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Les films à la télé - Trois grands cinéastes suffiront à votre bonheur de cinéphiles
Par PLISSON Alain, le 22 janvier 2001 à 00h00
Une semaine faste, à marquer d’une pierre blanche, puisque la télé vous propose cette semaine trois chefs-d’œuvre : «The Chase» d’Arthur Penn avec Marlon Brando, Jane Fonda et Robert Redford, «Casino» de Martin Scorsese avec Robert De Niro et Sharon Stone et, enfin, l’avant-dernier film de Hitchcock «Frenzy». Que peut-on souhaiter de plus ? Sinon qu’il y aura aussi l’excellent film de Gus Van Sant «Good Will Hunting» et «Fame» d’Alan Parker. Good Will Hunting est une histoire analogue à celle de Sylvester Stallone et de Rocky. Il était une fois deux jeunes comédiens : Ben Affleck et Matt Damon. Las d’attendre les bons rôles, ils ont décidé de les forger eux-mêmes en écrivant un scénario, dont la réalisation a été confiée à Gus Van Sant. Après l’arriéré sympa qui réussit tout ce qu’il entreprend, modèle Forrest Gump, voici donc le surdoué asocial, alias Will Hunting. Ce garçon a l’étoffe d’un génie des mathématiques, mais il est handicapé par ses problèmes psychologiques. Risquant la prison, il est remarqué par un prof du M I T, la pépinière des cerveaux prodiges, qui le confie aux bons soins d’un psy atypique : Robin Williams dans une performance analogue à celle du Cercle des poètes disparus. L’itinéraire du jeune homme, sa relation exceptionnelle avec son mentor et ses amours avec une belle étudiante forment l’essentiel d’un film sur la réalisation individuelle, thème favori du cinéma américain. Le tout est bien mené, d’une habileté qui, sur la fin, tourne à la roublardise. Diffusion lundi à 21h00 sur LBCI D’excellents interprètes, un décor de rêve : tout ce qui manque à Club Paradise de Harold Ramis, c’est quelques bons gags et un scénario plus consistant. Robin Williams, entouré de Peter O’Toole, de Rick Moranis et de Cliff Young, incarne un pompier qui, après avoir été gravement brûlé dans l’exercice de ses fonctions, se rend dans une petite île. Il ne tarde pas à succomber aux charmes de l’exotisme et se laisse convaincre d’investir toute sa pension dans la réfection d’une propriété du bord de mer afin d’en faire un hôtel pour touristes. On aurait pu facilement nous dispenser du côté moralisateur sur l’exploitation des natifs par les blancs. Heureusement qu’il reste la musique de Cliff Young utilisée pratiquement en non-stop durant tout le film. Diffusion lundi à 23h30 sur Future TV The Chase d’Arthur Penn est un chef-d’œuvre. Un banal fait divers (l’évasion d’un détenu) met à feu et à sang – au propre et au figuré – une petite ville texane qui devient en quelques heures le microcosme de l’Amérique moderne. Les haines et les passions, longtemps retenues, éclatent alors dans toute leur violence. Les habituelles réceptions se transforment en d’impitoyables chasses à l’homme. Un malheureux Noir est la première victime de cette sauvagerie. Le shérif local – splendidement joué par le Brando des grands jours – tente vainement de s’opposer à cette montée de la violence, qui arrache les habitants à leur torpeur et à leur conformisme. The Chase possède la force des grands romans américains, ceux de Fauklner notamment, et Arthur Penn a signé ici l’un de ses plus beaux films. Par-delà le racisme latent et le goût pour une violence collective et aveugle. Penn dénonce le pouvoir corrupteur de l’argent et la fragilité de l’«empire» de Val Rogers, le potentat du lieu. L’évasion et l’arrivée de Bubber Reeves sont les détonateurs du drame, un drame que ses protagonistes ne contrôlent même plus, et dont le cataclysme final est l’inévitable aboutissement. Que ce soit pour son admirable interprétation, de Jane Fonda à Angie Dickinson, de Robert Redford à Robert Duvall, ou pour sa description au vitriol de l’Amérique de Lyndon Johnson, The Chase est un film exceptionnel à ne pas manquer. Peu de productions hollywoodiennes des années soixante ont une telle puissance... Diffusion mardi à minuit sur LBCI Comme Bugsy, Casino dénonce le rôle de la mafia et l’enfer du jeu ! Las Vegas, 1973. Sam Ace Rothstein a su gagner la confiance des parrains de la mafia. Aidé de son ami d’enfance Nicky Santoro, son casino est une affaire prospère. Bientôt Sam s’éprend de la belle Ginger McKenna, une virtuose de l’arnaque et l’épouse. Malgré son mariage et la naissance d’une petite fille, Ginger reste liée à son ancien amant, Lester Diamonds... Martin Scorsese retrouve pour la huitième fois Robert De Niro, son acteur fétiche. L’interprète de Raging Bull incarne avec justesse ce caïd de la pègre au pouvoir indiscutable mais non sans faille. Nominée aux Oscars pour son époustouflante prestation et récompensée d’un Golden Globe, Sharon Stone trouve ici son meilleur rôle, celui d’une femme qui se laisse enfermer dans une cage dorée et tente de s’en évader en trouvant refuge dans la drogue et l’alcool. Diffusion mercredi à 20h30 sur MTV Fame est le plus bel éloge que l’on ait pu rendre à l’écran à une école de théâtre. Il s’agit de la célèbre école new-yorkaise de Performing Arts. Alan Parker, qui venait de faire