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Actualités - CHRONOLOGIES

RFY - Le Monténégro presse le pas vers l’indépendance - Nouveau risque de déstabilisation - dans les Balkans

Le Monténégro cherche à presser le pas vers son indépendance et vers un divorce d’avec la Serbie, redouté par les Occidentaux qui entrevoient un nouveau risque de déstabilisation des Balkans. Meilleur allié des Européens et des Américains pendant la guerre du Kosovo, le président monténégrin Milo Djukanovic est prêt à passer outre ces préventions et à organiser dès le mois de juin un référendum d’indépendance. «Nous voulons être directement représentés dans toutes les organisations internationales, à commencer par l’Onu. Nous ne sommes pas prêts à une autre forme d’État commun (avec la Serbie)», déclarait-il ces derniers jours à Podgorica à quelques journalistes français. Longtemps réticente, en raison des liens économiques et humains très étroits avec les Serbes, l’opinion publique paraît désormais prête à porter le coup de grâce à la fédération yougoslave, composée depuis 1992 de la Serbie et du Monténégro. Selon Srdjan Darmanovic, directeur du Centre pour la démocratie et les droits de l’homme, 55 % des Monténégrins sont aujourd’hui favorables à l’indépendance. «Cette tendance est constante depuis six mois», dit-il, et elle est le résultat d’une progression régulière des «indépendantistes» depuis dix ans. «Djukanovic pourrait organiser un référendum encore plus rapidement, mais il cherche à entourer le processus du maximum de légitimité», estime ce politologue. Le président du Monténégro a obtenu des différents partis politiques la tenue d’élections législatives anticipées le 22 avril, qui seront dominées par la question de l’indépendance. S’il l’emporte, il convoquera un référendum, avant le 30 juin. Cette double vérification devrait, pensent les autorités monténégrines, inciter les Occidentaux à reconnaître l’État, en dépit de leur soutien affiché au maintien d’une fédération yougoslave. Une fois indépendant, le Monténégro pourra former une «union» avec la Serbie et partager la défense, la monnaie et certaines compétences diplomatiques, a proposé Milo Djukanovic. Au contraire des Occidentaux, les milieux favorables à l’indépendance jugent que l’arrivée au pouvoir de Vojislav Kostunica à Belgrade n’a pas radicalement changé la donne. Ils le tiennent souvent, comme Slobodan Milosevic, pour un partisan de la «grande Serbie», l’utilisation de la violence en moins. Le Monténégro, petite république montagneuse et maritime de 650 000 habitants, a pris de l’avance dans les réformes économiques, qu’elle a souvent développées en dehors du cadre institutionnel de la fédération. Le deutschemark a remplacé, depuis un an, le dinar yougoslave, et une Banque centrale monténégrine a été créée. Des lois sur les privatisations, la baisse des droits de douane, la libéralisation des échanges, ont été prises. «La fédération a pratiquement cessé d’exister. Il ne nous reste qu’à mener à bout ce processus pacifiquement», affirme Ljubisa Krgovic, vice-Premier ministre, chargé de l’Économie. Pour les partisans d’un État unitaire avec la Serbie (10 millions d’habitants), toutes ces initiatives nient la réalité du Monténégro. «Nous pensons que l’indépendance n’est pas la solution, d’abord pour des raisons économiques, car les deux républiques sont très liées», répond Predrag Bulatovic, vice-président du Parti socialiste populaire (SNP), anciennement pro-Milosevic et aujourd’hui associé au pouvoir fédéral par Kostunica. «Et puis, un million de Monténégrins vivent en Serbie», affirme-t-il. Aujourd’hui, les meilleurs alliés des anti-indépendantistes semblent être les Occidentaux qui redoutent qu’une sécession monténégrine n’accélère la revendication d’autodétermination des Albanais du Kosovo et ne remette en cause le fragile équilibre dans la région. Argument injuste, rétorquent les partisans de Milo Djukanovic. «Les Européens accordent une prime à la violence, car ils ont accepté que les autres républiques yougoslaves se libèrent par les armes et refusent nos moyens démocratiques».
Le Monténégro cherche à presser le pas vers son indépendance et vers un divorce d’avec la Serbie, redouté par les Occidentaux qui entrevoient un nouveau risque de déstabilisation des Balkans. Meilleur allié des Européens et des Américains pendant la guerre du Kosovo, le président monténégrin Milo Djukanovic est prêt à passer outre ces préventions et à organiser dès le mois de...