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Actualités - REPORTAGES

BANQUES - - Les institutions financières de demain sont-elles pour aujourd’hui ?

Les 18, 19 et 20 janvier, à l’hôtel Savoy Suite, s’est tenu un colloque sur le e-banking au Liban et dans les pays arabes. Trois jours de débats ont permis aux professionnels des banques de faire le point sur ce qui est possible en matière de législation et ce qui ne l’est pas encore. Des séances de travail ont été consacrées à la compréhension de ce qu’est la banque virtuelle: son contenu, ses enjeux et l’aspect légal qui cautionne son fonctionnement. Il a surtout été question de sécurité, de lois, de droits, qui puissent protéger les banques aussi bien que les déposants contre d’éventuels «crimes virtuels». Ce colloque a été pour la plupart de ces banques un tremplin à partir duquel elles pourront définir leurs stratégies de e-développement. Les professionnels présents, en majorité des informaticiens et des juristes, se disent satisfaits du débat même si certains pensent que ce colloque a eu simplement un effet informationnel. Paul Azar et Hatem Charani, le premier juriste et le second ingénieur informaticien, travaillant tous deux auprès de la Banque Audi, trouvent par exemple insuffisantes les décisions prises par la BDL pour qu’avant la fin de l’année les banques soient reliées par un réseau interne, réseau qui facilitera considérablement leurs échanges et le flux d’information en direction de la BDL. Selon eux, il est tout aussi urgent de légiférer sur le statut de la signature électronique qui permet de légaliser le traitement électronique avec le client (thème largement débattu au cours de ces trois jours). «Aucun contrat, aucune convention ne peut avoir un cadre légal sur le net avant que soit légitimé le statut de la signature électronique», explique M. Azar. Pour M. Charani, «l’essentiel réside dans une évaluation pointue des besoins de chaque banque en matière de technologie de l’information». Rejoindre la nouvelle économie peut s’avérer selon lui trop coûteux, un coût qu’il faut évaluer en terme de besoins et de rentabilité. Et si cette évolution est inévitable, elle se fera par étapes, car elle nécessite la synchronisation de plusieurs éléments. «Les professionnels de l’informatique, la technologie, les institutions bancaires et les clients sont les quatre pôles interdépendants d’un même phénomène évolutif», ajoute M. Charani. Réduction des coûts La nouvelle économie réduit considérablement les coûts des transactions. Aux États-Unis, on évalue le coût d’une intervention bancaire traditionnelle à 1,07 dollar (Elle serait d’environ 2 dollars au Liban). Elle passe à 0,5 dollar si elle est effectuée par téléphone, à 0,25 dollar si on utilise un distributeur automatique de billets, et à 0,02 $ via Internet. D’où l’attrait de cette technologie. Mais son implantation coûte cher. Il faut investir en matériel, en software, en formation, redéfinir tous les procédés de travail et changer aussi bien la mentalité des déposants que la culture des institutions bancaires. Si certaines banques ont entrepris depuis quelques années de sérieuses démarches de restructuration, d’autres se sont simplement contentées d’offrir de nouveaux services web à leurs clients. D’ailleurs, la plupart des banques libanaises se trouvent déja sur le web et plusieurs offrent la possibilité de consutation des comptes en direct, certaines même des transactions avec plafond, risque oblige. Peu, sinon aucune, ne semblent avoir atteint le degré d’interactivité que certains intervenants décrivent à propos de banques étrangères. Ce colloque est un appel au gouvernement. Car le troisième acteur en dehors des banques et des clients, pour une transformation en profondeur de la manière dont les banques doivent opérer, brille par son absence. D’après certains conférenciers, des efforts sérieux sont nécessaires pour pallier les déficits d’infrastructures des services étatiques : lignes, câbles, etc. Et le gouvernement n’a toujours pas libéralisé le secteur des communications. Cette conférence a l’avantage de mettre le doigt sur la plaie : «Si le gouvernement n’apporte pas un minimum de garantie légale aux transactions sur le réseau, les risques pour les banques augmentent et les velléités des banques à embrasser la nouvelle économie diminuent», a affirmé, dès le premier jour, le vice-président de l’Association des banques arabes. Le véritable enjeu Les quelque 80 000 abonnés Internet au Liban ne sont pas le véritable enjeu du débat organisé par l’Association des banques arabes. C’est un chiffre ridiculement bas, même si on veut y ajouter les 600 000 à 700 000 abonnés au réseau GSM. Surtout, si on considère que seulement un quart de ce groupe est susceptible d’utiliser le réseau pour des services bancaires. «Chaque banque aurait tout au plus entre 1 000 et 3 000 clients intéressés par ces nouveaux services», explique M. Cyrus Salesse, e-consultant auprès de la Société Générale Libano- Européenne de banque. La plupart des spécialistes qui sont intervenus lors de ce colloque ont parlé plutôt de restructuration indispensable du secteur bancaire. Selon eux, les banques doivent changer leur manière de traiter leurs opérations. Elles doivent s’adapter à la nouvelle économie, même si elles risquent de perdre certains clients. Il faudra à terme, pensent-ils, changer la mentalité du déposant et la relation qu’il entretient avec sa banque. «Il y a une grande différence entre e-business et e-commerce», explique M. Salesse. Et d’ajouter : «Ce qu’on entend par e-banking, c’est tout le processus de transformation le rapport avec le client, les nouveaux services en ligne ne sont que la partie visible de l’iceberg». Pour Joumana Hachem, juriste auprès de la Banque Saradar, le bilan de cette conférence est positif. «Je suis désormais au courant des conventions et de l’arbitrage qui sont en vigueur à l’étranger. Cette conférence est une fenêtre ouverte sur l’avenir», dit-elle.
Les 18, 19 et 20 janvier, à l’hôtel Savoy Suite, s’est tenu un colloque sur le e-banking au Liban et dans les pays arabes. Trois jours de débats ont permis aux professionnels des banques de faire le point sur ce qui est possible en matière de législation et ce qui ne l’est pas encore. Des séances de travail ont été consacrées à la compréhension de ce qu’est la banque virtuelle:...