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« Les marchés regorgent de marchandises, les voitures neuves sont partout » - Saddam Hussein refuse de plier malgré l’embargo
le 16 janvier 2001 à 00h00
Le régime de Saddam Hussein, toujours en place dix ans après la guerre du Golfe, se targue d’avoir résisté à toutes les tentatives pour le faire plier, mais au prix de profondes souffrances pour le peuple irakien à cause des sanctions de l’Onu. «Dix ans après l’agression et en dépit de l’embargo, l’Irak est toujours fort sur les plans politique, économique et militaire», affirme le député Salem al-Qobeissi, chef de la commission des Affaires internationales au Parlement. Il souligne que l’Irak n’avait pas dévié de sa ligne politique «en dépit des changements intervenus dans la région et dans le monde ces dix dernières années». Une coalition multinationale conduite par les États-Unis avait lancé le 17 janvier 1991 l’opération «Tempête du désert» pour libérer le Koweït, occupé depuis le 2 août 1990 par l’armée irakienne. Les troupes de Bagdad sont défaites et le Koweït est libéré le 26 février 1991. L’Irak, frappé d’un embargo multiforme au lendemain de l’invasion, accepte toutes les résolutions de l’Onu. De nombreux Irakiens estiment que leur résistance à l’embargo, responsable selon les autorités de la mort de plus d’un million d’Irakiens, en majorité des enfants, a commencé à porter ses fruits. L’embargo aérien s’est effrité avec la multiplication des vols sur Bagdad et plusieurs pays ont commencé à renforcer leurs relations, notamment économiques, avec l’Irak. Un certain assouplissement à l’égard de l’Irak est même perceptible parmi les pays du Golfe, conscients de l’hostilité croissante de leur opinion publique au maintien des sanctions. La secrétaire d’État américaine sortant Madeleine Albright a même estimé le 9 janvier qu’il serait difficile à son successeur, le général Colin Powell, d’obtenir un renforcement des sanctions contre le régime irakien. «L’Administration américaine doit réviser sa position et traiter sur d’autres bases avec l’Irak qui restera un acteur clé dans la région», estime M. Qobeissi. « Dialogue global » Pour M. Saad Qassem Hammoudi, membre du parti Baas au pouvoir, «la résistance du peuple irakien face à l’embargo a fait mentir toutes les prédictions d’un effacement de l’Irak». «C’est le contraire qui s’est produit, au lieu de servir de leçon à ceux qui oseraient défier l’hégémonie américaine, la résistance des Irakiens est devenue un modèle pour les autres peuples», affirme-t-il. Revigoré par un contexte régional favorable en raison de l’hostilité grandissante à l’égard des États-Unis, accusé de s’aligner sur Israël et fermer les yeux sur sa répression sanglante de l’Intifada palestinienne, Saddam Hussein a organisé le 31 décembre un imposant défilé militaire à Bagdad, le premier de cette ampleur depuis la guerre. «Nous avons assisté à un grand défilé militaire soigneusement organisé et qui ne trahit pas que l’Irak est soumis depuis dix ans à un embargo», commente un diplomate occidental à Bagdad. «Il faut dire que la situation a totalement changé ces deux dernières années, les marchés regorgent de marchandises, des voitures neuves sont visibles partout et l’embargo aérien s’est pratiquement effondré», ajoute-il. Mais les relations entre l’Onu et l’Irak, qui refuse d’autoriser le retour des inspecteurs en désarmement depuis leur départ en décembre 1998, restent dans l’impasse. Un «dialogue global» est prévu entre les deux parties en février à New York, mais Bagdad a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne fondait pas d’espoir sur ce dialogue «en raison de l’hégémonie qu’exerce l’Administration américaine sur le Conseil de sécurité».
Le régime de Saddam Hussein, toujours en place dix ans après la guerre du Golfe, se targue d’avoir résisté à toutes les tentatives pour le faire plier, mais au prix de profondes souffrances pour le peuple irakien à cause des sanctions de l’Onu. «Dix ans après l’agression et en dépit de l’embargo, l’Irak est toujours fort sur les plans politique, économique et militaire»,...
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