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Actualités - CHRONOLOGIES

Attentat Lockerbie - L’imbroglio des sanctions contre la Libye

La levée des sanctions internationales contre la Libye, une mesure largement symbolique, se heurte à plusieurs conditions parmi lesquelles l’exigence des États-Unis et de la Grande-Bretagne de réparations aux familles des victimes. Même si les sanctions des Nations unies imposées en 1992 sont levées, rien n’empêche Washington de maintenir ses sanctions unilatérales, notamment son embargo pétrolier en vigueur depuis 20 ans. Or, c’est vers la nouvelle Administration américaine, sensible aux intérêts des grands groupes pétroliers, que les yeux de Tripoli sont avant tout tournés. Dans les faits, les sanctions de l’Onu – embargo aérien et sur les armes, gel des avoirs financiers libyens – ont été suspendues en avril 1999, quand Tripoli avait accepté de coopérer avec la justice écossaise en livrant les deux suspects dans l’attentat de Lockerbie. La suspension des sanctions a effectivement mis fin au long isolement international de la Libye. Aujourd’hui, plusieurs compagnies aériennes desservent ce pays, dont Swissair, Lufthansa, Alitalia, et depuis quelques mois British Airways, permettant ainsi aux hommes d’affaires britanniques d’aller plus facilement discuter de contrats. Hier, la Ligue arabe a demandé au Conseil de sécurité de l’Onu la «levée immédiate» des sanctions imposées à la Libye, après le verdict du procès de Lockerbie. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, et l’Espagne ont également demandé la fin des sanctions. La France – qui a souhaité une normalisation progressive avec Tripoli, mais qui a ses propres contraintes juridiques – attend la fin des tractations entre Londres, Washington et Tripoli. «Nous allons laisser passer l’orage», ont indiqué hier des diplomates français. Pour lever définitivement les sanctions, Américains et Britanniques insistent pour que la Libye paie des réparations (700 millions de dollars) aux familles des 270 victimes du Boeing 747 de la PanAm, reconnaisse sa responsabilité dans l’attentat et renonce publiquement au terrorisme. Une autre condition – la «coopération» de la Libye avec la justice – est en revanche considérée comme remplie, ont reconnu Londres et Washington. Le président américain George W. Bush a affirmé mercredi avec force que son pays insistera pour que la Libye reconnaisse sa responsabilité dans l’attentat de Lockerbie – ce qu’elle se refuse de faire – et indemnise les familles des victimes, conformément aux résolutions de l’Onu. Hier, l’ambassadeur libyen à Londres, Mohammed Azwai, a accepté l’idée de discuter de compensations aux familles des victimes de l’attentat de Lockerbie, mais une fois tous les aspects juridiques terminés. Abdel Basset Ali al-Megrahi, un des deux suspects libyens, reconnu coupable et condamné mercredi à perpétuité, envisage en effet de faire appel du verdict. En tout état de cause, il appartiendra au secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, de dire si Tripoli a renoncé – formellement ou par son comportement – au terrorisme. Pendant ce temps, des discussions importantes doivent se dérouler dans un avenir proche entre Libyens, Américains et Britanniques. Reste l’inconnue française : «l’affaire UTA», l’attentat libyen en 1989 contre un avion français qui avait fait 170 morts. L’affaire a déjà été jugée. Six Libyens ont été condamnés par contumace à la perpétuité et Tripoli a accepté de verser des compensations aux familles des victimes. Mais la justice française doit encore décider le 27 février si elle autorise ou non des poursuites contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, à la suite d’une plainte d’une association des victimes du terrorisme.
La levée des sanctions internationales contre la Libye, une mesure largement symbolique, se heurte à plusieurs conditions parmi lesquelles l’exigence des États-Unis et de la Grande-Bretagne de réparations aux familles des victimes. Même si les sanctions des Nations unies imposées en 1992 sont levées, rien n’empêche Washington de maintenir ses sanctions unilatérales, notamment son...