen MacArthur. Kingfisher, le voilier de la Britannique, possède deux dérives latérales, situées au niveau du mât, qui servent essentiellement par vent de face. Ces deux dérives sont interchangeables. «La grosse difficulté pour Ellen a été de retirer le morceau cassé qui était coincé et ensuite de transférer une dérive d’un bord à l’autre», a expliqué Philippe Jeantot, l’organisateur de la course. Containers abandonnés Ellen McArthur y a mis toute son énergie. «J’étais au-delà de mes limites, mais après tout ce travail, dans la soirée, Kingfisher naviguait à nouveau à son maximum. J’ai presque retrouvé tout le potentiel de mon bateau. Le safran cassé est moins efficace, mais pour ça je ne peux rien faire. Maintenant, je suis retournée à fond dans la régate», a-t-elle dit. «Cet accident m’a fait perdre environ 40 milles. Il reste 2 400 milles jusqu’aux Sables d’Olonne», a encore ajouté la navigatrice. Ellen MacArthur a attendu que tout soit rentré dans l’ordre avant d’annoncer ce qui s’était passé. «Cette attitude de ne pas avouer sur le moment les ennuis qui touchent les bateaux est adoptée par de nombreux skippers. La première raison est stratégique. Ils ne veulent pas que leurs concurrents sachent qu’ils ont des soucis et qu’ils peuvent souffrir d’un handicap», a expliqué Philippe Jeantot. Marc Thiercelin (Active Wear), actuellement quatrième, avait annoncé un mois plus tard la perte de ses spis (grand voile ronde d’avant) et Roland Jourdain, troisième sur Sill Matines La Potagère avait révélé trois semaines après la rupture de son rail de grand-voile. Les objets flottants, perdus en mer, qui constituent de véritables pièges pour les navigateurs, sont de plus en plus nombreux. Au large de l’Afrique, de nombreuses billes de bois dérivent en mer. On rencontre aussi des containers tombés des cargos. «Je ne sais pas si c’est une légende, mais on dit que les capitaines de cargos pris dans du mauvais temps larguent volontairement leur charge qui accentue dangereusement leur gîte». «Tous les containers ne coulent pas et deviennent d’autant plus dangereux», a insisté Roland Jourdain. Classement Voici les positions des concurrents du Vendée Globe hier à 15h GMT : 1. Michel Desjoyeaux (Fra/PRB) à 2 259 milles de l’arrivée 2. Ellen MacArthur (G-B/KingFisher) à 82 milles du premier 3. Roland Jourdain (Fra/Sill) à 390 milles 4. Marc Thiercelin (Fra/ActiveWear) à 476 milles 5. Thomas Coville (Fra/Sodebo) à 1 028 milles 6. Dominique Wavre (Sui/UBP) à 1 037 milles 7. Catherine Chabaud (Fra/Whirlpool) à 1 721 milles 8. Josh Hall (G-B/EBP) à 2338 milles 9. Mike Golding (G-B/Group 4) à 2 343 milles 10. Bernard Gallay (Fra-Sui/Voila.fr) à 2 693 milles.