L’avionneur européen Airbus fait le plein de commandes depuis le début de l’année et continue de gagner des points sur Boeing dans le marché des avions géants grâce à l’A380, alors que son rival américain n’a pas encore réussi à séduire avec sa version allongée du 747. En l’espace d’une semaine, le constructeur européen a décroché des commandes pour une centaine d’avions, dont 70 dans le domaine du fret, provenant de trois groupes américains. Le 9 janvier, le transporteur United Parcel Services (UPS) signait pour 60 avions cargo A300-600, contrat estimé à 6 milliards de dollars. Mardi, le groupe de messagerie Federal Express commandait 10 A380, version fret. Mercredi, c’est au tour de Northwest Airlines. La quatrième compagnie américaine a passé commande de 24 biréacteurs gros porteurs A330-300 et levé des options sur 6 monocouloir A319, dans le cadre d’un vaste renouvellement de sa flotte qui s’enrichira aussi de 22 appareils Boeing (20 long-courriers B757-300 et 2 superjumbos B747). Northwest a décidé de maintenir une commande ferme de 16 A330 déjà annoncée, mais tout en se ménageant la possibilité de l’annuler par la suite, en tout ou en partie. La compagnie a en revanche supprimé une commande antérieure de B757-200. Pour Airbus, qui vient tout juste de troquer ses habits de consortium pour ceux d’une société de droit privée, l’année 2001 commence plutôt bien en comparaison de Boeing. Le géant de Seattle devrait cependant arriver en tête de son duel avec Airbus en 2000, avec un total de commandes fermes de 589 appareils, selon le site Internet de Boeing. Airbus n’a pas encore publié ses chiffres commerciaux de l’année écoulée, qui doivent être dévoilés à la fin du mois. Au-delà de cette bataille des chiffres, Boeing peine surtout à convaincre les compagnies d’opter pour son futur très gros porteur, une version allongée du B747, devant concurrencer l’oiseau géant d’Airbus, l’A380. Avec la commande de FedEx pour 10 exemplaires cargo (A380-800 F), livrables à partir de 2008, Airbus totalise désormais 60 commandes fermes pour son nouvel avion, le plus grand de l’aviation civile mais aussi le plus cher avec un coût de développement global de 10,7 milliards de dollars. «L’A380 pourra assurer des liaisons directes entre les principaux aéroports desservis par FedEx en Asie et en Europe et nos plaques tournantes aux Etats-Unis, avec près de deux fois la charge marchande du MD-11» de McDonnell Douglas (groupe Boeing), avait souligné le PDG de FedEx Corp, Frederick Smith, à l’annonce du contrat. La compagnie américaine Atlas Air a déjà affiché son intérêt pour le très gros porteur d’Airbus et négocierait l’achat de 15 appareils cargo, selon des sources industrielles. Les succès actuels de l’A380 d’Airbus, dont la mise en service est programmée pour 2006 en version passagers, mettent Boeing en situation inconfortable alors qu’il détient depuis trois décennies le monopole du segment lucratif des très gros porteurs. L’américain a déjà vu certains de ses clients traditionnels, Singapore Airlines et Qantas (Australie), préférer l’A380 à son 747 allongé. Et Airbus fait le forcing pour convaincre les compagnies japonaises d’acquérir son superjumbo à double pont, à commencer par la première d’entre elles, Japan Airlines (JAL), restée jusqu’à présent fidèle à Boeing mais dont la flotte de 747 est vieillissante. L’avionneur européen a annoncé mercredi la création d’une filiale nippone au printemps, avec l’objectif de prendre à terme 50 % du marché des nouvelles commandes. Airbus a par ailleurs en étude une variante de l’A380 spécialement conçue pour des vols à haute fréquence court-courriers, adaptée au marché japonais, dont le ciel est encombré et les aéroports saturés.