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EXPOSITION - La photo considérée comme une forme d’expression artistique - Alfred Stieglitz, le passeur du Nouveau Monde
le 31 janvier 2001 à 00h00
Si Alfred Stieglitz s’est imposé comme l’une des figures les plus marquantes de l’art du début du XXe siècle, c’est peut-être moins pour ses célèbres photographies de paysages ou de New York que pour son rôle déterminant dans l’introduction de l’art moderne européen aux États-Unis. C’est cet aspect méconnu de la vie de Stieglitz, le galeriste et l’amateur d’art, que retrace la National Gallery de Washington dans une exposition intitulée «L’Art moderne et l’Amérique : Alfred Stieglitz et ses galeries de New York» (du 28 janvier au 22 avril). C’est à New York en effet que, dès 1905, il exposera quelques-uns des artistes européens les plus novateurs de l’époque, contribuant ainsi à influencer profondément le courant moderniste américain. «Dans les modestes salles de ses galeries, un dialogue intellectuel intense a surgi, provoqué par l’art avant-gardiste européen et, plus tard, reflétant les idéaux d’un groupe très soudé d’artistes américains», explique le directeur de la National Gallery, Earl Powell. «L’exposition présente ces œuvres qui ont inspiré la transformation spectaculaire de la photographie et de l’art américain au cours des premières décennies du XXe siècle», souligne M. Powell. C’est à 17 ans que ce fils d’immigrants allemands, né en 1864 à Hoboken, dans le New Jersey, succombe à la passion de la photographie alors qu’il suit des études d’ingénieur à Berlin. De retour aux États-Unis, il entreprend de prouver que la photo peut être une forme d’expression artistique et fonde en 1902 le groupe Photo-Secession. Avant-garde européenne Sur les conseils de son ami, le photographe Edward Steichen, il ouvre en 1905 sa galerie photo à New York, au numéro 291 de la 5e Avenue. Stieglitz veut mettre la photo en relation avec les autres arts et, rapidement, l’espace de la «291 Gallery» devient un lieu foisonnant où ses plaques autochromes côtoient la sculpture, la peinture, le dessin et même l’art primitif. Surtout, il y expose, pour la première fois aux États-Unis, l’avant-garde européenne : Matisse, Rodin, Cézanne, Picasso, Picabia, Kandinsky ou encore Brancusi. Présentées à Washington, ces œuvres ont en commun une représentation brute du corps humain débordante de sensualité, mais si contraire aux canons de la beauté d’alors que les visiteurs ne manquent pas de s’offusquer. En jetant ainsi un pont entre l’Amérique et le vieux continent, Stieglitz l’iconoclaste cherche pourtant moins à choquer qu’à instruire. Il invente, expérimente, organise en 1915 la première exposition d’art africain considéré sous le seul angle artistique et non plus ethnographique. La même année, il expose des Braque et des Picasso à côté d’un masque Kota du Gabon ou encore d’un nid de frelons, dans l’espoir de susciter un débat sur la relation entre art et nature, moderne et primitif. Dans les années 20, Stieglitz, qui aime à se définir comme un «révolutionniste», devient agacé par le soudain engouement autour de l’art européen et décide d’apporter son soutien aux jeunes artistes américains. Aux galeries Anderson (1921), puis à la Intimate Gallery (1925) et, enfin, à partir de 1929, à l’American Place où il s’installe jusqu’à sa mort en 1946, il présentera la jeune avant-garde américaine, plus connue sous le nom des «Sept Américains». Ce mouvement fertile, dont l’exposition présente les œuvres majeures, regroupe – outre Stieglitz – les peintres Marsden Hartley, Charles Demuth, Arthur Dove, John Marin, le photographe Paul Strand et, bien sûr, la peintre Georgia O’Keeffe, dont il partagera durant quelques années la vie à New York. Profondément influencé par O’Keeffe, dont il immortalisera sur pellicule des centaines de nus, Stieglitz tombe sous le charme de la nature et se met alors à photographier des arbres, des branches, des collines et des nuages.
Si Alfred Stieglitz s’est imposé comme l’une des figures les plus marquantes de l’art du début du XXe siècle, c’est peut-être moins pour ses célèbres photographies de paysages ou de New York que pour son rôle déterminant dans l’introduction de l’art moderne européen aux États-Unis. C’est cet aspect méconnu de la vie de Stieglitz, le galeriste et l’amateur d’art, que...
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