Michel Desjoyeaux sur PRB, en tête du Vendée Globe avec 94 milles d’avance sur Ellen McArthur (Kingfisher), se rapproche de l’Équateur et du fameux Pot au Noir. Ce que les marins appellent le Pot au Noir et les météorologues «zone intertropicale de convergence» est une zone de transition entre le système météo de l’hémisphère Nord et celui de l’hémisphère Sud. Cette zone, plus ou moins large, est le domaine des vents faibles et des grains violents. «Par expérience, on sait que le Pot au Noir est beaucoup plus large vers l’Afrique et perd progressivement de son intensité et de son action en gagnant vers l’Ouest vers les côtes de l’Amérique du Sud. C’est la raison pour laquelle les concurrents du Vendée Globe redoutent beaucoup moins sa traversée au retour qu’à l’aller», a commenté Philippe Jeantot, l’organisateur de ce tour du monde en solitaire sans escale ni assistance. Michel Desjoyeaux ne semble en effet pas trop craindre ce passage considéré comme délicat. «J’avance tranquillement vers le Pot au Noir. Apparemment, il ne doit pas nous réserver beaucoup de surprises, les cartes indiquent qu’il n’y a rien de compliqué à prévoir», a précisé le navigateur breton. «Je me méfie quand même de tout ce qui est mis à notre disposition pour comprendre ce qui va se passer. D’après les informations que j’ai, le Pot au Noir devrait se passer facilement, mais on verra quand on sera devant. Je suis toujours en tête et je vais tout faire pour essayer d’y rester», a ajouté Desjoyeaux. La stratégie pour les bateaux de tête est de déterminer à quel endroit le Pot au Noir est le plus étroit et le moins actif et de viser ce point de façon à passer le plus rapidement possible pour se placer ensuite sous l’influence du système météo de l’hémisphère Nord et attraper l’alizé de Nord-Est généré par l’anticyclone des Açores. «L’intérêt de Michel Desjoyeaux est de contrôler Ellen McArhtur, de la marquer et de l’empêcher de tenter une option extrême. Le jeu d’Ellen consiste au contraire à essayer de tromper la vigilance du leader et de tenter un coup», a encore analysé Jeantot. «La position de leader n’est pas toujours une position facile, mais je préfère être devant avec quelqu’un à mes trousses plutôt que de me retrouver à 1 000 ou 2 000 milles du premier en ayant l’impression de ne pas faire partie de la course. Ellen s’est rapprochée de moi et je trouve cela bien pour le sport», a encore avoué Desjoyeaux. Derrière le duo de tête, Marc Thiercelin sur Active Wear et Roland Jourdain sur Sill Matines la Potagère, moins favorisés par les alizés car situés plus au Sud, ont continué à perdre du terrain et se trouvent à plus de 500 milles. Le Suisse Dominique Wavre sur Union Bancaire Privée occupe toujours la cinquième place, mais Thomas Coville sur Sodébo n’est qu’à neuf milles derrière lui. «Comme l’alizé n’est pas très actif, le Pot au Noir ne va pas être très facile à passer», a avoué Thomas Coville. «J’ai commencé à étudier ça. J’ai tout à gagner à essayer d’accrocher ceux de devant. Si après le Pot au Noir je suis encore avec Dominique Wavre, on se battra pour la cinquième place», a-t-il ajouté. Michel Desjoyeaux devrait franchir l’Équateur aujourd’hui. The Race : Dalton et Peyron à des vitesses record Club Med, le catamaran géant du Néo-zélandais Grant Dalton, occupait toujours hier la première place de The Race, la course autour du monde à la voile en équipage et sans limite, mais Loïck Peyron (Innovation/Explorer) avait réduit son retard sur le leader de 110 milles (198 km) en 24 heures. Les deux bateaux ont d’ailleurs battu leurs records de vitesse en course, avec respectivement 599,2 et 584,5 milles. Club Med s’est trouvé cependant un peu ralenti dans la matinée, certainement rattrapé par les hautes pressions qui viennent combler la dépression sur laquelle surfait le bateau. Cela a fait l’affaire d’Innovation/Explorer qui a filé bon train, pointant désormais à 630 milles de Dalton. Le Polonais Roman Paszke (Warta Polpharma), 4e, a également signé des records de vitesses avec 504 milles parcourus en 24 heures. Le catamaran avance dans un vent de Nord-Ouest 25 nœuds (45 km/h) après avoir parfaitement négocié une petite cellule anticyclonique. En revanche, le Britannique Tony Bullimore (Team Legato), 5e, était englué hier dans une zone de hautes pressions. L’Américain Cam Lewis (Team Adventure) a quant à lui quitté Le Cap (Afrique du Sud) hier à et pointe en 3e position, à 3 178 milles (5 720 km) de Club Med. Les organisateurs ont enfin été informés par l’Américain Steve Fossett (PlayStation) de son arrivée à Palm Beach (Floride).