sensation avec Midnight Express, quitta son Angleterre natale pour faire avec ce film de brillants débuts américains. Nous assistons aux espoirs, aux désillusions, aux ambitions et aux auditions d’un groupe de jeunes qui a décidé de conquérir la gloire dans le domaine du show-business. Les intermèdes musicaux sont enlevés avec une énergie débordante par des interprètes, totalement inconnus à l’époque. Irene Cara fit triompher la chanson Fame qui remporta l’Oscar et, par la suite, ce film inspira une série télévisée avec autant de succès. Diffusion jeudi à 23h30 sur Future TV La nostalgie est à l’affiche avec Al Pacino, métamorphosé en vieillard dans Two Bits de James Foly qui nous plonge dans la Grande Dépression. Un jour de canicule, en 1933. Un garçon de 12 ans qui n’a qu’une envie : assister à la grande première du cinéma La Paloma. Un vieil homme, son grand-père, qui sent sa fin prochaine. L’enfant court à travers Philadelphie pour obtenir les 25 cents nécessaires à son bonheur. Sa mère (Mary Elizabeth Mastrantonio) gagne à peine de quoi les empêcher de mourir de faim. À mesure que s’écoule cette journée exceptionnelle, l’enfant surprend bien des secrets des adultes, parfois dérisoires, parfois terribles. James Foley en profite pour décrire cette Amérique des années 30, en pleine dépression économique, où le rêve et l’évasion étaient représentés par «l’écran d’argent» du cinéma. Son film a le goût amer de la nostalgie, avec quelque chose de paresseux. On eut aimé un style plus affirmé et peut-être une dimension tragique. Diffusion vendredi à minuit sur LBCI Lorsque Peter Sellers mourut, celui qui avait été l’interprète idéal de Blake Edwards n’avait plus tourné que de très mauvaises parodies, dont The Fiendish Plot of Dr Fu Manchu de Piers Haggard. S’il est un mauvais jeu de mots à faire, ce serait dire que le film nous laisse... hagards! C’est supposé être une comédie et Peter Sellers y a succombé à la tentation de jouer deux rôles, celui d’un inspecteur de Scotland Yard, Nayland Smith, et de son ennemi juré le diabolique Dr Fu Manchu. Du Dr Fu Manchu qui fut un «mythe» cinématographique à l’origine d’une longue série de films, il ne reste rien qu’un numéro de cabotinage avec un Peter Sellers outrageusement maquillé. Diffusion vendredi à 23h30 sur Future TV Les anges gardiens de Jean-Marie Poiré fut un gros succès commercial à son époque, sans doute à cause du fait de réunir Gérard Depardieu et Christian Clavier qui venait de triompher dans un autre succès populaire Les visiteurs. Aujourd’hui, on est moins indulgent quant au résultat et à son succès populaire... Antoine Carco, un ancien truand, est appelé de Hong Kong par un ami qui, avant de mourir, lui laisse son fils de 5 ans et quarante millions de dollars. Poursuivi par la mafia chinoise, Carco confie l’enfant et l’argent à un prêtre qui rentre à Paris. Là, il récupère le magot et abandonne le curé et le gamin. Mais, tourmenté par sa mauvaise conscience, Carco voit apparaître un ange. Le père Tarain, lui, est soumis à la tentation, par un diablotin cynique. Le principe du dédoublement poussé à son point limite et jusque dans l’absurde le plus débridé. Avec un début fracassant, digne d’un polar à la John Woo. Le reste est plus conventionnel dans ses aspects vaudevillesques. Diffusion dimanche à minuit sur LBCI Frenzy est l’avant-dernier film d’Alfred Hitchcock, qui a choisi de revenir dans l’Angleterre qui a vu ses débuts. San Francisco et Chicago laissent donc la place à un Londres sordide, malsain, dans lequel tout – et notamment le meurtre – peut arriver. Un innocent soupçonné à tort et traqué, un assassin particulièrement équivoque, des femmes promises à la mort... Tous les éléments sont en place, et le rythme narratif du film fait songer à celui de Strangers on a Train. La personnalité de l’assassin est vite révélée, comme si Hitchcock souhaitait s’intéresser plus aux divers protagonistes du drame qu’à la recherche de l’auteur des meurtres. Il en profite pour tisser des liens de plus en plus étroits entre les personnages, jouant tout à la fois sur l’humour, souvent macabre, et un réalisme social assez inhabituel dans ses derniers films. C’est dire que Frenzy se situe dans la lignée de Blackmail et de Murder, si typiquement britanniques. L’ultime réplique – éblouissante – tombe comme un couperet, et le fait que les acteurs d’Hitchcock soient beaucoup moins connus que ceux de ses films hollywoodiens donne à cette succession d’événements sanglants une vérité encore plus rigoureuse. Mieux que jamais, il laisse éclater le sens du suspense et des effets dramatiques du cinéaste, précipitant le spectateur dans un Londres inquiétant, repoussant et fascinant. Diffusion dimanche à minuit sur MTV
Une semaine faste, à marquer d’une pierre blanche, puisque la télé vous propose cette semaine trois chefs-d’œuvre : «The Chase» d’Arthur Penn avec Marlon Brando, Jane Fonda et Robert Redford, «Casino» de Martin Scorsese avec Robert De Niro et Sharon Stone et, enfin, l’avant-dernier film de Hitchcock «Frenzy». Que peut-on souhaiter de plus ? Sinon qu’il y aura aussi...
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