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Somalie - 12 conférences de paix et deux missions onusiennes n’ont pu asseoir un État unifié - Dix ans d’échecs internationaux
le 26 janvier 2001 à 00h00
En maniant que ce soit la carotte ou le bâton, la communauté internationale a échoué depuis dix ans dans ses tentatives pour mettre fin à l’anarchie et de restaurer un État unifié en Somalie. Les Nations unies restent traumatisées par l’échec sanglant de leurs deux missions de maintien de la paix en Somalie, de 1992 à 1995, qui se sont soldées par la mort de 136 Casques bleus, dont celle, très médiatisée, de 18 soldats américains. Douze conférences de paix ont été organisées depuis la chute du président Mohammed Siad Barre le 27 janvier 1991. La treizième, celle d’Arta à Djibouti, qui s’est ouverte au mois d’avril 2000 à l’initiative du président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh avec le soutien de l’ensemble de la communauté internationale, a débouché en été sur l’élection d’un Parlement de transition et d’un président et sur la formation d’un gouvernement. Les résultats de ce processus, qui porte en lui les derniers espoirs internationaux, ont largement dépassé les prévisions. Mais c’est avec une grande modestie que l’organisation mondiale s’est prononcée à la mi-janvier en faveur d’une «mission de construction de la paix (Peace Building Mission)» pour soutenir cette initiative. Qui conduira cette mission? Quels seront ses moyens? Et surtout quel est son mandat précis? sont des questions encore à finaliser. Jusqu’en 1995, les opérations des Nations unies en Somalie ont coûté quelque 4 milliards de dollars, mais depuis, l’aide annuelle ne se monte plus qu’à une cinquantaine de millions de dollars, selon des sources onusiennes à Nairobi. Si les nouvelles institutions somaliennes ont reçu une reconnaissance internationale et si le nouveau président Abdoulkassim Salat Hassan a pu représenter ces derniers mois son pays dans les réunions internationales, notamment à l’assemblée générale des Nations unies, à la dernière réunion de la Ligue arabe ou encore au dernier sommet de l’Autorité intergouvernementale de développement (IGAD), leur autorité ne s’exerce que sur une part infime du territoire somalien, essentiellement dans une partie de Mogadiscio et de ses environs. Le Somaliland Une fois de plus, dans l’imbroglio tribal de cinq confédérations claniques et de dizaines de sous-clans, elles se heurtent à l’opposition des chefs de guerre qui s’entretuent depuis dix ans à Mogadiscio et au Sud, et aux velléités d’indépendance ou d’autonomie des leaders régionaux, à commencer par le Somaliland (nord) dont l’indépendance autoproclamée bénéficie en sous-main de nombreuses sympathies internationales et régionales. Déjà en juillet 1991, une conférence parrainée par Djibouti avait nommé Ali Mahdi Mohammed, l’un des chefs de guerre de Mogadiscio, à la tête de la Somalie pour une durée de deux ans. Cette nomination avait déclenché des combats après son rejet par le général Mohamed Farah Aidid, père de Hussein Mohamed Aidid, aujourd’hui l’un des principaux chefs de guerre de la capitale somalienne. Tous les pays de la région, avec des intérêts divergents, ont tenté des initiatives de paix en Somalie. Outre Djibouti, l’Éthiopie, qui n’hésite pas à intervenir militairement en Somalie en invoquant des raisons de sécurité à ses frontières ou à soutenir matériellement tel ou tel clan, a organisé des conférences de paix : à Addis Abeba en janvier 1993 et en juillet 1993 puis à Sodare (200 km à l’est d’Addis-Abeba) en 1996 pendant six mois. Agissant comme un concurrent, l’Égypte a lancé ses propres initiatives, notamment en août 1997 où l’ensemble des factions militaires somaliennes signent un accord au Caire préconisant la formation d’un gouvernement de transition, la réunification de la capitale somalienne déchirée et la tenue d’une autre conférence de paix dans le Sud-centre de la Somalie, dans la ville de Baidoa dévastée par la guerre. La réunion de Baidoa a été ajournée six fois avant d’être annulée. L’Éthiopie a qualifié l’accord du Caire de «non représentatif». L’Égypte a alors accusé l’Éthiopie de «soutenir les éléments qui perturbent le processus de paix en Somalie». De leur côté, la Libye, le Yémen ou l’Arabie séoudite, sans compter la Ligue arabe, ne sont pas absents du théâtre somalien. Enfin, le Kenya, toujours inquiet des événements se déroulant sur sa frontière Nord, n’a pas hésité non plus à se lancer dans des missions de bons offices. Depuis 1996, le président Daniel Arap Moi a tenté à trois reprises de réconcilier les Somaliens.
En maniant que ce soit la carotte ou le bâton, la communauté internationale a échoué depuis dix ans dans ses tentatives pour mettre fin à l’anarchie et de restaurer un État unifié en Somalie. Les Nations unies restent traumatisées par l’échec sanglant de leurs deux missions de maintien de la paix en Somalie, de 1992 à 1995, qui se sont soldées par la mort de 136 Casques bleus, dont...
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