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CORRESPONDANCE - Bush et le retour à la civilité : - MM. les démocrates, tirez les premiers !
Par MOSALLI Irène, le 02 février 2001 à 00h00
WASHINGTON-Irène Mosalli «Mais enfin, elle est reine et en cette qualité. Semble exiger de nous quelque civilité». Dixit Corneille dans Nicomède. En démocratie, encore plus qu’en royauté, la civilité est de rigueur. Non seulement celle qui consiste à bien tenir son couteau et sa fourchette ou a dire à quelqu’un devant une porte, «après vous». Ni même l’usage d’un langage «politiquement correct». Ce qui est demandé aujourd’hui aux USA par la nouvelle Administration, c’est la civilité à tous les niveaux y compris la vie politique. Un appel qu’a lancé très clairement dans son discours le président Georges W. Bush. Un appel qui a trouvé un écho après l’ère débridée des Clinton (et de leur départ marqué par un vandalisme de mauvais goût de leur entourage) et qui répond à un besoin de remise en ordre et d’une plus grande convivialité, comme en témoigne la publication récente de plusieurs ouvrages traitant de ce sujet. Ainsi, la devanture des librairies est occupée par les titres suivants: «Civilité, étude en philosophie et en religion, Civilité-dialogue en un âge cynique, Georges Washington : règles de civilité et de comportement social et Civilité : manière, morale et éthique de la démocratie. Ce dernier fait un tabac parce qu’il aborde ces qualités «prépolitiques», base essentielle d’une société saine. Son auteur, Stephen Carter, professeur de droit à l’Université de Yale, est considéré comme étant l’analyste de l’Amérique le plus provocant depuis Alexis de Tocqueville. Halte au barbarisme – «En ces temps où le barbarisme est à nos portes, dit-il, il est temps de poser la question suivante: pourquoi les mauvaises manières ont actuellement le dessus sur les bonnes manières et quelles sont les raisons qui font que l’on confonde grossiéreté et impudence avec le droit de s’exprimer et le droit à la différence». La civilité doit être avant tout synonyme de respect et d’égalité. À savoir pas besoin de traiter un étranger ou tout ce qui est étranger à soi en ennemi ou en frère. Il est demandé de vivre en «harmonie créative avec les autres : rester fidèle à ses idées et ne pas rejeter ceux qui ne les partagent pas». Et bien sûr, il n’omet pas de rappeler sobrement que généralement l’autorité gouvernementale repose sur la violence légitimée qui, par le biais des guerres de toutes sortes (y compris les guerres économiques) mène à la plus incivile des démocraties. Et de citer les métaphores linguistiques qui abondent dans ce sens : «Nous devons les écraser, les briser, les démolir, les pousser dans leurs derniers retranchements et les éradiquer !» Alors que la civilité en démocratie implique une considération et une compréhension de l’opposant. Ce qui conduit à privilégier le débat et le dialogue marqués par la probité intellectuelle et morale. «Nos institutions, notre culture, nos communautés, notre pays en entier ne peuvent survivre à la perte de la civilité, l’un des ingrédients officiels de toute civilisation», écrit-il. Relance du bipartisme Une conviction que partage entièrement Georges W. Bush et qu’il entend conforter, car elle est l’une des valeurs les plus sûres du conservatisme américain. Ainsi, a t-il commencé par faire régner la ponctualité qui n’était pas une qualité de Bill Clinton. Ce dernier n’arrivait jamais à l’heure et travaillait et faisait travailler tout le monde très tard. Aujourd’hui, la Maison-Blanche commence à fonctionner dès 7h30 du matin et tout se déroule selon le programme établi. Sans parler du programme politique du nouveau chef de l’État qui vise à redonner vie au bipartisme. Tout ceci tombe droit dans la vision des Américains qui considèrent «qu’à présent la pyramide a retrouvé sa base». Pas étonnant que, dans cette perspective, Georges et Laura Bush conviaient à la Maison-Blanche tout le clan Kennedy pour assister à une projection privée du film Thirteen Days mettant en scène la crise des missiles cubains, crise vécue par le président John F. Kennedy. MM. les démocrates, tirez les premiers !
WASHINGTON-Irène Mosalli «Mais enfin, elle est reine et en cette qualité. Semble exiger de nous quelque civilité». Dixit Corneille dans Nicomède. En démocratie, encore plus qu’en royauté, la civilité est de rigueur. Non seulement celle qui consiste à bien tenir son couteau et sa fourchette ou a dire à quelqu’un devant une porte, «après vous». Ni même l’usage d’un langage...
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