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AFFAIRE ELF - Dumas interrogé aujourd’hui - Les ex-dirigeants d’Elf « chargent » Sirven
le 24 janvier 2001 à 00h00
Les anciens dirigeants d’Elf ont accusé hier Alfred Sirven, ex-n° 2 de la société pétrolière, d’être le seul responsable des détournements de fonds reprochés à Roland Dumas et à sa maîtresse, Christine Deviers-Joncour. Au second jour du procès de l’affaire à Paris, l’ex-P-DG d’Elf, Loïk le Floch-Prigent, a expliqué qu’Alfred Sirven, aujourd’hui en fuite, l’aurait «trahi» en procurant à son insu un emploi de complaisance à Christine Deviers-Joncour entre 1989 et 1993. André Tarallo, ancien directeur général de la société, a expliqué qu’Alfred Sirven aurait imposé cette embauche en invoquant une demande de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères. «Alfred Sirven m’a beaucoup parlé de la proximité de Christine Deviers-Joncour avec Roland Dumas. C’était la raison essentielle du recrutement, une utilité politique», a dit André Tarallo. Roland Dumas, qui est poursuivi pour «recel et complicité d’abus de biens sociaux» doit être interrogé pour la première fois aujourd’hui. Quand la présidente Sophie Portier a demandé à Loïk le Floch-Prigent la raison de cette démarche d’Alfred Sirven, l’ex-PDG a répondu : «C’est son problème, pas le mien. S’il était là, il pourrait le dire». Alfred Sirven, âgé de 74 ans, est en fuite depuis 1997 et il est jugé par défaut. Soupçonné d’avoir détourné plusieurs milliards de francs des caisses d’Elf, il est sous le coup de plusieurs mandats d’arrêt internationaux. Il se trouverait aux Philippines où des policiers français le recherchent vainement depuis des mois. Selon les prévenus, cet homme, qui avait le titre de «chargé des affaires générales» à Elf entre 1989 et 1993, traitait personnellement avec des chefs d’État, en particulier en Afrique où Elf puisait les trois quarts de son pétrole. Il réglait seul des problèmes diplomatiques internationaux. «Sirven est allé voir une fois le chef de l’opposition en Angola, Jonas Savimbi, qui avait occupé une base d’Elf», a dit Loïk le Floch-Prigent. Selon André Tarallo, qui a été durant trente ans le «M. Afrique» d’Elf, ces voyages africains d’Alfred Sirven «étaient nombreux et dissimulés aux autres dirigeants de la société, ils avaient un caractère politique». Les larmes de Deviers-Joncour Le tribunal est aussi revenu sur les avantages consentis par Elf à Christine Deviers-Joncour: un total de 2,7 millions de francs de salaires et une carte de crédit de la compagnie avec laquelle elle dépensait jusqu’à 100 000 francs par mois. Loïk le Floch-Prigent a affirmé catégoriquement que l’amie de Roland Dumas n’avait aucune utilité pour lui. «Je ne connaissais pas son embauche, elle n’a pas été utile, je ne l’ai pas utilisée», a-t-il dit, expliquant qu’il traitait directement avec le cabinet de François Mitterrand ou avec le président lui-même. André Tarallo a été plus cruel encore en expliquant que l’appartement loué pour la jeune femme par Alfred Sirven avec des fonds d’Elf, dans l’immeuble où il habitait lui-même, était «un sujet de plaisanterie» dans les réunions de direction. L’ancienne maîtresse de Roland Dumas a fondu en larmes après toutes ces dépositions et son avocate a dû venir la consoler, ainsi que Gilbert Miara, un autre de ses ex-amants, lui aussi jugé. Roland Dumas est resté impassible et a continué, comme il l’a fait depuis le début du procès, à ignorer son ancienne compagne. Christine Deviers-Joncour est revenue à la barre pour tenter d’expliquer que c’était son «lobbying» sur Roland Dumas en 1988 qui aurait permis la nomination en juin 1989 de Loïk Le Floch-Prigent à la tête de la compagnie pétrolière. Elle s’est attiré alors une nouvelle remarque narquoise de la présidente du tribunal Sophie Portier. «Vous avez travaillé Roland Dumas au corps ?», a-t-elle demandé. Loïk Le Floch-Prigent a répliqué lui-même en déclarant que François Mitterrand lui avait promis sa nomination à Elf dès 1988. «J’ai eu un patron important dans ma vie, qui est François Mitterrand», a dit l’ex-PDG. L’audience reprend cet après-midi.
Les anciens dirigeants d’Elf ont accusé hier Alfred Sirven, ex-n° 2 de la société pétrolière, d’être le seul responsable des détournements de fonds reprochés à Roland Dumas et à sa maîtresse, Christine Deviers-Joncour. Au second jour du procès de l’affaire à Paris, l’ex-P-DG d’Elf, Loïk le Floch-Prigent, a expliqué qu’Alfred Sirven, aujourd’hui en fuite, l’aurait...
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