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Actualités - CHRONOLOGIES

Chili - Le « très bref » interrogatoire a fatigué l’ex-dictateur - Premier face-à-face Pinochet-Guzman

Le général Augusto Pinochet s’est retrouvé mardi pour la première fois face au juge Juan Guzman Tapia qui s’est rendu à son domicile à Santiago pour l’interroger sur des crimes commis pendant son régime (1973-1990), qui a fait plus de 3 000 morts et disparus. Le juge Guzman instruit les 209 plaintes déposées depuis trois ans contre le général Pinochet dans son pays. Il entend notamment faire la lumière sur sa responsabilité dans les crimes de la Caravane de la mort. Ce commando militaire a exécuté sommairement 75 prisonniers politiques en octobre 1973, un mois après le coup d’État. Le magistrat, qui était accompagné de son secrétaire, n’a fait aucune déclaration en quittant au bout de deux heures le domicile de l’ex-dictateur dans l’élégant quartier de La Dehesa, dans le nord-est de Santiago. Il en est sorti à 12h10 à bord de la même limousine noire, précédée d’une escorte motocycliste, dans laquelle il était arrivé et qui avait pénétré directement dans le parc de la résidence par l’entrée secondaire située à l’arrière. Un porte-parole du général Pinochet a pour sa part déclaré que l’interrogatoire avait été «très bref», mais avait fatigué l’ex-dictateur. «Il était fatigué quand je l’ai quitté (...) Il était assez diminué», a estimé le général en retraite Guillermo Garin, en précisant toutefois que «cela n’a pas duré des heures, seulement des minutes», et que l’ancien dictateur était «tranquille». L’Association des proches de détenus disparus pendant la dictature a de son côté réaffirmé que «le général Pinochet doit être soumis à un procès», estimant qu’ainsi «une véritable réconciliation nationale pourra avoir lieu». La présidente de l’association, Viviana Diaz, a remis une lettre en ce sens au commandant en chef de l’armée. Le général Ricardo Izurieta, qui a succédé à Pinochet à ce poste en mars 1998, a déclaré dans une interview publiée dimanche par le quotidien el-Mercurio que jamais son institution n’abandonnera l’ex-chef de l’État. Démence «Le général Pinochet doit être soumis à un procès et répondre devant la justice de sa responsabilité pénale dans les crimes contre les droits de l’homme commis à l’égard de nos proches et de tant de nos compatriotes. Son jugement est indispensable pour que s’ouvrent définitivement les chemins de la justice», écrit notamment l’association. Munis de banderoles disant «Non au procès militaire» ainsi que de drapeaux chiliens et de portraits de l’ex-dictateur, une trentaine de ses partisans lui ont pour leur part manifesté leur soutien face à l’entrée principale de la résidence, dont les accès immédiats avaient été barrés par la police. L’interrogatoire d’Augusto Pinochet avait été maintes fois reporté à la suite de multiples recours de ses avocats estimant que son état de santé ne lui permet pas de se défendre correctement et réclamant l’interruption de la procédure. Selon huit experts médicaux qui, il y a une dizaine de jours, l’ont examiné sur ordre du juge Guzman, l’ancien homme fort du Chili, âgé de 85 ans, souffre d’«une démence légère à modérée». En accord avec la législation chilienne, la démence peut justifier une suspension de condamnation, mais elle ne peut en aucun cas motiver l’interruption d’une procédure en cours. Rentré libre au Chili le 3 mars dernier après 503 jours de détention à Londres, à la demande de la justice espagnole, l’ancien dictateur a vu début août la Cour suprême lever l’immunité parlementaire dont il bénéficiait depuis qu’il était devenu sénateur à vie en mars 1998. Le 1er décembre, Juan Guzman l’inculpait pour l’affaire de la Caravane de la mort et l’assignait à résidence. Mais cet ordre a été annulé ensuite par la cour d’appel puis par la Cour suprême le 20 décembre, au motif qu’il n’avait pas été procédé à l’interrogatoire préalable de rigueur.
Le général Augusto Pinochet s’est retrouvé mardi pour la première fois face au juge Juan Guzman Tapia qui s’est rendu à son domicile à Santiago pour l’interroger sur des crimes commis pendant son régime (1973-1990), qui a fait plus de 3 000 morts et disparus. Le juge Guzman instruit les 209 plaintes déposées depuis trois ans contre le général Pinochet dans son pays. Il entend...